le Magisteril et les anneaux de feu

CHAPITRE 16 : T.Greenwood

« Oh et si tu es perdue, demande à voir Tina de ma part, elle veillera sur toi. » m'avait dit Amanda.

Je me demandais à quoi Tina pouvait ressembler. Tout ce que je savais, c'était qu'elle était une adulte, travaillant au sein de l'institut. Quel était son lien avec Amanda ?

Alors que nous avançions dans les couloirs de l'institut, une liste de questions se formait dans mon esprit, toutes plus pressantes les unes que les autres. Kyliane tourna à gauche, et je la suivis machinalement, reconnaissant l'endroit. C'était la première pièce dans laquelle j'avais atterrit en arrivant à l'institut : l'infirmerie. Merci Ben.

Nous pénétrâmes dans la pièce, Maude à mes côtés et Kyliane en tête. Je me laissai porter par le mouvement, observant distraitement l'architecture autour de moi. Soudain, Kyliane s'arrêta brusquement. Ne pouvant m'arrêter à temps, je lui fonçai dedans, la faisant basculer en avant.

Mon amie atterrit sur un lit d'hôpital, occupé par une femme d'une trentaine d'années. La patiente était assise en tailleur sur le lit, un énorme bandage autour du ventre.

- Eh bien, ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais les présentations, rigola Kyliane, en se redressant. Mais bon... Eden, je te présente ma mentor, Tina. Tina – Eden, fit-elle en me désignant d'un geste de la main, la fameuse patiente.

Ses yeux noir cendre examinaient minutieusement mon visage en silence. Je fis de même. 

La femme avait des cheveux d'un noir aussi sombre que ses yeux d'ébènes, taillés en coupe garçon, ce qui lui allait à merveille. De nombreux anneaux couvraient le cartilage de ses oreilles - oreilles pointus comme celle d'un elfe. Sous ses yeux, des cernes sombres trahissaient une fatigue manifeste. Plusieurs compresses pansaient son visage égratigné, mais ça ne semblait pas la déranger. Même l'énorme bande autour de son ventre ne semblait pas l'importuner. Elle jouait avec sa chevalière en la caressant du pouce, et esquissa un sourire en semblant avoir fini de me scruter.

- Ma jolie, j'ai tellement entendue parler de toi, souffla-t-elle. Elle avait une voix grave et apaisante.

Un frisson me parcourut. Elle me connaissait déjà. Amanda lui avait-elle parlé de moi ? Et si oui, pourquoi ?

Ma bouche s'assécha alors que je cherchais mes mots, sans réussir à les trouver.

- On va vous laisser entre vous... souffla Maude, en faisant un signe discret à Kyliane pour qu'elle la suive.

Nous nous retrouvâmes que toutes les deux. La jeune femme m'invita à m'assoir face à elle, je m'installai donc en tailleur sur le lit, intimidée. Aucune de nous deux parlaient, seul le bruit de ma chaîne avec laquelle je jouais résonnait dans la pièce. Il y avait trois autres patients dans l'infirmerie, mais ils semblaient tous dormir profondément.

- Tu ressembles tellement à Tess, souffla-t-elle.

Un sourire triste se dessina sur ses lèvres, un sourire que je connaissais trop bien. Ce sourire tremblant, celui qui cache la douleur d'un deuil impossible à effacer.

Un frisson parcourut ma colonne vertébrale à l'évocation du nom de ma mère, et l'émotion me serra la gorge. Après un moment d'hésitation, je parvins à articuler :

- Comment connaissiez-vous ma mère ? 

Ma voix s'étrangla à la fin de ma phrase, mes émotions se mêlant tumultueusement.

Tina laissa échapper un petit soupir avant de répondre, sa voix calme mais lourde de souvenirs.

- Nous étions très bonne amie.