XIX- Madre Island

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Mardi 6 janvierPadre Island27°26'19

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Mardi 6 janvier
Padre Island
27°26'19.9"N 97°18'14.8"W

Je suis réveillée au zénith par la lumière qui s'infiltre par les fenêtres. La quarantaine doit être finie depuis quelques temps: les ajours au niveau de la ligne de flottaison ne sont plus occultés par les rideaux de fer qui nous protégeaient jusque là de l'extérieur.

Je respire un grand coup, m'étends dans le lit que j'ai eu pour moi toute seule cette nuit, et frissonne. Il fait froid. Je m'habille rapidement et sors de la cabine. La porte vers l'extérieur est ouverte. Ils sont tous les trois sur le pont.

—Salut Mu, bien dormi ? demande Penelope d'un air faussement concerné pour s'excuser des atrocités qu'elle a dites à mon sujet hier.

Elle, je ne lui en veux pas, même si la jalousie ne la mènera nulle part. Je comprends qu'elle veuille garder son "prince charmant" pour elle toute seule. Non, celui que j'ai envie de faire couler dans les caraïbes, c'est son frère qui a réussi l'exploit de larguer une femme avec qui il n'est même pas en couple pour de vrai.

Même quand c'est pour de faux, il arrive à me briser le cœur, décernez lui une médaille.

—Bonjour Penelope.

—Tu veux un café ? continue elle.

—Oui je veux b...

—Pas le temps, persifle Jason, on t'a laissé dormir assez longtemps. Maintenant on doit accoster.

Je n'avais pas remarqué que nous avions retrouvé la côte. Un banc de sable de plusieurs centaines de kilomètres disparaît dans la brume hivernale à bâbord. Même en ce mois de janvier, la météo reste correcte, la différence de température entre la mer et le continent produit quand même un épais brouillard qui empêche d'apprécier le paysage dunaire sur le rivage.

—C'est gentil de vouloir faire vite chaton, répliqué-je acerbe, mais je vais déjeuner avant.

Il grommèle mais ne dit rien. Edel quant à lui est à l'autre bout du voilier, ostracisé par Penelope qui le toise avec méchanceté dès qu'il essaye de s'approcher.

Et Jason ne voit pas ça...

Je me sers dans le plat d'œuf brouillé, vais me réchauffer une tasse de café et m'empiffre de gâteau sec tout droit sorti des réserves du bateau.

Il me dévisage sans feindre la patience, chacune de mes bouchées empire son humeur déjà à rude épreuve. Je m'en moque pas mal. Si je peux retarder le moment où je trahirais une fois de plus ma famille aujourd'hui, ses sautes d'humeurs ne sont rien d'autre qu'un petit inconvénient.

—Tu sais si on croisera quelqu'un aujourd'hui ? demande-t-il finalement pour ménager son impatience.

Mon cœur se serre, je déglutis ma bouchée d'œufs brouillés qui passe mal dans ma gorge.

Fated to hate (T.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant