Chapitre 23 : Plus on est de fous, plus on rit...

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— Keyra ?!

Les deux amis se retournèrent. Une jeune femme tenant un bébé dans les bras s'avança vers eux. Keyra fronça les sourcils, essayant de se rappeler l'endroit où elle avait aperçu ce visage familier. Lorsque son regard se porta sur la fillette qu'elle avait en main, un éclair de lucidité la frappa. C'était la femme de l'incendie. Le sourire sur le visage, Keyra voulu partir à leur rencontre, mais des bras la retinrent sur place. Finalement, la jeune mère arriva à leur niveau.

— Je ne me suis pas trompée. C'est bien vous, s'exclama la mère de l'enfant. Dieu soit loué ! Je vous revois enfin. J'ai eu tellement peur que quelque chose vous soit arrivé.

— Je n'aurai rien laissé lui arriver, répliqua Hermann sur un ton sévère.

— Oui c'est vrai, répondit la dame en forçant un sourire.

Voyant l'effet que produisait son nouvel ami sur la jeune femme, Keyra tenta de calmer le jeu. Elle repéra un kiosque a proximité.

— Ça vous dit un café ? On ferait mieux de s'asseoir pour parler, au lieu de rester debout ici. On risque de gêner le passage aussi.

La jeune dame acquiesça. Sa main tenant toujours celle de Keyra, Hermann se dirigea vers le kiosque qu'elle avait désigné. Ils prirent place autour d'une table et commandèrent quelques boissons.

— Je n'ai pas eu le temps de vous remercier la dernière fois, à cause de... de ce qui s'est passé. J'ai essayé de vous retrouver afin de savoir comment vous alliez, mais personne n'a pu me renseigner.

— Ah ! Ne vous en faites pas, je vais bien...

— ... Et ce n'est pas grâce à vous ! compléta Hermann sans laisser le temps à son amie de terminer sa phrase.

Il lui en voulait pour ce qui s'était passé. S'il n'avait pas été là, les conséquences auraient été plus dramatiques. Non seulement Keyra, mais aussi le bébé auraient été dans une situation critique. Et ce n'était sûrement pas la vitesse de tortue du voisinage qui allait aider à quoi que ce soit. La jeune mère se confondit en excuses, la voix pleine de remords. Keyra adressa un regard réprobateur au dirigeant de l'agence. Mais ce dernier resta impassible.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? poursuivit-il, imperturbable.

— Eh bien... Je... J'ai... balbutia-t-elle. À vrai dire, c'était de ma faute, finit-elle par avouer.

Elle leur jeta un coup d'œil afin d'examiner leurs réactions. Une forte surprise était lisible sur le visage de la dame qui avait sauvé la vie de sa fille, tandis que celui de son sauveur demeurait insondable. Il avait l'air effrayant. Prenant son courage à deux mains, elle leur expliqua finalement ce qui s'était passé.

— Je devais me rendre au marché et comme elle dormait, j'ai demandé à ma voisine de venir veiller sur elle. J'ai oublié de fermer la bouteille de gaz et je suis partie. Quand je suis revenue, j'ai vu que ma maison était en feu. J'ai essayé de rentrer, mais ils m'ont empêché. C'est là que vous êtes arrivés...

Ses yeux s'embuèrent, mais elle papillonna des cils afin de libérer discrètement les gouttes d'eau qui menaçaient de sortir de ses yeux.

— Où était votre voisine si vous lui avez demandé de surveiller la petite ? questionna Hermann.

—  Quand je lui ai demandé plus tard, elle m'a confié qu'elle s'est rendue dans la cuisine avec son smartphone pour se rafraîchir. Une autre voisine l'a appelé et elles sont sorties discuter, pour ne pas réveiller ma fille, apparemment. C'est de là que le feu est parti.

— Toute une bande d'écervelées ! s'exclama monsieur Mensah, hors de lui. Il n'y en a pas une pour rattraper l'autre. À cause de votre négligence, elles ont toutes les deux failli perdre la vie !

La Promesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant