Chapitre 32: Une seule question

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J'y suis presque. Les villageois s'entassent sur la place du marché qui longe le port. Les marchands ferment leurs commerces et leurs boutiques pour la journée. Il me suffit de rejoindre les ruelles et de quitter le plus loin possible jusqu'à la tombée de la nuit. Je devrai m'informer pour trouver une auberge, mais seulement une fois hors de danger.

- Arrête de marcher aussi vite.

Pas cette voix. J'espère un instant avoir imaginé.

Le reflet mauve poudré d'une robe en soie m'indique qu'Elena m'a bien rattrapée.

- Va trouver quelqu'un d'autre à embêter, je siffle entre mes dents tout en continuant à mon rythme.

Je réussirais peut-être à la fuir si je commençais à courir à l'instant, mais attirer l'attention encore si près de l'équipage ne serait pas un choix judicieux.

- Ça ne me plaît pas aussi, ne te fais pas d'idée, mais j'ai horreur d'être seule.

Son ton dédaigneux me fait grimacer, puis je réfléchis à ce qu'elle vient de dire. Avec le départ de Kaze et avec le nouveau titre d'Alya qui est officiellement la femme de Ratcliff, elle n'a plus personne.

Ai-je de la peine pour Elena ? Cette pensée me choque et je repousse toute forme de sympathie qui aurait pu faire surface en moi. Si elle est avec moi, ce n'est pas pour ma compagnie, quel mensonge. Elle veut quelque chose.

- Je me moque de ce que tu as horreur Elena. Laisse-moi seule, dis-je.

- Tu me sembles bien pressée, dit-elle.

Je l'ignore, mais je ralentis le pas.

- Qu'est-ce que tu veux, je finis par lui demander.

Je l'apporte dans un coin derrière le chariot en bois de chêne d'une marchande d'épices. Elena grimace face à mon geste.

- Fais attention à ma hanche ! s'écrie-t-elle.

- C'était involontaire, pardon.

Je suis presque heureuse d'avoir oublié sa blessure. Je la laisse se calmer tout en regardant les alentours.

- Je voulais savoir si tu savais où il est.

Elle fixe ses ongles en prenant un air détaché, mais sa voix la trahit. Je me refuse de penser à lui.

- Non. Je te l'ai dit, il me déteste.

- J'aimerais le croire aussi, dit-elle en soupirant.

Elle prend une pause.

- Mais tu as quelque chose qu'il veut. Il ne s'est jamais intéressé à personne, puis tu es arrivée. Et tu n'es pas si jolie.

Ses mots blessants me frappent comme un fouet. Qu'il ait vu quelque chose de profitable en moi ne me plaît pas du tout, mais au fond ne me suis-je pas moi-même servi de lui pour m'entraîner ? Et qu'a-t-il vu en moi exactement ?

- Quelle belle discussion, toujours un plaisir de discuter avec toi Elena, dis-je avec sarcasme.

Je me retiens de lui donner une leçon avec mon poing et me contente de tourner les talons et de filer.

L'idée que Kaze m'a embêté depuis le début pour m'utiliser persiste et je déteste Elena pour m'avoir causé ce tourment. C'est forcément n'importe quoi, qu'aurait-il vu ? Sait-il que je possède la pierre du temps ?

Je bifurque à travers la ville et je me permets de me détendre quand j'atteins l'opposé du village. La lune est déjà à son apogée depuis un bon moment déjà et le matin ne devrait pas tarder à faire son apparition. Je repère une auberge au toit rouge qui dégage une odeur de pâtisserie qui me fait penser à l'auberge d'Augustine et de l'horloger. J'espère du fond du cœur qu'ils rebâtiront leur commerce et trouveront de nouveau la richesse qu'ils avaient autrefois.

L'or de la piraterieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant