le Magisteril et les anneaux de feu

CHAPITRE 3 : l'instinct

Règle numéro 2 : quand un dilemme qui oppose le cœur et la raison s'offre à vous, choisissez toujours la troisième option : L'instinct. 

                                                  - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Cela faisait dix minutes que son petit jeu avait commencé. 

J'avais réussi à me cacher derrière la statue du lion en rampant à quatre pattes, néanmoins ce n'était qu'une question de minutes avant qu'il ne me repère. 

L'effet anesthésiant s'estompait, me permettant de retrouver ma mobilité. Ma chaleur corporelle quant à elle ne me faisait plus mal, mais le rouge écarlate de mes mains attestait l'existence de cette brulure soudaine et éphémère. Mon souffle reprenait un rythme régulier, bien qu'en désaccord avec mon pouls, qui menaçait d'exploser. 

Ryan, amusé, comptait chaque seconde, en marmonnant des provocations du genre « je vais te trouver, petite coquine », ou encore « attention ma jolie, le grand méchant loup va te manger tout cru ».

 Il avait littéralement perdu la tête. Il allait me trouver, d'ici quelques instants, c'était inévitable. J'enleva ma bottine, la main tremblante. C'était ma seule arme. Sa voix se rapprochait de plus en plus.

- Eden veut dire paradis, gloussa-t-il. Tu es mon petit ange alors.

Cette provocation me crispa.

 Seule ma mère m'appelait comme ça. 

D'un mouvement irréfléchi, je me leva pour la première fois depuis le début du combat et lança ma chaussure en direction du psychopathe. Celui-ci la reçu en pleine face, ce qui me décocha un sourire victorieux... mais de courte durée.

L'euphorie ne dura qu'une demi seconde, avant que je ne regrette mon geste, face à la tête enragée de Ryan. Il ne rigolait plus. On m'avait toujours dis que mon impulsivité allait finir par me tuer. Je comprenais à présent mieux ces propos. Debout face à lui, seule la statue nous séparait. Obstacle qui n'avait pas l'air de le déranger.

- Trouvé. souffla-t-il

Et voilà. C'est fini. Me dis-je, en fermant les yeux.

 Mes souvenirs se mirent à défiler dans ma tête. Cliché? Retrouvez-vous seule, le soir face à un type qui vole dans les air et menace de vous tuer en arborant un sourire de psychopathe- et on en reparlera. Je commençais même à me dire qu'Amanda allait peut-être un peu me manquer. Quand soudain.

Rien ?

J'ouvris mes yeux, Ryan flottait dans les airs, essayant de parler, mais sans succès.

- Qu'est-ce que.

C'est en me relevant que je remarqua la silhouette d'une fille, dos à moi, les mains tendues vers le fou-allié.

Elle était debout sur la dalle, devant avoir mon âge. De dos, je distingua son uniforme : elle portait un tailleur bleu marine, et une jupe a carreau violette, ses long cheveux brun ondulaient dans le vent. La grande brune se plia alors en deux, crachant du sang. Elle semblait sacrément blessée.

Je la vis basculer en arrière et sans réfléchir, j'escalada la dalle et amortis la chute de la fille. Elle paraissait épuisée. La respiration rapide, elle ouvrit ses yeux et planta ses pupilles dans les miennes. 

Elle avait des iris grises, perçantes, presque aussi glaciale que celles de Ryan. Elle avait un joli nez grec parsemé de tache de rousseur. Je n'eus pas le temps de la scruter davantage car je la sentis me tirer par le bras.