Chapitre 3

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Comme à son habitude, Mademoiselle Bustier aimait commencer sa classe en faisant dire à ses élèves de beaux compliments envers leurs camarades.

L'attention du jour fut d'autant plus particulière lorsque Marinette et Adrien se retrouvèrent face-à-face.

En réalité, même la relation que Chloé et Marinette entretenaient était mieux arrangée encore que celle avec le mannequin. Quelle misère. Jamais elle n'aurait d'ailleurs cru ça possible vu l'horreur qu'elle avait vécu durant toute sa scolarité avec la fille du maire. Cette année était pire encore de son point de vue, et heureusement qu'elle avait Alya, qui avait fait cesser tout le harcèlement que la jeune styliste débutante subissait depuis déjà trop longtemps. Mais c'était pire parce que la présence d'Adrien, le meilleur ami de Chloé, rendait cette fille encore plus détestable et ça en devenait parfois invivable. Si le jeune garçon n'avait jamais rien fait d'autre que de coller un chewing-gum à sa place, il était clair qu'il chuchotait parfois la concernant, et ça, Marinette ne le supportait pas. Dire que ses deux amis, Nino et Alya, le trouvaient tous deux absolument charmant... En réalité, de toute la classe, elle était la seule à avoir des soucis avec lui. Cela voulait-il dire qu'elle était le problème ?

- Tu es bien coiffée, inventa Adrien sans trop savoir quoi dire d'autre.

Mademoiselle Bustier hocha la tête avec un sourire encourageant, puis l'adressa à la jeune fille, qui réfléchit rapidement à ses mots.

- Et toi, tu es... Blond, déclara au hasard Marinette.
- Bien vu, lâcha tout bas le jeune garçon en levant les yeux au ciel, exaspéré.
- C'est une constatation, articula gentiment la professeure en posant sa main sur l'épaule de Marinette, la poussant à trouver quelque chose.

Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire ? Elle aurait pu mentir, mais Marinette ne supportait pas ça. D'ailleurs, elle était bien une piètre menteuse, et loin d'elle l'envie qu'il se moque. Rah... Qu'y avait-il de bien, chez lui ? Adrien était, à son grand désarroi, beau, vraiment beau. Mais elle ne pouvait décidément pas le lui dire, c'était contraire à toutes ses convictions. Quoi d'autre ? Le regard de l'adolescente se baissa sur ses vêtements. Bof, il était habillé comme tous les jours, rien de nouveau. Mmh... Ses yeux se perdirent sur la chevalière au doigt du garçon. Bah, un bijou, rien de spécial. Pourtant, un point positif frappa directement l'apprentie styliste. Elle resta fixée sur ce point, l'air envieuse, et finit par souffler sans même s'en rendre compte.

- J'adore tes mains.

Adrien fronça les sourcils et baissa lui-même les yeux sur ses mains. Ah oui ? Ça n'était pourtant que des mains, rien de bien spécial.

- Pourquoi ? s'enquit-il sans une once de venin, seulement curieux.
- Je sais pas. Juste... Elles sont belles. Je suis maladroite, alors je n'arrête pas de me piquer quand je couds. J'aimerais bien avoir les mêmes mains que toi.
- ... Oh.

Mademoiselle Bustier parut satisfaite du pas fait entre ces deux ennemis. Elle eut un grand sourire, et renvoya les deux élèves à leurs places respectives. Aussitôt assise, Alya attrapa Marinette par l'épaule et lui plaqua son téléphone sous le nez, une photo recouvrant l'écran. Directement, un doux sourire vint couvrir le visage de l'adolescente.

- Ils sont trop mignons, soupira la noiraude.
- Qui, s'enquit Nino en se retournant.
- Ladybug et Chat Noir, répondit Alya comme si c'était l'évidence même en montrant son portable à son petit-ami.

Innocemment, Adrien se retourna à son tour et eut un irrépressible sourire dès qu'il vit la photo. Il leva les yeux dans ceux d'Alya.

- Hey, elle est trop belle, la photo. Tu la postes sur le Ladyblog ?
- À ton avis, railla la jeune fille. Eh haute qualité. Tu pourras l'ajouter à ton album photo !
- Quel album photo, s'entendît demander Marinette.
- Adrien kiffe trop Ladybug, c'est hallucinant, s'exclama Nino alors que le blond soupirait, pas très à l'aise avec l'idée que son ennemie sache ce genre de choses embarrassantes.
- Ah bon ?

Marinette n'adressait même pas un regard à Adrien. Elle avait un sacré don pour l'ignorer et faire comme si il n'existait pas pendant toute une discussion, puis lui lâcher la pique la plus venimeuse qu'il n'ait jamais entendue, et se replonger dans la conversation.

- Ça fait un peu pervers psychopathe, attaqua la noiraude sans plus attendre.

Et voilà, se dit Adrien en roulant des yeux. Pourtant, cette fois fut une des rares fois où Alya vola à son secours.

- Dis-donc, c'est pas toi qui a un fond d'écran Chat Noir ? dénonça la brune.

Adrien se retint d'éclater de rire et se contenta de pousser un grognement guttural peu contrôlé qui rendit évident le fait qu'il voulait se moquer.

- Moi, s'étonna faussement Marinette. Moi ? MOI ? J'adore le costume de Chat Noir, l'avoir en fond d'écran, ça titille ma créativité.
- Tu adores le costume de Chat Noir ou Chat Noir tout court ? pouffa la jeune journaliste,
- Alya, gronda la noiraude en la fusillant du regard.
- Ah, c'est vrai, tu peux pas être en admiration totale devant lui, tu as un copain secret, j'avais presque oublié tant je ne le connais pas !
- Quoi, s'exclama Adrien tout fort.

Il y eut un grand silence dans la classe, le blond s'excusa auprès de Mademoiselle Bustier mais ne s'intéressa pas plus au cours. Il reprit la conversation.

- Qui pourrait être assez fou pour vouloir sortir avec toi, tu l'as forcé ?
- C'est pour ce genre de réflexions que tu n'as pas de copine, toi, siffla Marinette.

Adrien lui lança un regard plat, pas vexé du tout, ni amusé. Un regard plein d'évidence qui fit capituler Marinette. C'était logique, qu'il pourrait avoir la fille qu'il voulait. Ça ne servait à rien de rentrer dans un débat qu'elle perdrait à coup sûr.

- Qui est l'heureux élu, continua de narguer le mannequin. Histoire de voir si tu ne t'inventes pas une vie.
- Tu ne le connais pas, occupe-toi de tes affaires, toi, asséna la noiraude.
- Dis-nous, demanda Nino, intrigué. On le connaît, nous ? Comment il s'appelle ? À quoi il ressemble ? Comment il est ?

Adrien se sentit triomphant. Il y avait toujours du monde pour aller dans son sens, et il adorait remettre Marinette à sa place. Cette dernière ouvrit la bouche, surprise par l'avalanche, et la sonnerie stridente d'une alerte akuma retentit à la seconde où un mot sortit de sa gorge.

- Je peux aller aux toilettes, s'empressa de demander Marinette sans répondre à aucune question.

Comment sortir avec son pire ennemi[Miraculous]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant