Chapitre 8 : Toi

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Après qu'il m'a fait part de cette anecdote à son sujet, je dois admettre que j'éprouvais une certaine appréhension. Il avait la réputation d'être possessif et violent, et il était plutôt direct à ce sujet. Son honnêteté était déroutante. 

- Parle-moi de ta famille, je lui demande. 

- Je suis le cadet, mon petit-frère a deux ans de moins que moi, et mon grand-frère trois ans de plus. Nous sommes tous les trois des loups-garous, tout comme mes parents d'ailleurs. Mon père est le chef de la Main Noire, une mafia italienne qui a établi son siège en France... après un conflit, pour ainsi dire. J'ai aussi des ancêtres nazis... alors, j'imagine...

Il n'avait pas besoin de terminer sa phrase. En tant que femme noire, j'étais plutôt habitué à certaines choses. Des remarques qui se voulaient simples et gentilles, mais qui cachaient souvent des sous-entendus dégueulasses. La formulation de certaines phrases semblait toujours remettre en question ma légitimité dans certains milieux.

Et puis, le manque de représentation flagrant dans les fictions. Il était difficile, voire impossible, de trouver des romans intéressants ayant pour personnage principal une femme noire. Et j'adorais lire, plus que tout, je me noyais dans les mots des autres, dans leurs histoires, dans leurs esprits. Et pourtant...

Mais surtout, il y avait cette manie affolante dont certains s'étaient permis de plonger leurs mains moites dans mon afro, cette couronne soigneusement travaillée avec mon peigne et mon huile nourrissante à la noix de coco. Comme si mon identité capillaire était une curiosité exotique, une expérience à partager, sans même me demander la permission. Ces mains envahissantes qui paraissaient penser que mes cheveux étaient là pour leur divertissement, comme un spectacle de cirque ambulant.

Enfin, il y a beaucoup de chose que j'avais apprise au fil des années, mais ça... non... j'avais eu l'incommensurable chance de ne jamais me retrouver devant un nazi.

- Je suis désolé, il murmure, mais je pense que l'honnêteté est importante, et je veux que tu sois honnête avec moi, c'est la chose la plus importante pour moi... ça et le sexe bien sûr. 

Il ne perdait pas le nord. 

- Je ne sais pas quoi répondre, j'ai envie de partir en courant, mais je préfère rester. La famille ne devrait pas empêcher une relation entre deux personnes, qu'importent leurs idées. Enfin, qu'est-ce que je pourrais apprendre de plus ? 

- J'aime les séries médicales et les séries policières, je fais de la boxe aussi. Mon livre préféré, c'est L'Étranger, parce que c'est la première fois que je me suis senti aussi compris, mon film préféré, Fury avec Brad Pitt, les gens n'évoquent jamais ce film, je crois que peu de gens l'ont vu. 

- C'est un film de guerre, et c'est la première fois que j'ai vraiment pleuré. Tu sais, quand je pleurais, c'était surtout un moyen de manipuler les autres dus à mon déficit d'empathie et de compréhension des émotions des autres, ce qui signifie que je pleure pour des raisons égoïstes ou manipulatrices, plutôt que par véritable tristesse ou compassion. Ou alors, le pleur peut être un moyen de paraître plus "normal" ou de manipuler les autres en leur faisant croire qu'ils ressentent des émotions qu'ils ne ressentent pas réellement. Mais ce film, putain, ça, c'est mon film. L'eau s'est mis à sortir de mes yeux et j'ai cru que je faisais une allergie. Et toi ?

Je restais suspendu à ces mots. La psychopathie est un trouble complexe de la personnalité, et le comportement des individus peut varier considérablement.

- Moi, je pleure tout le temps, vraiment, je suis une fontaine...

- Oui, ça j'ai remarqué, il me rétorque avec un sourire pervers. 

- Diego, arrête, merde... Enfin, je reprends. Mon livre préféré, c'est Frankenstein, mon film préféré, The Breakfast Club, série préférée, Itaewon Class. Sinon, je préfère les judiciaires, Murder, The Good Wife, Juvenile Justice, New York Unité spéciale. 

Diego n'était pas aussi monstrueux qu'il le disait. Il était à l'écoute, et moi aussi, même si j'avais tendance à me perdre dans la noirceur de ses yeux. Je devais me retenir de ne pas lui sauter dessus. 

Les bar se remplissaient alors que l'heure du dîner approchait. 

 Il émanait de lui une aura de mystère et de complexité qui m'attirait irrésistiblement. Ses paroles étaient soigneusement pesées, et chaque phrase semblait être un puzzle que je voulais résoudre. Il avait ce charme sombre et captivant qui m'intriguait profondément. Ses yeux pénétrants paraissaient dissimuler une multitude de secrets, et je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui se cachait derrière ce regard perçant. Chacune de ses réponses paraissait dévoiler un peu plus de sa personnalité complexe, et je me sentais de plus en plus fascinée par lui, il devenait de plus en plus évident que son esprit était tout aussi captivant que son apparence physique que j'appréciais déjà.

Il devenait de plus en plus flagrant que son esprit était tout aussi captivant que son apparence physique que j'appréciais déjà. Et puis son honnêteté était déroutante, et j'avais un peu peur que cela pose un problème plus tard. Mais je trouvais cette manière d'envoyer foutre le monde assez fascinante. 

********

Ce qui allait surtout poser un problème, c'était son travail. Il était comme un super-héros, et donc, pouvait partir à tout moment pour aller sauver des gens. 

Il avait dû me laisser seul, assise, devant un milkshake à la fraise qui semblait onctueux. Mon regard traversait la pièce, et fut surprise de découvrir Marshall assis près de la porte.

Marshall était un nom bizarre, surtout pour un garçon français. Il était le meilleur ami de mon ex, Marcus. Il était aussi populaire que lui à l'époque de lycée, et aussi séduisant dans une certaine mesure. Mais quand Marcus avait posté toutes ses photos, Marshall m'avait tourné le dos. 

Lorsqu'il me voit ; il s'approche en souriant, comme si rien ne s'était passé, et alors qu'il me fait la bise, je me rends compte que son parfum va rester sur moi... Et alors que je m'inquiète déjà de cela, il me prend dans ses bras. 





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