CHAPITRE 34 : Retour à zéro

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Je me racla la gorge, malaisée de la situation. Les deux garçons semblaient happés dans leur duel de regard ridicule, pleins de testostérone.

- Tu veux quoi Anderson ? finis-je par demander, me rappelant soudain de sa venue en premier lieu pour me voir.

Le blond fronça des sourcils, comme déstabilisé et décrocha son regard du brun pour plonger ses iris bleu azur dans les miennes. Comme dans un moment de faiblesse, il laissa transparaitre toutes ses émotions. Je pus lire au fond de ses pupilles un amas de forts sentiments. De la déception, de la colère, du désarroi, de l'inquiétude, du dégout, de la contrariété et de nombreuses autres facettes que j'aurais aimé explorer et étudier davantage s'il n'avait pas de sitôt remasquer son voile imperturbable de je-m'en-foutiste.

- Je voulais te prévenir qu'on était appelé pour faire notre sanction. Corvée de nettoyage, précisa-t-il. 

Oh. Voilà la sanction qui lui avait donc été attribué après sa bagarre avec Solal. 

A contre cœur, je quitta Ben, lui promettant toute fois de se retrouver plus tard au réfectoire. D'ici là, je comptais faire le tri dans ma tête, et savoir ce que je ressentais à son égard.  

Nous marchâmes silencieusement jusqu'à la salle de bal de l'institut, là où avait lieu notre sanction du jour. 

J'étais remontée contre blond. Dix minutes plus tôt, je l'avais aperçu glousser dans les couloirs avec Lara. Et maintenant que c'était à mon tour de "m'amuser", il osait s'interférer, et y éprouver du désaccord. Même si son regard mécontent fut bref, il ne m'était pas passer inaperçu. S'il y avait bien une chose que je détestais : c'était qu'on me dicte quoi faire, et pire encore : qu'on me prenne pour acquise.

Qui pensait-il que j'étais ? Un objet ? Ou bien son objet ?

Me faisais-je peut-être des films, et avais-je peut-être juste mal interprété son regard. Il se pouvait qu'il en ai strictement rien à faire de moi.

L'option de l'abruti possessif qui retournait sa veste me sembla néanmoins plus plausible, et surtout, moins dure à encaisser.

Etais-ce peut-être moi la faible qui avait « peur de souffrir » après tout ?

Nous finîmes par arriver à destination, où nous attendaient deux satyres, qui nous tendirent de quoi nettoyer la salle, avant de quitter les lieux. 

 Le lieu était immense, environ le double du réfectoire. Les murs étaient d'un blanc éclatant, et le sol d'un marbre brillant. Je soupçonna la proviseur de nous faire nettoyer la salle par pure sadisme en sachant qu'elle était immense, le lieu n'ayant en rien besoin d'être décrassé : il était impeccable. D'immenses lustres décoraient le plafond, tandis que des baies vitrés donnant accès aux jardins de l'école étaient postées à l'entrée. 

Je me mis au travail, balayant la pièce, plus pour la forme qu'autre chose. C'était également un prétexte pour ne pas avoir à parler au blond, contre qui j'étais encore sacrément remontée. C'était égoïste, mais j'en voulu à Solal d'être auprès de sa mamie, me piégeant seule avec le Mage d'eau, qui s'était confortablement installé dans un fauteuil, en me regardant balayer la salle du regard. 

- Arrête d'être nerveuse Watson, je sens ton onde de malaise jusqu'ici c'est désagréable, finit par dire Aloïs après un long silence. 

- Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorquais-je en continuant à balayer dans le vide.

- De nous deux, ce devrait pourtant être à moi d'être malaisé. J'ai du vous déranger tout à l'heure, poursuivit le blond d'une voix tendu. 

- A ton avis abruti, crachais-je.

le Magisteril et les anneaux de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant