31 . sous pression

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M'ATTENDAIS-JE à subir tant de pression en postulant à l'école du ballet royal ? Certainement. M'attendais-je à maîtriser aussi mal cette pression ? Probablement pas. Je pensais qu'au fil des années, j'avais trouvé de quoi apaiser mon stress, mais je me trompais. Toute la pression que je ressentais aux Etats-Unis, ce n'était rien à côté de ça.

Mme Roberts est au milieu de la pièce, elle nous donne les dernières chorégraphies du ballet de fin d'année. J'en ai tellement à apprendre. Je reste plantée au sol, complétement démotivée par la masse d'entraînements qui arrivent. Amy a sans doute raison, je devrais expliquer la situation à Mme Cleaver afin de délaisser pour quelques semaines mon job à la librairie.

Mes cernes continuent de naître au bord de mes yeux et je me demande comment je vais réussir à les faire disparaître. Le maquillage l'emportera sans doute sur le sommeil. Mr Dacre surveille toujours mon poids, si bien qu'il me pèse une fois par semaine. Pour l'instant, les nombres inscrits sur la balance sont satisfaisants. Pourvu que ça dure.

D'ailleurs, Mr Dacre entre dans la pièce. Mme Roberts nous dit de nous mettre au boulot. Je me mets à ma place habituelle. Je réunis toutes mes feuilles au sol et construit mon emploi du temps de la matinée au dos d'une d'elles. Je lève les yeux vers Mia, qui est à l'autre bout de la pièce. Elle a l'air de créer elle-aussi son emploi du temps. Mme Roberts nous a séparées afin que nous ne soyons pas tentées de bavarder. Elle nous a dit qu'il n'y avait pas le temps de rigoler au vu du peu de semaines avant le ballet. Il reste l'équivalent de huit semaines. Je connais la moitié de mes danses.

— Mademoiselle Stone, m'interrompt Dacre.

Je me lève et lui fais face. Je ne l'avais même pas entendu arriver.

— Ne vous mettez pas trop de pression. Vous maitrisez vos chorégraphies. Vu votre niveau, tout devrait bien se passer. Vous êtes dans les temps.

J'hoche la tête. Mr Dacre me sourit. Avoir cet échange avec lui me réconforte un peu. Même lui, assez strict, me dit que je suis bien dans les temps. Je me sens un peu mieux. Mais je ne relâcherai aucun effort.

  — Merci, je réponds.

  — Ne relâchez pas vos efforts et vous verrez que tout ira bien.

  J'hoche la tête en signe de compréhension. Puis, il s'en va. Je me rassois par terre, termine mon emploi du temps et me mets au travail.

⋆ ☆ ⋆

  Mia, Clotilde et moi nous sommes installées dans un café après l'école. Nous avons commandé trois Bubble Tea à la pêche. Mia m'avait dit que ceux de ce café étaient délicieux, elle ne m'a pas menti. J'ai rarement goûté une boisson aussi délicieuse.

  — Les filles, est-ce que ça vous dirait d'aller faire du patin ? propose Clotilde avec entrain.

  J'accepte sans aucune once d'hésitation. Mia fait de même.

  Alors, dix minutes plus tard, nous nous retrouvons sur un banc à enfiler des patins à roulettes. Je n'en ai pas fait depuis des années. Pour l'instant, je ne suis pas du tout confiante devant l'ampleur de la piste et les patineurs qui s'y trouvent.

  Le problème avec tous ces endroits-là, c'est que des patineurs pro s'y trouvent et que, par ailleurs, ils vont vite et bousculent parfois des gens en chemin.

  Mia et Clotilde se lèvent naturellement du banc, sans même vaciller. Mia me tend sa main afin que je l'attrape. Peut-être que cela m'évitera de tomber.

  Je me lève doucement, mon corps entier tremblant comme une feuille. Ça commence bien. J'arrive finalement à me mettre debout, m'accrochant, comme une moule sur un rocher, au bras de Mia. La pauvre, j'espère qu'elle n'aura pas trop de trace du passage de mes mains.

  Nous avançons doucement sur la piste, nous tenant les unes aux autres pour ne pas tomber. Maintenant, le plus dur est de ne pas entraîner les filles dans ma chute. Grosse difficulté.

  Lorsque nous entrons sur la piste, la difficulté à tenir debout augmente. Je me tiens au barrière de la piste comme je peux. Le sol est si glissant que je me demande si je vais réussir à l'apprivoiser.

  — Les filles, faut se lancer, suggère Clo en détachant doucement ses mains des barrières.

  Je la regarde faire, incapable de reproduire son geste. Je regarde Mia imiter Clotilde. Si tout le monde s'y met, je n'ai peut-être d'autres choix que de suivre.

  Je détache doucement mes mains, essayant de garder le semblant d'équilibre que j'ai acquis.

  — Tu te débrouilles bien, me félicite Clo.

  Je lui souris, tout en ne me déconcentrant pas. J'essaie de faire de petits pas. Mia et Clotilde commencent à bien se débrouiller. Elles roulent tout en me regardant galérer. Elles font des tours autour de moi, ce qui ne me rassure pas. J'ai peur que l'une d'elle me rentre dedans.

  — Je crois que j'y arrive, je déclare, accélérant un peu.

  Mia et Clotilde m'applaudissent. Puis, nous patinons toutes les trois, nous frayant un chemin entre tous les occupants de la piste. Pas toujours facile.

  Plus les minutes passent, plus nous prenons de l'aisance.

  — J'adore cette musique ! s'exclame Mia par-dessus le son de la musique passant dans la grande salle.

  La salle se plonge dans le noir. Puis des lumières colorées s'allument, plongeant la salle dans une ambiance festive.

  Je peux attester du fait qu'il n'y a rien de mieux qu'une sortie entre copines pour décompresser d'une journée.

Publié le 24/05/24

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant