Chapitre 49: Face aux prédateurs

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Betty se tient devant nous en nous dévisageant des pieds jusqu'à la tête, un verre de vin rouge dans la main. Elle porte une robe blanche si simple que je me laisse déconcentrer un instant en essayant de comprendre ce choix de vêtement qui ne lui ressemble pas du tout. On dirait qu'elle a sorti une robe qui lui venait de sa jeunesse. Les rebords argentés de la robe frôlent ses chevilles et le tissu de la robe est d'un blanc immaculé avec de minuscules étoiles parsemant l'étoffe qui lui donnent un air tout à fait innocent. Tout le contraire de ce qu'elle est.

Je regarde autour, alerte. Je ne vois Matix et Elena nulle part.

- Nul besoin de vous inquiéter. Je ne peux pas vous blesser tant et aussi longtemps que vous porté la pierre, dit-elle.

- Kaze, dis-je en lançant la pierre d'un geste rapide.

Il l'attrape et l'enfile sur son coup. Maintenant nous sommes deux. Les deux meilleurs combattants dans cette pièce qui sont invincibles si nous excluons Betty, Ratcliff, et Calyan dont je ne connais pas les talents, mais dont je sais sage de ne pas sous-estimer en ayant vu la lueur de peur dans les yeux de Betty quand elle l'avait aperçu à la taverne.

Betty lâche un ricanement avant de boire une gorgée de son vin. Le liquide humidifie ses lèvres et les teinte d'un rouge foncé.

- À quoi bon vous attaquer alors que je n'ai aucune chance de vous tuer ni de vous voler la pierre du temps ? Vous me connaissez bien mal si vous pensez cela et encore moins puisque vous m'avez offert vos chers camarades sur un plateau d'argent.

Je fixe alors la foule à la recherche de nos alliés.

- Ruby, tu as tant à apprendre encore. Pour commencer, un capitaine est responsable de ses hommes et tu as si honteusement échoué. La proposition de vous joindre à mon équipage tient toujours si vous y tenez.

Je secoue la tête avant de m'approcher. Je ne la laisserai pas m'intimider, elle est désarmée et sans pierre en sa possession.

Kaze me prend le poignet pour me forcer à m'arrêter.

- La discrétion, voleuse. Les gardes royaux surveillent Betty avec attention. On ne veut pas de combat, dit-il à voix basse, si basse qu'avec les voix des autres invités qui nous entourent il n'y a aucune chance que Betty n'ait entendu ses paroles.

Puis je remarque que les hommes de Betty sont dispersés autour de nous, leurs yeux déviant vers nous par moment.

- Il serait navrant que tes amis perdent la vie et si tu t'approches encore de moi, ils seront déjà des cadavres plus blancs que ma robe quand tu les découvriras, dit-elle.

Je grince des dents.

- Je veux la pierre, maintenant, ordonne-t-elle.

Pour la première fois depuis longtemps, je me sens impuissante. Il est facile de faire face à ses ennemis quand on n'a pas d'attache. Mais c'est quand on commence à avoir des personnes à qui l'on tient que nous commençons à avoir des points faibles. Et Betty sait cibler ces derniers. Elle y excelle.

Je dois sortir de cette situation sans arme cette fois. Facile de laisser libre cours à ma colère par un duel ou un combat, mais ce champ de bataille est bien plus compliqué. Le roi savait ce qu'il faisait en invitant tous ces capitaines dans son immense demeure. Il sort les marins de leurs eaux, les attirant dans l'endroit où il a l'avantage sur eux.

Et Kaze ne peut pas faire le même stratagème que dans la taverne. Betty sait que je ne peux pas mourir.

- Betty Brown.

L'or de la piraterieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant