Le projet d'une vie

Chapitre 6

Ce matin, j'arrive au boulot de très bonne humeur, puisqu'il n'y avait quasiment personne qui faisait la queue, je suis passé au Doghnut Vault. Cette semaine, c'est saveur pralinée, mes préférés. J'en ai pris une boite entière, ce qui fera certainement la joie de mes collègues. Je pose mes affaires dans mon vestiaire et enfile ma blouse. Ça fait un peu plus d'une semaine que nous avons accueilli nos amis les chimpanzés et ils semblent aimés notre compagnie. Pour leur confort, on leur a même installé une sorte de balançoire.

Aujourd'hui, c'est troisième fois que Malawa et Ourana prennent notre hormone de synthèse pour stimuler leur désir. Nous avons installé des caméras dans le labo pour la nuit. Et si pour l'instant, nous n'avons pas fait tomber la séparation entre les femelles et les mâles, mais les premières constatations sont plus que bonnes. Sur les vidéos de cette nuit, nous pouvons voir des débuts de rapprochement. Et pour une fois, Kofi et Guy ne se sont pas fait envoyer bouler. C'est plutôt encourageant. Signe que l'effet booster de libido fonctionne. Étant présent, nous retirons le grillage qui séparait l'enclos en deux. En cas de soucis, nous avons des fléchettes hypodermiques, mais je préférerais ne pas avoir à m'en servir...

Aujourd'hui, nous devons aussi faire une prise de sang à nos deux femelles et ça, c'est plus compliqué. Mais nous devons nous assurer que notre produit ne les rend pas malades. Le vétérinaire du Zoo nous a fait parvenir des échantillons de sang prélevé avant leur arrivée pour la comparaison. Normalement, elles sont habituées à la procédure, mais elles nous connaissent à peine, donc... Pour nous aider, leur soigneur a pris le temps de venir.

Moi : Elles ont l'air très tendues et je ne veux pas les stresser...

Soigneur : Même au Zoo, elles sont tendues et soyons honnête personne n'aime les prises de sang.

Moi : Pas faux.

J'attrape deux seringues neuves et nous entrons dans la cage. Ourana et Malawa grimpent sur la structure pour se mettre hors d'atteinte. Le soigneur leur parle, mais elles ne semblent pas vouloir descendre. Je retire alors ma blouse. Et remonte ma manche.

Moi : Je sais que les aiguilles ça fait peur, mais regardez, ça fait pas mal.

Je tends mon bras gauche et place le garrot sur mon biceps, puis je m'auto-fait une prise de sang. Intriguées, les deux femelles approchent. Je colle un pansement dans mon coude et Ourana s'accroche à mon dos. Elle touche doucement mon pansement avec une sorte de petit piaillement.

Moi : Tu vois, ça fait pas mal.

Doucement, la jeune femelle me tend son bras pour que je fasse le prélèvement.

Soigneur : Vous avez un don avec les animaux. Vous ne voudriez pas vous reconvertir en soigneuse animalière.

Moi : Désolée, mais j'ai d'autre projet. Malawa à toi ma grande.

Malawa qui est sur le dos du soigneur secoue la tête en signe de négation et Ourana se met à crier faiblement. Malawa lui répond et comme je ne comprends pas le singe, j'ignore ce qu'elle se dise, mais Malawa fini par me tendre son bras, elle aussi, en détournant la tête. Mes échantillons de sang dans les poches, je sors de la cage alors que le soigneur profite de sa visite pour passer du temps avec ses protégés.

Je lance une analyse comparative du sang des deux femelles et pour l'instant, il n'y a aucun changement. Super, pas d'effet secondaire à signaler pour le moment, bon, il est peut-être encore un peu trop tôt pour me réjouir.

C'est l'heure du déjeuner et mes collègues sont tous partis déjeuner. J'ai décidé de rester au labo pour surveiller nos invités et comme ça, la séparation reste baissée et ça leur donne plus de liberté de déplacement. Si ça tenait qu'à moi, j'ouvrirais la cage, mais ils pourraient se blesser avec les trucs présents dans le labo. Et contaminé les recherches aussi, j'avoue.