Chapitre 20

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J'arrive chez moi et laisse tombé mon cabas avec mes affaires de labo dans l'entrée. Je sais que l'intention de Simon n'était pas que je me blesse quand il a bousculé ma chaise, mais le résultat, c'est que je me retrouve avec une attelle. Je vais arriver en Australie blessée et ça me gave. J'essaie de relativiser, me disant que je peux toujours bouger mes doigts et que ma main n'est pas cassée, ce qui aurait été sacrément handicapant.

Puisque j'ai un peu de temps avant de monter chez Katie pour sa pendaison de crémaillère, je me plonge dans un énorme bain moussant. J'ai retiré mon attelle pour ne pas la mouiller et regarde mon poignet. J'ai un léger œdème. Quand il aura dégonflé, je pense que j'aurai déjà moins mal. À l'hôpital, ils m'ont donné une ordonnance pour des anti-douleurs, mais ce genre de comprimés a tendance à me faire somnoler.

Je me rappelle en avant-dernière année de lycée, on faisait du volley en sport. Je m'étais retourné le pouce, le cassant net. J'avais eu des anti-douleurs et je passais mon temps dans le coltard et l'esprit embrumé. J'avais même failli finir de nouveau à l'hôpital parce que j'étais tombée dans l'escalier de la maison. Bref, maintenant, j'évite tout ce qui est plus fort que le paracétamol. Sauf bien sûr quand c'est une nécessité, mais là, c'est supportable.

J'entends du bruit au-dessus et je me demande bien ce que ma meilleure amie fabrique. Enfin, j'aurais vite la réponse, je dois aller chez elle dans une petite demi-heure. Je sors de mon bain qui commençait à être froid de toute façon et file dans ma chambre me préparer. Je vais faire plaisir à ma meilleure amie en me mettant sur mon trente-et-un, même s'il n'est censé y avoir que moi et Patricia. J'enfile une belle robe noire que j'adore. Je commence à vouloir me faire un chignon, mais je renonce vite à cette idée avec mes mouvements limités. Je me maquille un peu et mets une petite touche de parfum pour compléter tout ça.

J'attrape le vase que je compte lui offrir comme cadeau d'emménagement et sors de chez moi. Certains pensent qu'un vase est un cadeau minable pour sa meilleure amie, mais c'est pas n'importe quel vase. C'était une des seules choses qui avaient de la valeur pour elle parce qu'il appartenait à sa grand-mère. Il était ancien et se transmettait de génération en génération. Une des rares choses qui avait de la valeur dans la maison de Katie. Il a été vendu par sa mère quand elle était encore dans la merde financièrement. J'ai galéré pour le retrouver.

Je sonne à la porte de Katie en tenant le vase dans mon dos pour lui faire la surprise et aussi cacher mon attelle qui jure avec ma robe. Elle qui n'aimait déjà pas des masses mon ex-mari va avoir des envies de meurtre tel que je la connais.

Katie : Waouh ma chouette ! J'apprécie l'effort ! Je t'en prie, entre chez moi.

Moi : Je suis sûre que t'es refaite de pouvoir dire "chez moi".

Katie : J'avoue que ça me fait drôle, mais oui, j'adore.

Je rentre et lui tends le vase. Elle écarquille les yeux. Maintenant reste à savoir si c'est pour le vase ou mon attelle. Je mise pour les deux.

Katie : Mais... heu... c'est... et ton poignet..."

Ma meilleure amie qui ne trouve pas ses mots, c'est une première.

Moi : Je commence par quoi, le vase ou mon poignet.

Katie : On dirait le vase de ma grand-mère...

Moi : Parce que ça l'est... Tu te rappelles que c'était la famille d'une des filles du lycée qui l'avait acheté. Je l'ai contacté. C'est toujours une peau de vache, mais j'ai réussi à convaincre ses parents de me le vendre pour une raison sentimentale. Je sais ce qu'il représente pour toi.

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