THE PRETTY LIES

2 - Bière-pong maudit

Trix m'a fait faire le tour de l'université pendant plus de trois heures, et bien que je sois sportive, mes jambes menacent de me lâcher à tout moment. Elle le remarque et son sourire s'agrandit. Durant ses trois heures, j'ai eu l'opportunité d'en apprendre plus sur elle. Elle fait partie d'une famille dont elle est la seule fille. Elle a deux grands frères qu'elle prend un malin plaisir à torturer, selon ses dires. Sa mère est décédée dans un accident de voiture quand elle avait à peine trois ans, et son père a dû jouer les deux rôles. Elle leur porte beaucoup d'amour. J'aimerais pouvoir en dire autant. J'ai évité le sujet famille mais il est très difficile de détourner ses questions, même si elle a fini par lâcher l'affaire.

Pourtant, il suffirait qu'elle lise mon dossier pour trouver mon nom de famille. Il a été en gros plan un peu partout à la télévision et sur la presse écrite durant de nombreuses semaines après la disparition de Jane. Il serait très facile pour une personne un peu curieuse de dégoter toutes les informations nécessaires pour élucider le mystère qu'est ma vie. Je souffle, et ma colocataire me toise. Elle n'est pas dupe, et doit se douter que les interactions sociales me demandent un effort considérable. Je me racle la gorge, et me rapproche d'elle.

- Merci pour la visite - Dis-je, timidement. Je vais retourner à la chambre, j'ai besoin de me reposer.

- OK coloc - Répond-elle. Mais n'oublie pas de recharger tes batteries, ce soir nous sortons.

Elle se retourne et commence à partir avant même que je ne lui réponde. Je pousse quelques jurons, avant de m'aventurer vers l'aile des dortoirs. Malgré moi, je n'ai pas dû être assez attentive et me retrouve complétement perdue à peine cinq minutes après son départ. Je m'assieds sur un banc, en tentant de me souvenir dans quelle direction peuvent bien se trouver les chambres. Je prends ma tête dans mes mains, et râle. Après seulement quelques heures de sommeil en haut de la colline, mes nerfs sont à fleur de peau. Le visage de ma mère apparaît brutalement dans mon cerveau, et elle me crie toujours les mêmes choses. « Pourquoi est-ce que tu te drogues » « Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que tu compliques tout » « Pourquoi est-ce que tu n'es pas comme Jane, tu nous rends dingues ton père et moi ».

Elle n'a jamais su tisser un lien entre nous, ça a toujours été très platonique. Elle ne m'a jamais estimé, et les conneries que j'ai pu faire n'ont rien arrangé dans notre guerre mère-fille. Je me retiens de briser le banc sur lequel je suis assise, et me relève d'un bond. Je heurte un mur, et me vautre sur le sol. Ma main s'ouvre légèrement sur la paume à l'impact. Avec les nombreuses chutes que j'ai faites à moto, j'ai appris à retomber correctement. Mais cette fois-ci, une minuscule chute m'arrache la peau. Je me relève, avant de voir une tignasse blonde se dresser devant moi.

- Merde je suis désolé ! - S'excuse-t-il.

- Ça va, je n'ai rien - Réponds-je sèchement.

Je le contourne et commence à me diriger je ne sais pas où, avant qu'une main n'agrippe mon bras.

- Attends une minute, tu ne serais pas Raphaëlle ?

- Lâche mon bras avant que je ne brise le tien - Le préviens-je.

- OK, alors c'est bien toi - Rigole-t-il. Trix m'a parlé de toi, et de ta gentillesse.

Je hausse un sourcil, perdue.

- Je m'appelle Kyle, je suis son grand frère - M'informe-t-il, dans un sourire chaleureux.

- Inutile que je me présente, étant donné que tu me connais déjà. Est-ce que tu pourrais m'indiquer où sont les chambres ?

Il hoche la tête, et commence à marcher en direction d'un bâtiment rouge. Je le suis sans un mot, et après quelques bonnes centaines d'escaliers, nous arrivons enfin devant la porte. Je me souviens avoir pris des ascenseurs en montant avec ma mère, ce con a décidé de m'enlever le peu de force qu'il me reste.