Chapitre 7 : Parle-moi de toi (2/2)

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- Je ne suis pas quelqu'un de bien, murmure Diego. 

Il était parti ce matin, il devait avoir cours, mais une attaque de démon avait contrecarré ses projets et il avait dû se rendre au centre de Paris, car un Démon avait attaqué près du Louvre. Le combat fut rapide, après tout...c'était Diego, mais le rapport qu'il avait fait lui avait pris une bonne heure. 

À cause de ça, il avait dû manquer un cours important. Ses professeurs étaient compréhensifs, après tout, il protégeait d'autres personnes, mais lui n'aimait pas prendre du retard dans ses cours. Je ne savais pas qu'il était aussi studieux. 

Nous nous sommes donnés rendez-vous à 19 h, mais je n'étais pas sûr qu'il viendrait. Pourtant j'avais pensé à lui toute la journée et avait dû faire un effort considérable pour ne pas le noyer sous des messages le suppliant de revenir et de me prendre contre un mur. 

Ah... je suis devenu folle. 

- Je n'aime pas quand tu dis ça... pourquoi est-ce que tu ne serais pas quelqu'un de bien ? 

Il coupe avec ses couverts le gigantesque morceaux de porcs qui lui a été servis avant de le manger. Il mâche rapidement avant de me répondre. 

- Je ne sais pas vraiment par où commencer, enfin...si, j'ai une idée. Quand j'ai eu 10 ans, mon petit-frère, Miguel se faisait harceler. Parce que la famille Alonzo est une famille criminelle, les autres élèves ne s'approchaient jamais de lui, et après un certain temps, il s'en prirent à lui. Miguel a réussi à cacher cela pendant longtemps, trois mois environ. Lui n'avait que 8 ans, et il était en CE2, moi, je venais d'entrer au collège. Mais quand j'ai appris ça, j'ai attendu l'enfant devant chez lui, avec une barre de fer et je lui ai brisé les deux jambes, et...

Il ne rajoute rien, ses mots sont calmes et moi, je tente de réfléchir à ce qu'il vient de me dire. 

- Ma mère m'avait toujours trouvé froid, mon père disait que je me comportais déjà comme un homme, lui ne voyait pas de problème, il était même fier de moi. Ma mère, elle, était bien plus inquiète, alors elle m'a emmené voir un docteur spécialisé, et j'ai été diagnostiqué comme étant un psychopathe. Elle a demandé d'autres avis, mais, le résultat était assez unanime au vu de mon comportement absolument...euh... antipathique. 

Je ne voulais pas lui dévoiler mon inquiétude, je ne voulais pas non plus le juger, mais je ne suis pas sûr que mon regard traduise de cette envie. 

- Ce diagnostic signifie que je peux parfois être froid, distant, manipulateur, voire violent. J'ai du mal à ressentir de l'empathie, à me connecter émotionnellement avec les autres. Cela peut me rendre insensible dans certaines situations. J'ai dû suivre une thérapie, avec un homme, le docteur Rizzly, laisse moi t'en parler

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DIEGO, 10 ans. 

Le docteur était un gros monsieur, il avait des cheveux et une barbe poivressel. Je crois que tout le monde était en colère, parceque j'avais cassé les jambes du garçon qui s'en prenait à mon petit-frère. Pourquoi aurais-fait. Si quelqu'un s'en prends à ma famille, le tabasser jusqu'àce qu'il supplie d'arrêter me semble plutôt logique. 

- Je vais juste te poser quelques questions, tu devras répondre en me disant si tu es d'accords ou non ? D'accords ? 

Je hôche simplement la tête. 

- Je pense que les larmes sont un signe de faiblesse ? il demande. 

- Je suis d'accords, je lui réponds. 

- Les sentiments des personnes autour de moi n'ont aucune importance. 

- Toujours d'accords, je réponds. 

- Je pense souvent à faire du mal à ma famille, physiquement ou mentalement. 

- Ça dépend, vu qu'ils paraissent m'aimer, j'essaye de ne pas leur faire du mal. Mais au fond, je suis tout de même d'accords. 

- Pourquoi est-ce que tu voudrais leur faire du mal ? 

Question débile. 

- Parce que je le peux, tout simplement. 

Une session était courte, mais je savais bien ce qu'il devait se dire. Ce n'est pas un diagnostic que les docteurs aiment donner, car il n'y a aucune solution durable. Il y a des centres évidemment. 

J'ai lu beaucoup à ce sujet, quand Toto, notre chien, est mort, tout le monde a pleuré, même Papa, dans son bureau, mais moi, j'en étais incapable. Alors, je me suis mis à lire à ce sujet. Les mots étaient parfois bien trop compliqués, mais comme j'étais surdoué, le sens général était clair. 

Les psychopathes étaient "placés" dans ces centres, mais ça ressemblait à des hôpitaux psychiatriques. 

Il avait mis en place un système de carte, comme dans un jeu vidéo, la récompense, c'était de jouer à Pokémon Noir sur sa DS pendant une heure. En échange, je devais présenter des excuses. C'était pathétique, un moyen assez désespéré de tenter de me dissimuler. Est-ce que si je lui crachais au visage et que je m'excusais après, tout mes péchés me seraient pardonnés. Les adultes sont vraiment des crétins finis. 

Il est facile de faire semblant de présenter ses excuses, surtout pour moi. 

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Voilà donc comment fonctionnait son esprit, c'était assez terrifiant dans une certaine mesure. Il m'avait compté cette histoire simplement. 

- Mais le pire dans tout ça, il reprend, c'est que les filles, enfin, certaines filles, paraissent beaucoup apprécier ces traits de personnalités. Ma froideur, mon dédain, je crois qu'elles pensent toutes pouvoir me changer dans une certaine mesure. Et c'est pour ça que notre relation peut sembler si... mécanique.

- Comment ça ?

Il cherche ses mots. 

- Je pourrais te tuer si j'en avais envie, c'est comme si mes émotions avaient un bouton OFF, tu vois. 

- Oui, je comprends. Mais tu ne vas pas le faire, hein...

Il se met à rire ce qui ne me rassure pas. 

- Non, je n'ai pas de raison. Ce que je veux dire, c'est que ces moments où ses informations sont claires entre nous, que tu sais que je ne suis pas quelqu'un qui pourra forcément avoir les bons mots. On est bons. 

- Je comprends, c'est un peu étrange, mais ça me va. Te rejeter pour quelques choses que tu ne peux pas contrôler, je trouve ça triste, et puis... après cette nuit... je compte bien m'accrocher à toi comme...

- Une sangsue, oui, j'ai compris. 

Dévore-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant