𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒

07 . soirée artistique

JE TOQUE à la porte de Trent. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. J'ai juste besoin de le voir. C'est tellement étrange.

Mais tant qu'à être aussi prêt l'un de l'autre, autant se voir. Ces derniers jours sans lui ont été longs et j'ai définitivement envie de clore ses six jours d'attente.

La porte s'ouvre. Un petit sourire s'installe sur mes lèvres mais repart aussi tôt quand je vois qu'il ne s'agit pas de Trent. C'est son portrait craché mais ce n'est pas lui. J'en suis sûre.

  A ce moment précis, plusieurs questions se bousculent dans mon cerveau. Devrais-je partir ? Devrais-je rester au risque de me prendre la honte ? Honnêtement, je suis indécise. Je suis face à un choix cornélien.

  — Je peux vous aider ? demande l'homme à la porte.

  Il doit avoir au moins vingt-cinq ans. Il a le même sourire que Trent. C'est certainement son frère.

  — Je repasserai, je réponds à la hâte, m'apprêtant à faire demi-tour.

  — Tant qu'à être là, dites-moi ce que vous veniez faire ici.

  Je me remets face à lui. Je suis tellement gênée que j'en perds mes mots. Il en faut peu pour me mettre mal à l'aise.

  — En fait, je venais voir Trent, je déclare franchement.

  — Oh, je vais le prévenir.

  Je commence à rougir à l'idée de revoir le garçon qui occupe mes pensées depuis que je suis arrivée à Londres.

  — Vous êtes son frère ? je demande, en essayant de prendre un air détaché.

  J'espère vraiment que mes joues ne sont pas écarlates.

  — Ouais. Manuel, enchanté.

  Il me tend sa main.

  — Melissa, je réponds en serrant sa main.

  Manuel marche jusqu'en bas des escaliers.

  — Trent ! s'exclame-t-il. Il y a quelqu'un pour toi !

  J'entends des bruits de pas de là où je suis. A vrai dire, je suis toujours sur le pas de la porte. Je n'ose pas entrer.

  Mon cœur bat un peu plus vite au fur et à mesure que j'entends les pas se rapprocher. J'aime cette sensation autant que je la déteste. Je l'aime parce que j'aime aimer. J'aime avoir un intérêt amoureux. Avoir des sentiments qui me lient à quelqu'un. Mais je la déteste parce que je me sens vulnérable et que je ne contrôle plus mes actions. Mon cœur contrôle mes actions et mon cerveau prend congé.

  Mais là, je l'aime bien cette sensation.

  Quand je vois la silhouette du brun apparaître dans les escaliers, je sens mes jambes se ramollir. J'ai l'impression qu'elles peuvent me lâcher à tout moment. Alors je prends sur moi pour que ça n'arrive pas.

  Il se retourne et j'aperçois enfin son doux visage. Quelques mèches de ses cheveux bruns tombent sur son front. Il est si craquant.

  — Melissa, quelle surprise ! s'exclame-t-il, laissant un sourire prendre place sur ses lèvres.

  Il a retenu mon prénom, ce qui a de quoi faire chavirer mon cœur.

  Je lui souris.

— Salut, je réponds.

— Entre, ajoute-t-il.

Je ne tarde pas à m'exécuter. Je sens le regard de Manuel sur moi. Il a l'air très investi dans cette situation impliquant son cadet.