Chapitre 08.

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Eleandra Woods.

Trois jours plus tard.

Jours 17 - 20h00.


Je n'ai jamais été aussi contente d'entendre la porte d'entrée claquée, je me lève du canapé et pivote vers la porte pour voir le propriétaire des lieux entrer.

Il ne m'adresse aucun regard et se contente simplement de se diriger dans la cuisine, son sac de voyage tombe au sol près de l'îlot central et il se serre un verre d'eau, toujours dans un drôle de silence.

Je m'approche doucement de lui, hésitant à lui parler.

- Tu devrais monter dans ta chambre. Brise enfin le silence sa voix.

Je ne sais pas à quoi je m'attendais après notre appel en milieu de semaine, mais pas à ça, c'est une certitude.

- Pourquoi ? Je demande en m'approchant encore, jusqu'à arriver près de l'îlot central.

- Je ne suis pas d'humeur à t'entendre parler. Grommelle-t-il, le dos tourné.

Je ne peux pas m'empêcher de pouffer de rire, parce qu'il y a des jours où il est d'humeur à le faire ?

- Dommage pour toi, parce que j'ai envie de parler, le seul à qui j'ai parlé ces sept derniers jours, c'est Le Chat, j'ai d'ailleurs décidé de l'appeler Mon Pote, puisque c'est visiblement mon seul pote. Je prononce d'une traître sans prendre la peine de respirer.

Il se tourne vers moi, un regard blasé gravé au visage.

- Tu sais quoi ? Demande-t-il en posant ses coudes sur l'îlot central qui est la seule chose qui nous sépare. Je m'en fous.

Je ne cille pas et reste stoïque face à son manque d'intérêt pour moi.

- Si j'ai répondu à ton appel, c'est uniquement par ennui, ça m'a permis de penser à autre chose l'espace d'une heure la raison de ma venue en Italie. Je me suis servi de toi, et ça s'arrête là.

Ce qu'il dit pourrait me faire mal, mais je sais qu'il ment. Il dormait, je l'ai réveillé, ce qui veut dire qu'il ne pouvait pas s'ennuyer.

- Tu es allé faire quoi à Venise ? Je demande après quelques secondes de silence.

- Tu ne veux pas le savoir. Il répond en se redressant.

Il passe de l'autre côté de l'îlot central après avoir pris ses affaires et se dirige vers l'escalier.

Ma question, cette question qui rôde dans ma tête depuis le début de la semaine, quitte la barrière de mes lèvres sans que je ne puisse le contrôler.

- Tu as été tué une personne ?

Il s'arrête de marcher et se tourne vers moi avec lenteur, me faisant déglutir.

Je ne suis pas stupide, je me retiens de dire. Je sais parfaitement ce que font les gens ici, je sais parfaitement les capacités qu'a demandées Aaron à Hayes, il y a sept jours. Ils font partie de la mafia, la mafia tue des gens, et en acceptant d'être ici, je n'ai pas à proprement accepter tout cela, disons que j'ai fermé les yeux dessus par égoïsme, parce qu'ils pouvaient m'aider.

Hayes se tourne vers moi, je distingue une rapide lueur de surprise traversée ses yeux avant qu'elle ne soit remplacée par un regard assassin et qu'il se mette à marcher vers moi avec une lenteur contrôlée, tel un prédateur avançant vers sa proie.

PROJET  2.0 || TERMINÉE ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant