Chapitre 38: Le Vernen

39 3 0
                                    


Heureusement, je ne reconnais aucun des visages que j'aperçois. Avec tous les équipages dont j'ai fait partie, rencontrer de vieux camarades ou de vieux ennemis est toujours délicat.

Il commence à se faire tard avec notre longue journée de marche. La taverne risque d'être pleine dans peu de temps, mieux vaut rentrer maintenant.

- Enfin ! s'écrie à son tour Gideon en courant vers l'entrée comme un gamin.

L'or et les trésors. Mon père aurait dû ajouter le rhum à sa liste des désirs des pirates.

- Prête ? me demande la voix masculine que je redoute.

Je ne lui réponds pas alors que j'entre à la suite de Gideon en me faufilant entre deux pirates qui cachent presque l'entièreté de l'entrée avec leurs corps imposants. L'odeur de la sueur et du sang se répand dans l'air autour de moi alors que je traverse l'entrée de la taverne. Une fille me bouscule, montrant davantage de peau dans ses pantalons en cuir noir et son haut avec un décolleté plongeant. Une pirate assurément. Je l'ignore et examine les lieux. J'aperçois Gideon accourant vers l'homme barbu derrière le comptoir qui vend les boissons que je vois à peine en raison de la masse de pirates qui entoure ce dernier. Je ne peux pas faire deux pas sans devoir bousculer une personne. Les tables sont toutes occupées par les pirates et les autres s'attardent, debout entre les tablées.

Que dois-je faire maintenant ? La lettre n'indique aucun détail. Je ne me laisserai pas décourager aussi facilement, alors je me frais un chemin entre les corps pour atteindre le comptoir. C'est un des nombreux avantages d'être petite, personne ne me voit les dépasser.

- Excusez-moi ! je m'écrie entre les voix en m'adressant au propriétaire qui tend un verre à l'homme à mes côtés.

- Attend ton tour la gamine, crache d'une voix graisseuse mon autre voisin.

Sa moustache garnie lui donne un air très peu menaçant, mais je me ravise en voyant des cicatrices sur son bras qui ressemblent à des victimes comptées. Certains pirates marquent chacune de leurs victimes avec une ligne sur leur corps et cet homme a recouvert tout son bras droit.

- Je ne suis pas une gamine espèce d'idiot, dis-je en roulant des yeux.

Je l'aurais laisser commander son verre en paix s'il ne m'avait pas traité de gamine. Rien de m'écœure plus que les pirates qui sous-estiment les femmes.

- Comment m'as-tu appelé ? demande-t-il en se redressant dans toute sa hauteur, me menaçant du regard.

Je roule des yeux avant de regarder de nouveau le propriétaire avant qu'il ne décide de servir d'autres personnes.

- Je voulais savoir si vous connaissiez un George Wilson ? je demande en haussant la voix au nom de mon père.

Il plisse les yeux avant de secouer la tête.

- Désolé, ça ne me dit rien.

Je ne dois pas me laisser décourager. Peut-être si je fouille un peu aux alentours je trouverai une réponse ou un indice.

- Merci quand même je lance au propriétaire avant de me tourner pour quitter.

- Pas aussi vite.

C'est l'homme à la moustache et aux cicatrices qui m'intercepte alors que plusieurs autres pirates grognent de ne pas pouvoir prendre ma place au comptoir.

- J'ai des choses plus importantes à régler que de m'entretenir avec vous, désolé, dis-je en évitant soigneusement de l'insulter à nouveau pour sauver du temps.

L'or de la piraterieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant