Chapitre 21 : Règlement

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Depuis mon retour, les gouttes de pluie persistaient sans relâche, s'abattant sur Paris avec une intensité presque effrayante. Était-ce un simple déluge météorologique ou bien le présage d'une horreur imminente ? La question suspendue dans l'air, amplifiée par le tintement régulier des gouttes contre les surfaces urbaines, laissait planer une ambiance chargée de mystère et d'anticipation.

Me voilà, une nana avec un afro de ouf. Mes cheveux, ce n'est pas juste une histoire de coiffure, c'est une partie de moi, tu vois ? Une journée comme une autre, les nuages pointent leur nez, annonçant une pluie qui s'invite. Et là, paf, l'angoisse me chatouille.

J'ai bichonné mes boucles comme si c'étaient des bébés. De la vaseline pour garder l'hydratation, un peu d'élixir de coco pour les dorloter en profondeur. Chaque geste, un acte d'amour envers ma crinière. Et maintenant, avec cette pluie qui menace de tout chambouler, je flippe un peu. Les gouttes capricieuses vont-elles ruiner tout ce boulot que j'ai mis dans mes cheveux ?

Je me dis, pendant une seconde, que je pourrais tenter. Avec un peu de chance, la pluie des motifs incroyable, une symphonie déjantée qui mettra en avant la magie naturelle de mes boucles. 

L'examen sera demain, et je n'ai toujours pas parlé à Diego. Je ne suis pas sûre de comprendre, est-ce qu'il m'évite, est-ce qu'il m'en veut ? Est-ce qu'il s'en veut. Demain, si je réussis, je chasserai des démons. Je serais la Buffy contre les vampires, mais aux origines africaines. 

J'abandonne finalement l'idée de quitter la résidence universitaire et hésite à rejoindre Diego. On ne s'est toujours pas parlé depuis ce qu'il m'est arrivée...

Je reste fixé devant sa porte, la main tendue, hésitant à toquer. Je sais qu'il est derrière, c'est l'un des seuls moments où il n'a pas à affronter des monstres.

J'ai peur de toquer, peur de lui parler... Mais je ne peux pas continuer de le fuir, alors, je toque... La porte s'ouvre, le poids de mes poings, et finalement, il est là. 

Ses traits concentrés observent un papier sur lequel il gribouille nerveusement un papier. Torse nu, mes yeux parcourent ce tatouage qui recouvre l'entièreté de son dos. Il ne lève pas les yeux vers moi, jusqu'à ce que je me rapproche. 

- Je peux t'aider, il demande froidement. 

Je reste immobile devant lui, surprise par son ton, alors qu'il continue d'écrire. 

- Qu'est-ce que tu écris, je demande, ç'a l'air important. 

- Rien d'important, il souffla en pliant la feuille avant de se lever. 

J'observais son corps, son torse nu se soulevant à chacune de ses inspirations. Ses yeux sombres, d'un marron foncé, observaient chaque trait de mon visage avec une froideur que je ne lui connaissais pas. Il avait une barbe à présent qui recouvrait son menton. Il était toujours aussi beau. 

- Diego, je ne savais pas vraiment quoi te dire, comment commencer, je suis désolé de t'avoir fait peur, je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé...Je...

- Le jour où tu as disparu, j'ai perdu le contrôle, je voulais te retrouver et ta mère est venu me voir. Elle m'a dit que c'était ma faute si tu avais disparu, que j'étais celui qui avait mis cette idée dans ta tête et le seul responsable de tout ce qui va arriver à partir de maintenant. Et elle avait raison, si tu meurs, c'est ma faute, s'ils t'arrivent quelques choses... C'est ma faute. J'aurais pu avoir n'importe quelle pute qui traîne dans la rue. Tu sais le nombre de meufs qui me suivent sur Instagram, m'envoyant des DM me suppliant de les baiser. Alors... pourquoi...je me suis...réellement inquiéter. 

Dévore-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant