La légende rapporte que gardée par un dragon, une toison faite d'or reposait sur les terres lointaines derrière la mer.
Elle dit que la princesse de ce royaume perdu était une magicienne et qu'elle tomba un jour amoureuse de l'homme venu voler le t...
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23°08'02.8"N 82°21'21.4"W Centre ville de La Havane, Cuba Dimanche 1 mars
La douceur de la brise sur ma peau devrait apaiser mon esprit encore en vrac. Le calme retrouvé après le déménagement aurait dû libérer ma bonne humeur encore séquestrée dans les hangars de Miami. Mais il n'en n'est rien, je n'arrive pas à passer à autre chose: j'ai perdu du poids, je me réveille tous les matins avec la mort au ventre et je ne parviens pas à réfléchir sans que tous les crimes de ma famille, les rancoeurs de leur silence et l'amertume de leur mensonge ne me grille les neurones.
Jason est une bien faible consolation ces derniers temps. Même si je sais que c'est provisoire, qu'il aura bientôt repris en main le traffic abandonné par Basil, je lui en veut de tous nous délaisser pour son réseau. Toute sa famille fait le deuil de Iker qui ne se réveille pas et lui... il vend de la drogue. Je sais qu'il n'a pas le choix, qu'il le fait pour qu'on n'ait à se soucier de rien d'autre mais comme tout le reste ces derniers temps, ça accentue ma mauvaise humeur.
Un autre souffle secoue mes cheveux. Ma belle mère s'assoit sur le transat à côté du mien. Elle regarde d'un oeil distrait la rue du quartier historique du haut de notre terasse et se replonge dans la lecture de son livre. Son apaisement m'est bien inconnu , mon cerveau fulmine. Les coups de soleil en plein mois de mars ne sont rien à côté de l'anomalie qui se dévoile à mes yeux quand je replonge dans mes calculs.
Oui, j'ai beau refaire les comptes, l'évidence me tort le bide: j'ai plus d'un mois et demi d'aménorrhée. Le post-it sur lequel j'ai griffonné les dates supposées de mes prochaines règles me rit au nez.
Nous sommes arrivés il y a deux semaines à la Havane, elles auraient dû faire le voyage avec moi mais elles doivent encore être quelque part sur le territoire américain. J'ai toujours eu des règles irrégulières, espacée soit de deux semaines, soit d'un mois et demi, mais même en prenant ça en compte, ça fait trop.
Peut être que j'ai perdu trop de poids et quelles se sont stoppées ?
Ou peut être...
Je sors un joint de ma poche, mon seul moyen de décompresser. Il y a de très petites chances que ce soit ça. La seule fois où j'ai couché avec Jason sans contraception, c'était à Baltimore et je n'étais pas dans ma bonne période, enfin selon les mêmes calculs qui me disent que mes règles auraient dû venir il y a deux semaines. Je ne sais pas quoi croire, alors je laisse le THC décider à ma place. J'allume mon spliff mais la cubaine me le prend des mains et s'en tire une taffe.
Elle a posé son livre, éloigne la fumée de moi et m'empêche de reprendre la tige.
—C'est pas bon pour ce que t'as.
Elle a sûrement raison, mais puisque Jason n'est jamais là, je dois calmer mes nerfs avec autre chose que ses yeux pleins d'étoiles.
