Le projet d'une vie

Chapitre 3

Aujourd'hui, nous sommes samedi, donc pas de boulot aujourd'hui. Bon, je passerais quand même au labo en début d'aprem pour m'assurer du confort de nos amis les chimpanzés. En théorie, l'équipe de sécurité est censée les nourrir et leur donner de l'eau, mais je préfère aller vérifier par moi-même qu'ils ont tout ce qu'ils leurs faut. Mais avant, je traine au lit. Mon cher voisin à qui j'arracherai bien ce qui lui sert de virilité a fait une fête hier soir. Pour me changer des cris orgasmiques de ses partenaires, j'ai eu le droit à la musique jusqu'à 4h du mat. J'ai entendu le de voisin du 4B lui dire de baisser, mais sans succès malheureusement. Si ça continu, je vais faire une pétition pour le faire expulser et on en parlera plus. Vous me direz, il serait capable de se faire la concierge pour se la mettre dans la poche.

Vers 11h, je sors de mon lit en m'étirant. Une fois le calme revenu, j'ai plutôt bien dormi, c'est déjà ça. Dans la cuisine, je me prépare un thé à la menthe et des tartines beurrées. Tout en déjeunant, je réfléchis à ce que je vais faire aujourd'hui. Dehors, il fait très beau, j'ai envie d'aller me balader. Toute ma semaine, je la passe enfermée dans un labo alors le week-end, j'aime bien me promener.

Après une bonne douche, je m'habille en enfilant une jupe short et un débardeur. Nous sommes en mai, mais il fait déjà bien chaud. J'appelle l'ascenseur et quand les portes s'ouvrent, je vois un mec avec un blouson de cuir noir et un casque de motard sur la tête, visière teintée baissée... Aux dernières nouvelles, aucun de mes voisins ne faisait de moto. C'est donc forcément le Don-Juan qui change de femme comme de chemise. Où peut être un de ses amis qui a trop bu hier et qui se lève seulement maintenant. Puisque je suis bien élevée, je me contente d'un bonjour en entrant dans la cabine.

Et si c'est bien mon nouveau voisin, je ne suis pas sûre de pouvoir rester très courtoise, donc je préfère regarder les trois étages défiler en silence. Au rez-de-chaussé, je suis la seule à descendre et je constate que voyant du parking sous-terrain est allumé aussi. Plus de doute, c'est le 4A. Avec son casque, impossible de savoir à quoi il ressemble. Dommage, j'aurais voulu voir la tête du mec qui fait fondre les petites culottes.

Point de vue Omniprésent :

Quand l'ascenseur arrive au moins un, le motard relève la visière de son casque. La lumière de l'ascenseur lui agressait les yeux suit à la cuite qu'il s'est pris hier soir. Il soupire en ouvrant son garage. La femme qui a fait la descente avec lui, ne lui est pas étrangère, bien qu'il ne pensait pas la revoir un jour. Riley... celle qui a été sa meilleure amie durant son enfance. Il réalise alors que sur les boites aux lettres, il avait bien vu : Beck. R., mais Beck reste un nom de famille assez commun, alors pourquoi il aurait fait le rapprochement.

Tout en démarrant sa moto, il plonge dans ses souvenirs. Il se rappelle des fois où avec Riley, ils allaient à la mare près de chez eux. Lui essayait d'attraper les grenouille et elle riait. Elle, ce qu'elle aimait, c'étaient les observer. Un jour, ils avaient décidé de monter dans le grand arbre jouxtant l'étendue d'eau et il était tombé. Riley s'était aussitôt précipité pour l'aider à se relever. Elle avait retiré son élastique à cheveux, placé un mouchoir en papier sur la plaie avant de le maintenir avec le chouchou... Avec tout paraissait simple.

Mais la réalité, c'est que dans la vie rien n'est simple... Quelques mois avant la fin du collège, il avait surpris sa mère au lit avec le meilleur ami de son père. Rien que voir sa mère faire l'amour, c'est traumatisant, mais en plus avec un autre que son vieux... Sa mère lui avait alors dit que rien ne dure toujours. Que l'amour, l'amitié, tout ça n'était que des faux semblant pour faire croire que la vie est belle, mais que la vérité est bien plus crue. Les gens, les choses sont toutes interchangeables. Si on exclut les sentiments, on ne risque pas d'être blessé.