L'or de la piraterie

Chapitre 36: Des lèvres tranchantes

Il s'immobilise, ma lame menaçant sa peau.

- J'ai gagné ! je m'exclame, toujours sous le choc.

Je descends mon épée en souriant, le plus grand sourire que j'ai pu faire depuis très longtemps.

- J'ai gagné Kaze, j'ai...

Il s'avance soudainement et ses lèvres écrasent les miennes d'un désespoir profond. Je lâche un gémissement de surprise alors que ses mains se posent sur mes hanches, évitant avec soin la blessure qu'il m'a infligée.

Kaze m'embrasse. Le temps s'arrête un bref instant avant que ma tête se mette à tourner et que je réalise ce qui se passe.

Ce baiser, ces lèvres, cette passion. Je m'enivre du moment en pressant mon corps contre le sien qui m'écrase contre l'écorce, me laissant apprécier chaque courbe de son anatomie qui me fait gronder de plaisir.

- Ruby...

Sa voix rauque n'est qu'un doux murmure à mes oreilles. La chaleur de son souffle sur mon cou éloigne mes dernières pensées logiques. Cette chaleur... qui n'est plus là. Elle a disparue, le froid me poignardant avec douleur. Kaze recule, me libérant par le fait même.

J'essaie de reprendre mon souffle qui s'est gravement accéléré en reprenant mes esprits. Kaze m'a embrassé. Kaze, le pirate qui me voulait morte, qui voulait me voir partir du Kraken, qui m'insulte et me défie. L'homme sans empathie ni remords qui repousse Elena, une des plus belles femmes de notre époque. Et je lui ai rendu son baiser. Qu'est-ce qui m'a pris ?

- Désolé. Je t'avais pourtant averti, dit-il en tendant les muscles de ses bras.

Ses bras qui m'entouraient et les mains qui caressaient mes hanches d'une manière possessive un instant plus tôt.

Je suis à court de mots alors qu'il se détourne face à mon silence.

- Attend ! Tu me dois la part du marché, je m'exclame, préférant changer de sujet.

Ce baiser ne veut rien dire. Il ne peut rien dire. J'ai encore ma mission et les distractions sont interdites, surtout si ça implique un dangereux mélange de haine et de passion à la fois.

- Toujours des questions, dit-il en roulant les yeux.

Sa réplique me détend, calmant l'atmosphère tendue sans l'éliminer toutefois.

- Alors ? j'insiste.

- C'est la pierre que tu portes autour de ton cou qui est la raison.

Mon cœur fait un bond. S'il parle de la pierre du savoir, c'est forcément mauvais, mais s'il parle de la pierre du temps qu'il ne devrait pas savoir en ma possession, je peux dire adieu à mon plan.

- Que veux-tu dire ?

Il soupire en pointant mon cou recouvert de ma cape, cachant les deux pierres sous son étoffe.

- Elle m'a dit de te suivre, comme elle t'a aidé pour savoir que Rayid mentait. Les pierres semblent pouvoir aider leur porteur.

Je n'ai aucun mal à le croire. La pierre du temps m'a montré un souvenir de mon passé et la pierre du savoir m'a aidé à interroger Rayid.

- Elle veut que tu me suives ? Retrouver mon père t'aidera-t-il réellement à retrouver ta...

Puis je me rappelle qu'il ne m'a jamais dit qui il cherchait exactement.

- Retrouver celle que tu cherches.

- Ma sœur.

Je fige.