Chapitre 41: Que le néant m'emporte

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Elle m'observe de ses yeux gris acier. Son ton hautain attise davantage ma colère. Elle porte d'amples pantalons blancs qui se terminent dans des bottes en cuir de la même couleur que ses yeux. Les reliures de son manteau gris sont brodées dans une teinte argentée qui s'agence avec sa ceinture et son chapeau. Elle a toujours aimé les teintes claires. Elles font contraste avec la couleur du sang quand il se répand sur ses vêtements, disait-elle.

- Où est-il ?

Ma question se répercute sur les murs alors qu'elle garde le silence en continuant de me dévisager.

- On dirait que tu as pris de la confiance depuis ton départ. J'aurais dû te trancher la gorge à l'époque, mais il faut me pardonner, tu étais si faible et timide, qui aurait cru que tu deviendrais autre chose qu'une vermine des ruelles ?

Son équipage ricane derrière elle. L'atmosphère est tendue, tout le monde sachant qu'un seul faux pas peut mener à leur arrêt de mort. Sauf que je ne suis pas effrayée contrairement à eux. Je la connais et je ne suis plus en mesure d'attendre.

Elle tourne le regard vers mes alliés.

- On dirait que James avait des traîtres dans ses rangs. Quelle beau petit équipage faites-vous. Ah, j'oubliais. Il faut un navire pour être pirate.

De nouveaux ricanements. James Ratcliff. Appeler un capitaine pirate par son prénom est une marque d'irrespect, mais elle ne connaît ni l'honneur ni le respect. Elle est la seule qui exige que l'on emploie son surnom pour l'interpeler, et gare à ceux qui désobéissent à cette règle.

Elle tourne son regard vers moi, mais s'arrête à mi-chemin sur Calyan. Si c'est une lueur de peur que je vois sur son visage, elle disparaît aussitôt. 

- Ratcliff a laissé partir son plus grand prodige, cela est une bonne nouvelle. Tu es horriblement agaçant sur le champ de bataille, dit-elle à l'intention de Kaze.

Je crois bien qu'elle vient de lui donner un compliment. Même si je crois qu'on ne devrait pas se réjouir d'être considéré comme un ennemi menaçant pour Betty Brown. Kaze serre la mâchoire, mais il garde son indifférence.

- Et un si bel homme, quelle perte vraiment, geigne-t-elle en essuyant une larme imaginaire.

Je le vois se tendre légèrement, prêt à combattre à tout moment. Il sait qu'il peut gagner contre n'importe qui ici, mais Betty est imprévisible. Elle est la meilleure combattante connue de ce monde avec Ratcliff. S'il essaie, il peut échouer. Si ce n'était de sa sœur, je suis convaincue qu'il serait déjà dans un duel avec la capitaine.

- Alors, que me voulez-vous et comment connaissez-vous mon père ? je demande à nouveau pour détourner son attention.

- Tellement de questions, susurre-t-elle en s'approchant.

Son épée est toujours rangée dans son fourreau sur sa ceinture, mais je sais qu'elle peut la sortir avant même que je finisse de cligner des yeux.

- Je ne pensais pas qu'ils te donneraient réellement la lettre, mais ces pauvres malheureux avaient tellement besoin d'argent pour reconstruire leur hôtel qu'ils n'ont pas hésité à te trahir.

Je réalise alors que l'horloger et Augustine m'ont donné une lettre qui leur venait de Betty Brown. Jamais mon père ne leur avait donné cette lettre. Cette taverne ne m'avancera à rien, c'était un piège.

- Ils m'ont avertie aussitôt de ton départ et je suis venue ici en sachant que tu viendrais, mais j'ai bien failli ne pas arriver à temps. Je ne savais pas que James avait engagé un nouveau cartographe qui ose traverser par les rochers de Sissira.

L'or de la piraterieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant