L'or de la piraterie

Chapitre 33: Souffle-moi tes réponses

Rayid fronce les sourcils.

- Si vous gagnez, vous aurez le collier, mais si je gagne, j'aurai le droit de vous questionner sur un sujet et vous devrez me répondre, dis-je.

Je vois la curiosité dans ses yeux dont la couleur prend une teinte gris clair par l'éclairage de la lune.

- Très bien, j'accepte ce duel, dit-il avec un rictus dansant sur ses lèvres.

Je n'ai jamais vu Rayid combattre ce qui n'est pas à mon avantage puisque lui m'a déjà observé. Mais je sais que je peux gagner et je dois connaître la réponse à une question qui trotte dans ma tête depuis un certain temps.

- Ruby, tu ne devrais pas... commence Palin, ses traits exprimant son inquiétude.

Je sais que Rayid est un combattant redouté et je regrette de ne pas m'avoir attardé à ses manœuvres lors du combat contre les pirates du Nord, mais Kaze m'a appris mes faiblesses lors des quelques pratiques qu'il m'a données. Sans parler de la rage qui coule dans mes veines.

- Si, je le dois, dis-je en m'avançant.

Je tends la main vers Palin en lui demandant son épée.

- Qu'est-il arrivé à ton épée ? me demande-t-il d'un œil incertain, me tendant tout de même son arme.

- Vous verrez, dis-je avec un sourire énigmatique.

Je me place alors devant Rayid, sentant la lourdeur du regard de Kaze sur moi, puis je lui jette un rapide coup d'œil. Son visage est impassible, mais ses lèvres se lèvent imperceptiblement tandis qu'il croise les bras et se laisse tomber sur le mur à sa droite d'un air nonchalant.

- Tu n'aurais jamais dû monter sur notre navire. Tu n'es qu'une voleuse sans loyauté envers ton capitaine, dit Rayid en me saluant de son épée.

Je l'imite. Ses paroles sont familières.

- Oui, quelqu'un m'a déjà insulté de cette façon. On dirait qu'on aime me traiter de voleuse.

J'entends Kaze qui s'étouffe derrière moi, puis le silence s'impose alors que j'observe l'homme devant moi.

L'homme qui a vendu ses deux nièces.

L'homme qui gère un marché d'esclaves.

Le second du plus cruel et redoutable capitaine des mers.

Et j'attaque. J'attaque sans hésitation avec une confiance qui se trahit dans mes mouvements fluides et rapides. Il se contente de parer mes coups en esquivant d'une agilité qui me laisse croire qu'il se bat depuis ses premiers pas. J'essaie d'atteindre son épaule, point sensible qui désarme les adversaires rapidement, mais il se penche au dernier moment. Je saute sur le côté pour éviter le coup qu'il tente de me porter suite à mon attaque.

- J'ai toujours trouvé ta manière de te battre intéressante. Tes manœuvres priorisent l'offensive plutôt que la défensive ce qui peut être fatal puisque chacun de tes coups dévore ton énergie, sans parler que tu devrais plutôt l'économiser vu ta grandeur, dit-il en ricanant.

J'accélère les attaques en me rapprochant de lui. Il recule.

- Et je me suis demandé quel genre d'équipage t'aurait enseigné de telles stratégies, de telles manœuvres et tu es bien jeune pour les maîtriser comme tu le fais ce qui laisse supposer une assiduité exemplaire de ta part, continue-t-il.

Je continue de le faire reculer, puis je porte un coup vers sa droite en prenant un peu plus de temps ce qui lui laisse l'opportunité de me blesser à mon bras gauche. Je lâche un juron en me déplaçant vers la droite. Il me suit en ricanant de plus belle. Lui faire gagner en confiance est une partie essentielle de mon plan. Il sait que je perds de mon énergie, de mon sang et que je suis en colère. Il croit avoir l'avantage.