Chapitre 14: Espoir et illusion

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Les hommes se lèvent et je recule discrètement. Je me dépêche à rejoindre le marché avant d'être vue, surtout que mon capitaine pourrait me bannir de son équipage, voire me tuer pour l'avoir espionné.

Mes pensées se mélangent dans ma tête tandis que je marche vers l'auberge de l'horloger. Quelles sont ces pierres et pourquoi sont-elles tant désirées par des capitaines pirates? Si les pirates sont reconnus pour leur haine, leur égoïsme et leurs trahisons, ils sont également reconnus pour leur aptitude à trouver les merveilles. Si un capitaine pirate s'intéresse à un objet qui n'est pas de l'or, c'est que cet objet vaut encore plus. Et qui est ce Victor? Il semble avoir été en possession de la pierre du temps, mais les capitaines n'ont pas réussi à intercepter la pierre.

Je continue ma marche d'un pas précipité. L'horloge indique que midi est déjà dépassé depuis quelques minutes. Je suis en retard. Je résiste à l'envie de courir. Avec le regard inquiet de l'horloger hier, je mise sur la discrétion et une fille habillée en garçon manqué qui court en plein milieu d'une rue remplie de villageois ne fera que nuire ça ne fait aucun doute.

Je tourne enfin le coin de la route menant à l'auberge. Je la regarde au loin comme une image d'un souvenir.

Le temps semble se figer.

Les passants deviennent flous, disparaissant de ma vision, l'auberge étant le centre de l'attention. Les lilas, les marguerites et les tulipes menant à l'entrée apportent un sentiment de réconfort dans ce quartier morne. Les volets des fenêtres sont toujours d'un rose crème et j'aperçois la chaise berçante en bois sur le balcon. Augustine s'y balançait tous les matins en tricotant ou en racontant des commérages à ses amies du village.

L'auberge est telle que je l'ai vue dans mon enfance. Rien n'a changé.

Je sens la peau de mon cou picoter légèrement, mais s'arrête au moment où je pose ma main pour gratter.

Je me lance sur le chemin en pierre, puis je monte les quelques marches menant au balcon. En ouvrant la porte, un grincement se répercute dans le silence de l'auberge, seul signe du passage du temps entre la Ruby que j'étais et celle que je suis devenue.

- Ruby?

La femme qui s'avance entre deux murs en chêne a les cheveux blancs relevés sur sa tête. Des cernes prononcées siègent sous ses yeux et sa peau n'est plus aussi lisse que dans mes souvenirs. Ses pommettes saillantes et ses yeux emplis d'une énergie débordante me confirme toutefois son identité.

- Oui, c'est moi.

Elle me sourit.

- Cela fait bien des années que je me demande où tu t'es rendue. Tu étais si jeune.

Je ne lui laisse voir aucune de mes émotions, mais ses paroles me frappent bien plus que ce qu'elles devraient. Je sens mon corps s'alourdir alors que je m'approche d'elle.

- Augustine, baisse le ton veux-tu, dit la voix de l'horloger qui sort de la pièce derrière elle.

Le couple est tel que je m'en souviens, toujours brûlant d'une complicité silencieuse que seul les observateurs les plus affinés peuvent discerner.

- Suis-moi.

L'horloger quitte alors vers les escaliers menant à la cave. Je le suis, suivie d'Augustine qui ferme la porte en bas des escaliers suite à notre passage.

L'endroit est frais et humide. C'est là qu'Augustine rangeait sa nourriture dans mon enfance. Je me cachais souvent dans la cave lors des journée chaudes.

- Ici, nous pourrons parler en toute sécurité, dit l'horloger en vérifiant néanmoins chaque recoin de l'endroit.

Une fois sa vérification terminée, il se joint aux côtés de sa femme.

L'or de la piraterieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant