La légende rapporte que gardée par un dragon, une toison faite d'or reposait sur les terres lointaines derrière la mer.
Elle dit que la princesse de ce royaume perdu était une magicienne et qu'elle tomba un jour amoureuse de l'homme venu voler le t...
TW: torture, si vous êtes dérangé.e.s par l'extrait, allez à la fin du chapitre.
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38°58'55.4"N 76°29'12.3"W Vendredi 19 décembre Nouvelle Orléans.
Je perds sans doute mes dernières chances de réussir mon année universitaire, mais c'est comme si ma vue était floutée par un voile qui m'empêche de voir la bonne route à suivre. Un voile qui a le pouvoir de me dire que peu importe : je suis née de toute façon pour ne me fixer nulle part et échouer tout ce que j'entreprends n'est que la suite logique de mon existence.
Peu importe toutes mes bonnes résolutions, elles sont vouées à l'échec, j'aurais dû en avoir conscience plus tôt. Ça m'aurait évité de penser que les quitter résoudrait tous mes problèmes, dont ils étaient en fait la solution.
J'ai abandonné ma famille dans l'espoir de me retrouver, de comprendre exactement qui j'étais hors de la tornade de notre vie de fugitifs ; mais je me suis perdue d'avantage, et ils ne sont plus là pour m'aider. Je suis la fugitive de ma propre vie. Je ne fais que me cacher.
Cacher les taches de dépigmentation qui me trahissent tous les jours en voulant dire au monde qui je suis vraiment, une pauvre fille avec un vitiligo segmentaire.
Cacher mon identité depuis que les yakuzas ont décidé de s'en prendre à ma famille.
Cacher mon existence civile depuis la naissance parce que mes parents ont voulu avoir un autre enfant dans un pays qui n'autorisait à l'époque à n'en avoir qu'un.
Et pour ne rien arranger, je me sens sale depuis que je me suis réveillée dans cette chambre d'hôtel ce matin. Sale de vouloir plus des gens que ce qu'ils m'offrent. De demander l'attention à un mec qui ne veut pas de moi de cette manière.
Alors quand un autre me demande si je veux aller chez lui, je refuse et quitte le bar dans lequel je me perds dans les liqueurs depuis trois heures.
Je longe les bâtiments en observant la nature se déchainer sur la ville, j'accélère le rythme pour retrouver la seule chose fixe de mon existence : mon appart.
Les rues s'assombrissent vite quand je quitte les quartiers fréquentés. Toute la ville est décorée pour Noël. Cette période ressemble pour moi plus à un bal de fantômes qu'à une période de partage. Ma famille est quelque part dans le territoire américain mais je n'ai aucun moyen de les contacter depuis près de quatre ans.
Les fantômes frigides sont la seule chose qui m'accompagne encore. Je sens particulièrement leur présence en hiver, quand la chaleur de la Louisiane ne réussit plus à les éloigner.
On se sent moins seul avec des spectres de souvenirs mais malgré tout ils réussissent à me donner des frayeurs quelques fois : à trop imaginer que mes proches m'accompagnent dans tout ce que je pourrais entreprendre, j'ai l'impression de ne pas être toute seule.