Je le redécouvrais alors que je l'écoutais parler, les yeux rivés au ciel. Il était de retour. Le Aloïs vulnérable, qui s'autorisait à ne pas être parfait. Celui qui se laissait attendrir et riait aux éclats, sans se poser de barrières.
Même si je ne devrais pas. Même si les avertissements de mon entourage à son égard me revenaient à l'esprit, et que ses sauts d'humeur m'impactaient plus qu'il ne le devraient, je l'écoutais attentivement parler de son passé et de ses souvenirs d'enfances, un sentiment particulier à la poitrine :
Une envie de passer chaque secondes à ses cotés, la peur au ventre à l'idée que la suivante puisse être la dernière. Une envie de le découvrir davantage, de le connaitre par cœur. Une envie de l'écouter parler pendant des heures, d'être là pour lui, à ses cotés, à chaque instant. Qu'il se confie comme il le faisait maintenant avec moi.
J'ignorais comment ce voile d'intimité s'était immiscé entre nous. Ce soir, nous nous mettions à nu l'un à l'autre, comme ci nous l'avions toujours fait. Et je voulais que cet instant s'éternise.
Il m'avait parlé de l'emprise de son père, la soumission de sa mère, la peur de ses sœurs, ses doutes permanents. Tout ce qu'il souhait était d'être libre. Avoir grandi sans figure parentale, pourrait pour certains sembler être la définition même de "la liberté" : sans restriction, ni sanction. Ca avait pourtant été pour lui son fardeau. Je trouvais ça atroce d'ôter l'enfance d'un gamin pour le faire plonger tête la première dans le monde des adultes, qui rime souvent avec "responsabilités" et "devoirs". Le faire agir comme tel, sans lui laissé une marge d'expression, de choix, de liberté. Il avait sacrifié sa jeunesse, sa naïveté et son innocence - considéré comme de la fragilité par son père - afin de préserver ses sœurs et leurs âmes d'enfants.
Un silence s'immisça une nouvelle fois, un volatile passant au dessus de nos têtes.
- Tu sais quel animal te correspondrait parfaitement ? lui demandai-je soudainement en suivant du regard le trajet de l'animal.
- Hum je sais pas, songea-t-il, pris au dépourvue. Un knucker ?
C'était une race de dragon à l'allure imposante.
- Oula non, plus petit, m'empressai-je de répondre.
Le blond se redressa, pris au jeu.
- Un phénix ? proposa une nouvelle fois le concerné.
- Mhm, plus mignon, lui indiquai-je.
- Mais c'est adorable un phénix ! se justifia-t-il.
Je grimaçai en le toisant du regard.
- On parle d'un piaf-chalumeau qui incendie tout sur son passage !
- C'est une Mage de Feu qui dit ça ? La plus maladroite que je connaisse soit dit en passant !
Je lui assenai un coup de coude entre les cotes, ce qui lui extirpa un éclat de rire. Le petit volatile se posa finalement sur mon doigt alors que la douce mélodie de son rire teintait dans mon esprit.
- Tu me fais penser à un papillon, soufflai-je enfin, en admirant le petit insecte sur mon index.
- Sérieusement ? pouffa-t-il. Très marrant Watson. Tu ressembles drôlement à une mouche toi.
- Non j'suis sérieuse ! répliquai-je.
- Moi aussi ! Peut-être plus un bourdon au final.
Je roulai des yeux, amusée par sa réaction, et lui expliqua.
- Le papillon représente la liberté. Le renouveau. L'évolution de l'âme à travers sa transformation.
- Bah voyons. Tu t'ennuies vraiment quand t'es seul - T'as trouvé ça sur internet ?
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le Magisteril et les anneaux de feu
FantasyEden Watson est une adolescente de 16 ans, rongée par la soif de venger la mort de l'être qui lui était le plus cher, décédé il y a tout juste 2 ans. Après des rencontres inattendues, sa vie va être bouleversée. Coup de chance, coup de put*, coup d...