Dévore-Moi

Chapitre 23 : Le deuxième jour

J'avais du mal à saisir la logique derrière l'épreuve finale pour devenir Chasseur, qui ressemblait étrangement à une version de Koh Lanta. Survivre sur une île déserte, avec des monstres rôdant comme des prédateurs prêts à jouer à un jeu de cache-cache mortel. Le simple fait de manquer à chaque instant de se faire décapiter par ces créatures ajoutait une dimension d'angoisse à cette épreuve déjà intense.

Et puis, le simple contact de leurs corps sur le nôtre aurait laissé une trace indélébile sur nos vêtements nous disqualifiant automatiquement. 

Le roux qui m'avait sauvé était un loup-garou, une vérité que je pouvais discerner rien qu'au grognement profond émanant de sa gorge. Malgré sa cécité apparente, ses yeux d'apparence vitreuse peinaient à se tourner vers moi, lui donnant l'impression constante de regarder dans le vide. Cependant, la réalité était bien différente. La transformation en loup-garou lui conférait une vision particulière, ses yeux s'illuminant d'un jaune flamboyant, révélant un regard perçant et acéré.

- Alors, il lâcha en remettant ses lunettes noires pour couvrir ses yeux aveugles, tu vas me remercier de t'avoir sauvé ? 

- Ça me coute d'avoir à le dire, je rétorque, mais c'est vrai que tu m'as sauvé...

- Tu t'es quand même bien débrouillé, il répond en souriant, tu l'as bien affaibli, ses monstres sont d'une force démesurée. 

Oui, c'était la première fois que j'avais a affronté de véritables monstres, et même s'ils étaient les créations de mages, ils semblaient véritablement décidés à nous tuer. 

- Il s'appelle Harry Storm, il était l'un des seigneurs avant de perdre l'usage de ses jambes, sa magie permet de téléporter, lui, son adversaire, un groupe de personnes, ou il veut et à une altitude de son choix, ensuite, les personnes chutent tous ensemble, l'effet de la gravité et de la chute sont annulés, les corps ne s'écrasent pas. 

- C'est un pouvoir vraiment étrange, et comment battre quelqu'un avec un pouvoir pareil ? 

Il réfléchit et sourit nerveusement. 

- Un pouvoir qui ne permet pas de gagner, un pouvoir qui ne permet pas de perdre, il existe plein d'endroit sur cette planète qui tuerait si un homme tombait dedans...tu comprends. 

- Oui, je réponds, mais c'est un double suicide, c'est triste comme pouvoir. 

Je ne sais pas pourquoi il me suit, peut-être veut-il m'aider, ou me piéger, je ne peux pas lui faire confiance, peut-être qu'il me balancera au monstre pour se sauver lui-même. Je ne sais pas vraiment ce que je fais en réalité... 

- Je m'appelle Arthur, il murmure, au cas où, ça t'intéresse, et je suis un loup-garou. 

- Oui, je réponds en souriant, j'ai senti l'odeur, tu sens le chien mouillé...

- Je suis sûr que tu me trouveras un gel douche et un parfum assez puissant pour effacer les odeurs d'un loup-garou, si tu trouves, je suis partant, parceque je pus le putain de furet...

Je m'apprête à lui répondre quand j'entends un bruit, une explosion venant de la plage. Je compte continuer ma route mais Arthur s'élance à sa vitesse de loup-garou vers l'origine des sons. Complexe de héros peut-être ? 

Je souffle nerveusement, passe ma main dans mes nattes que j'attache en queue de cheval avec l'élastique noir que j'avais gardé autour de mon poignet droit, et court après lui. 

La plage, baignée par la lueur argentée de la lune, révèle une nouvelle dimension de sa beauté. Le sable, autrefois éclatant, se pare d'une teinte argentée et scintille comme des étoiles échouées sur la terre. Les vagues, maintenant éclairées par des reflets lunaires, murmurent des secrets mystérieux tandis qu'elles caressent doucement le rivage.

Les palmiers, sous le manteau de la nuit, projettent des ombres élégantes, créant un jeu de lumière et d'obscurité qui danse au gré du vent nocturne. Des étoiles scintillent au-dessus, formant une voie lactée qui s'étend à l'infini. Le parfum sucré des fleurs tropicales se mêle à l'air salin, créant une atmosphère envoûtante qui invite à la contemplation et à la rêverie. La plage, plongée dans le silence de la nuit, devient un lieu de contemplation où la magie de l'île se révèle pleinement.

 Les monstres, d'une taille réduite mais inquiétante, se glissent dans l'obscurité comme des araignées métamorphosées par quelque force étrange.

Ces arachnides démoniaques, dotées de dents acérées, luisent d'une lueur sinistre à la lueur de la lune, révélant une voracité insatiable. Leurs yeux multiples brillent, leurs mouvements sont synchronisés, créant une danse effrayante à mesure qu'ils convergent vers leur proie.

Je veux juste retrouver Diego. 

Et puis, je baisse les yeux, pour apercevoir une fille de mon age, des traits asiatiques, de longes cheveux noirs soyeux, un regard concentré. Les mains tendues, elles contrôlent une armée de lapin blanc obéissant à chacun de ses ordres, de petits lapins blancs qui dévorent les araignées. 

Au cœur du tumulte, elle danse avec une grâce surnaturelle, esquivant habilement les attaques qui fusent de toutes parts. Elle incarne l'image d'une invocatrice puissante, faisant jaillir de sa présence des créatures étonnantes. Autour d'elle, de petits lapins aux yeux étincelants et à la fourrure d'un blanc éclatant émergent de l'ombre, prêts à défendre leur maîtresse.

Arthur l'aide, du mieux qu'il peut, se transformant en bête, frappant le sol. À chaque impact , des tourbillons d'araignées sont projetés dans les airs, créant une danse macabre. Leurs corps délicats, aux teintes pourpres, répandent des éclaboussures de sang violet qui se mêlent aux perles de sable doré, créant une toile de contrastes entre la beauté éthérée de la plage et l'intensité du combat. 

Que cette journée finisse...que je puisse enfin être une chasseuse, et retrouver Diego.