Chapitre 6

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Chat Noir avait débarqué après un bon moment et s'était bien amusé à faire tourner chèvre le pauvre gorille à coups de bâtons et d'un cataclysme bien placé qui avait permit à Ladybug de purifier l'akuma.

Tout était rentré dans l'ordre, et au grand damn de la noiraude, Chat Noir avait déclaré avoir quelque chose d'urgent à faire et n'avait pas pu rester avec elle jusqu'à la dernière petite minute.

Les retrouvailles d'Adrien et Marinette n'eurent pas lieu. Et puis quoi, encore ?

Par contre, l'interrogatoire entier qu'elle subit avec Alya fut interminable et affreux. « Pourquoi t'étais avec Adrien ? », « Je croyais que vous ne vous aimiez pas ? », « C'est lui, ton copain secret ? ». Marinette avait eu envie de mourir en expliquant qu'elle s'était trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, puis qu'il avait trouvé marrant de la tirer partout derrière lui, provoquant toutes sortes de rumeurs idiotes car les gens ne savaient pas quoi faire d'autre que d'inventer des choses.

La journée d'après, elle l'avait passée au collège, toute seule car Alya était tombée malade. Forcément, Chloé en avait profité pour revenir à la bonne vieille époque comme elle s'amusait tant à le dire. Moqueries habituelles, le vieux coup de la peinture sur la chaise auquel Marinette avait miraculeusement échappé en s'installant à la place d'Alya pour pouvoir discuter avec Nino.
À la cantine, Chloé s'arrangea pour que Marinette renverse tout son plat sur ses propres vêtements, mais l'adolescente se contenta de la fixer avec un regard particulier, mélange de haine et d'une frayeur qui s'était ancrée toute seule en elle les années passées. Pas question de la relancer sur ça. Alors Marinette s'était levée, avait attrapé ses affaires et avait simplement quitté l'établissement.

Bon. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire, là ? Marinette était rivée sur ses désagréables souvenirs et quand elle baissa les yeux sur ses mains, elle remarqua avec effroi qu'elle tremblait tellement qu'elle s'était même mise à suer.

- Ça va, Marinette, demanda doucement Tikki en se laissant flotter juste à côté.

Sa porteuse ne répondit pas tout de suite, trop occupée à fixer ses mains flageolantes. Puis elle leva la tête vers son kwami, et demanda tout bas.

- Je peux me transformer en Ladybug pour parler à Chat Noir ?
- Bien sûr, répliqua immédiatement Tikki.

Marinette ne se fit pas prier et s'empressa de se transformer, pour ensuite écrire un message à toute vitesse à son coéquipier, qu'il la rejoigne au sommet de la Tour Eiffel, avant d'elle-même s'élancer bien maladroitement avec son yo-yo, le cœur battant. Mais qu'est-ce qui se passait, bon sang ? Tout ça était terminé depuis un moment, Alya était là, et puis, surtout, elle était devenue Ladybug, elle avait prit confiance en elle... Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle n'avait pas été préparée à être Ladybug, et passer de la fille qu'on intimide à celle qui intimide le Papillon lui-même était un gros changement, même sous une autre identité. Un peu trop gros pour elle.

Une vague de soulagement s'empara d'elle quand elle entendit le bruit du bâton de Chat Noir taper sur la surface métallique du monument. Ladybug se leva, et n'eut qu'à faire le tour pour se retrouver face au garçon, qui fronça les sourcils en voyant la mine déconfite de sa petite-amie.

- Ça va ?
- Non, répondit-elle d'une voix déchirée qui fit mal à Chat Noir.

Il l'attrapa par les épaules et l'enlaça alors, avant de lui frotter affectueusement le dos, un sourire honoré de comprendre qu'elle avait voulu le voir car il avait un effet apaisant sur elle. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour que sa Lady soit dans cet état ? Si il l'avait déjà vue stressée ou encore déprimée, c'était la première fois qu'il la voyait aussi abattue.

- Tu veux m'en parler, ou bien ça risque de compromettre ton identité secrète ?

Ladybug soupira dans l'épaule de Chat Noir et finit par reculer pour se rassoir. Le héros la suivit sans rien dire, et la noiraude finit tout de même par répondre.

- Quelqu'un s'amuse à me déranger depuis le début du collège. C'était un enfer, l'année dernière, je trouvais toujours des excuses pour ne pas aller en classe parce que j'avais peur. J'ai raté une semaine entière d'école parce que je savais que ça serait encore pire si j'y allais. Et de toutes façons, je pouvais pas tout court, il fallait que je lui demande son autorisation pour venir.
- Quoi, s'étrangla Chat Noir.

Si il n'avait jamais douté que, sous son masque, Ladybug puisse être nerveuse et beaucoup plus discrète que telle qu'il la connaissait, il n'était pas allé jusqu'à imaginer qu'elle puisse être littéralement harcelée. Pas elle, pas elle qui se battait corps et âme contre le Papillon sans mâcher ses mots, sans montrer une once de peur. Mais Ladybug était une harcelée.

- L'année dernière, j'étais amoureuse d'un garçon. Ce quelqu'un l'a su et lui a dit. Tous les deux, ils m'ont joué un sale tour, j'ai fais une chute plutôt dure à vivre d'un point psychologique. Quand je suis tombée, j'ai vu le quelqu'un, qui m'a en plus filmée. Heureusement, une fille qui voulait m'aider a réussi à faire supprimer la vidéo, mais le mal était déjà fait pour moi. Puis l'année s'est finie, et j'ai rencontré ma meilleure amie en septembre... Mais aussi le meilleur ami de la personne qui me dérange.
- Il est comme cette personne, s'enquit Chat Noir, bouleversé pour sa pauvre Lady. Sûrement... Les harceleurs restent toujours entre eux, en bande, siffla-t-il amèrement.
- En fait... On ne s'entend pas, lui et moi. Vraiment pas. On se dispute tous les jours, mais c'est tout. Un jour, il a collé un chewing-gum sur ma chaise, mais c'est tout. À part pour s'embrouiller, on n'a aucune interaction.

Il valait mieux ! Chat Noir était tellement énervé qu'il aurait mené une enquête seulement pour trouver cette bande d'idiots et les cataclysmer tour à tour. Personne ne méritait un tel traitement, pas même le Papillon.

- Tu as bien fais de m'en parler. N'hésite jamais si tu as besoin, d'accord ?
- D'accord, souffla doucement Ladybug avec un doux sourire amoureux.
- En attendant, je trouve ça très contraignant, qu'on ne puisse pas échanger de messages autrement qu'en se transformant. Tu sais quoi ? On va se trouver une messagerie ou un truc comme ça, un réseau social, sur lequel on pourra discuter. Ça te va ?

Qui avait donc si bien éduqué ce chat ? Il était tellement gentil, tellement compréhensif, tellement... Tellement tout.
Il sauta presque de joie lorsqu'elle accepta. Alors il lui sauta dans les bras.

Comment sortir avec son pire ennemi[Miraculous]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant