Chapitre 30 : Diego

616 27 2
                                    





DIEGO


Je regardai la femme assise en face de moi, plongée dans son carnet, ses traits calmes et concentrés. Sa présence tranquille contrastait avec le tourbillon d'émotions qui tourbillonnait en moi. Je me demandais ce qu'elle écrivait.

- Je ne suis pas le genre de garçon...d'homme...j'imagine que maintenant que j'ai plus de 20 ans, on peut me qualifier d'homme...Je ne suis pas le genre d'homme qui réussit à avoir de bonnes relations avec les autres...j'ai beaucoup de problème avec ça.

-  Je comprends, elle répond, les relations humaines peuvent être compliquées, surtout lorsque l'on se sent différent ou déconnecté des autres. Mais vous savez, il n'y a pas de modèle unique de ce qu'est un homme, ni de ce à quoi ressemblent les bonnes relations. Est-ce un problème nouveau pour vous, ou est-ce que cette problématique a toujours été là ?

Mon regard se tourne vers le métronome dont le tic-tac régulier remplissait l'air d'une pulsation constante, m'irritant légèrement.

- Non, c'est un sentiment familier, c'est comme si j'étais vide, je crois être trop triste pour ressentir les choses, je suis juste, incapable de fournir l'effort nécessaire. L'école était le pus dur, la primaire, le collège, et tout le reste. Le sentiment de solitude, on ne s'y habitue jamais vraiment, on survit avec lui, c'est tout. Mais, je n'avais pas vraiment besoin de fournir d'effort. Les personnes autour de moi semblaient bien m'aimer, plus que moi-même était capable de m'aimer...vous comprenez, je me suis contenté de suivre le mouvement.

- Mais maintenant, cela a changé, n'est-ce-pas.

- Paris est une grande ville, un peu étouffante. Je ne suis pas sûr que beaucoup de personnes m'apprécient vous savez...j'ai juste....le sentiment de ne pas avoir ma place... Combattre les "méchants", être un guerrier de l'état et affronter le crime...Je ne sais pas vraiment si c'est ce que j'aurais aimé faire. J'ai juste...

- Suivi le mouvement ?

Je n'avais pas l'habitude de parler autant, c'est surtout Princesse qui faiit la conversation, alors, parler de moi, de ce que je ressens.

- Oui....peut-être que je suis ce genre de personne...je suis le mouvement. Je n'ai pas d'amis, peut-être parceque je suis trop fort, trop terrifiant, je pourrais réduire en cendre une nation entière en quelques heures...et avec toute la propagande anti-surnaturel du Partis du Soleil, les humains n'ont plus vraiment confiance.

- Je comprends, votre solitude vous pèse.

- Peut-être. Je n'ai pas d'amis, personne qui s'intéresse particulièrement à mon bien-être. Enfin, j'avais personne, j'ai quelqu'un maintenant. Une fille, ma petite Princesse. Je ne comprends pas vraiment ce qu'elle peut bien voir en moi, elle est plutôt rayonnante, et moi...je suis juste moi...

Elle nota rapidement quelques choses dans son carnet avant de prendre une profonde inspiration.

- Vous faites souvent ça, vous l'avez remarqué ?  Vous utilisez souvent la formulation : "Je suis juste moi". Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Je ne sais pas vraiment, enfin si, que je suis un être avec des défauts, peut être plus de défauts que de qualités, et que je suis incapable de changer ou de m'améliorer, je suis juste condamné à être "juste moi".

- Votre apathie émotionnelle est donc, une sorte de condamnation.

- Oui, et c'est d'ailleurs pour ça que mon père m'a utilisé de cette manière, parce que je n'ai jamais mérité d'être aimé. Et ma Princesse, je ne sais pas non plus. Je ne dirais pas que l'on a beaucoup de chose en commun, mais, je ne sais pas.

Dévore-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant