Chapitre 36 : Un monde sans Dieu

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Jamais je n'ai volé aussi vite. Mon cœur battait violemment dans ma poitrine alors que mes ailes déployées m'aidaient à traverser les parois améthystes de la galerie pour retrouver le monde extérieur.

La sensation du vent fouettant mon visage, la puissance de mes muscles alors qu'ils répondaient à chaque battement d'ailes, c'était comme si j'étais en harmonie avec le cosmos lui-même. Rien ne pouvait égaler la liberté ressentie lorsque je fendais l'air, laissant derrière moi le labyrinthe oppressant de la grotte souterraine.

Pendant une seconde, je manquais d'oublier l'horreur qui m'attendait. Enfin, la lumière éblouissante du soleil m'accueillit à bras ouverts, comme si elle avait attendu patiemment mon retour.

Le monde était en feu...

Paris était en feu.

Combien de temps étais-je parti ? Six heures...

Je contemplais le spectacle apocalyptique qui s'étendait devant moi, le cœur serré par l'horreur de la destruction. Les flammes dévoraient les bâtiments, réduisant en cendres les symboles autrefois majestueux de la Ville Lumière. Les cris de panique et de désespoir résonnaient dans l'air, tandis que les gens fuyaient en quête de sécurité.

Six heures seulement. C'était tout ce qu'il avait fallu pour que le chaos s'abatte sur Paris. Six heures pendant lesquelles j'avais été absent, emporté par des obligations urgentes. Et maintenant, je me retrouvais face à la réalité brutale de ce que j'avais manqué.

Je me tenais au sommet d'un immeuble d'une dizaine d'étages. Où étais-je ? Dans une banlieue ? Merde, j'étais perdu...je n'étais pas doué pour me retrouver et avec la fumée qui avait envahi l'air, dur de se retrouver. 

Je baissais les yeux, observant plusieurs voitures de policiers qui s'étaient arrêté devant un immeuble. Un policier tirait brutalement une femme dont la chevelure était couvert d'un voile et une petite fille qui tomba brutalement sur le sol. Lorsque l'enfant releva les yeux, ses pupilles rouges de vampires ainsi que ses crocs étaient de sortis. Le policier sortit sa matraque avant de se mettre à frapper l'enfant de toutes ses forces, enfant qui hurlait de douleur. 

Mon corps semblait agir de lui-même, comme s'il était guidé par une force invisible, et je me lançai dans le vide sans hésitation. L'instant d'après, je me retrouvai debout devant lui, à seulement quelques pas, saisissant fermement son bras qui tenait la matraque. Une expression de surprise traversa brièvement son visage, mais rapidement, ses yeux s'assombrirent, émettant une aura menaçante.

"Tu oses te mettre sur le chemin de la police", souffla-t-il d'une voix calme, mais chargée d'une autorité indéniable. Ses mots étaient empreints d'un avertissement clair, laissant planer la menace d'une réaction imminente. Pourtant, malgré la tension palpable dans l'air, je ne reculai pas, fixant son regard sombre avec détermination. 

Je sentis les mots s'accumuler dans ma gorge, prêts à jaillir de mes lèvres, mais avant que je puisse répondre, une explosion déchira soudainement le silence de la nuit. Un éclair de feu embrasa l'obscurité, projetant une lueur rouge flamboyante qui envahit l'horizon.

Le bruit retentissant de l'explosion résonna dans l'air, faisant vibrer le sol sous mes pieds et faisant écho dans tout mon être. Instinctivement, je me tournai vers la source du chaos, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine. Dans cette lueur rougeoyante, tout semblait suspendu, figé dans un moment d'incertitude et de crainte. 

Le policier tenta de me frapper à nouveau, mais je le contrais avant de le frapper assez fort pour l'assommer et le faire s'écrouler sur le sol. 

Je posai un genou à terre devant la petite fille, sentant mon cœur se serrer douloureusement face à la tristesse qui émanait d'elle. D'un geste tendre, j'essuyai le sang qui maculait son front d'un revers de la main, tentant de lui offrir un semblant de réconfort dans ce moment de désespoir.

"Ils ont... tué... papa... et... maman...", parvint-elle à articuler entre deux sanglots déchirants. Ses mots résonnèrent dans l'air, empreints d'une douleur insoutenable qui transperçait mon âme. La réalité brutale de ses paroles me frappa de plein fouet, m'arrachant un frisson de terreur.

La petite fille fondit alors en larmes, ses sanglots déchirants se mêlant aux larmes qui glissaient sur le sang recouvrant son visage. Chaque goutte de liquide salé semblait effacer un peu plus de l'innocence qui habitait autrefois ses yeux.

Il fallait que je retrouve Lucy, que je m'assure qu'elle aille bien. 

- Petite, quel est ton nom...

Elle s'appelait Robin, elle avait huit ans, de longs cheveux noirs lisses et des pupilles d'un rouge vampirique, et sans transformations, simplement marrons. Elle n'avait nulle part où aller, elle était tout seul. Je devais m'occuper d'elle...

- D'accord, viens avec moi...

***************

Paris était en feu. Il y avait des voitures de polices dont les sirènes résonnaient brutalement et même l'armée accompagnée de tank qui traversaient les rues. 


En seulement six heures, tout avait changé. Une loi impitoyable avait été adoptée, ordonnant le recensement et l'arrestation de tous les loups-garous et vampires. C'était un fichage digne des heures les plus sombres de l'Europe, une mesure draconienne qui résonnait comme un sinistre écho du passé.

Évidemment, les créatures surnaturelles avaient refusé de se soumettre à cette injustice. Et ainsi, la justice, le gouvernement, le prétendu camp du bien, avait ordonné aux policiers et aux membres de l'armée présents sur le territoire d'agir. Les rues résonnaient désormais du bruit des bottes martelant le pavé, des cris de protestation et des échos des combats qui faisaient rage entre les forces de l'ordre et ceux qui refusaient de se rendre sans se battre.

" Seigneur de Guerre" ne voulait plus rien die, toutes ces personnes que j'avais sauvées, tout cela ne voulait plus rien dire. 

L'immeuble ou vivait Lucy était entouré par les flammes, une gigantesque fournaise entouraient les murs de bétons et rendaient l'accès au lieu impossible. 

Déployant mes ailes avec une urgence dévorante, je m'élançai à travers les étages jusqu'à atteindre enfin le septième, où elle résidait. Sans perdre un instant, je défonçai la porte de son appartement, pénétrant dans l'obscurité oppressante qui régnait à l'intérieur.

Après avoir fouillé frénétiquement chaque recoin pendant une dizaine de minutes qui me parurent une éternité, je la trouvai enfin. Elle était là, couchée sur le sol, son corps meurtri et baignant dans une mare de sang. Les traces de violence étaient évidentes, témoignant de l'atroce agression qu'elle avait subie. Son visage était déformé par la douleur, mais malgré tout, une lueur de résilience brillait encore dans ses yeux.

Le cœur battant la chamade dans ma poitrine, je m'agenouillai à ses côtés, ressentant un mélange de colère impuissante et de détermination farouche.

Il y avait marqué sur le mur avec son sang "Traîtresse à sa race, pute pour vampire et loup-garou". 

C'était ma faute, c'était ma faute. Parce que je l'aimais, parce qu'elle m'aimait, et eux ne l'auraient jamais accepté. 

Je crois que Dieu ne m'aime pas, je crois que je ne l'aime pas non plus, après tout, il a créé les humains, et moi, je suis sur le point de tous les exterminer. 










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