10 . entraînements

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COMME TOUS les mardis depuis deux semaines, je me rends chez la gente masculine. Heureusement, j'ai découvert que quelques autres filles étaient là pour le ballet aussi. Au moins, je me sens moins seule.

  Quand j'arrive dans l'aile masculine, je suis déjà changée. Je suis passée dans les vestiaires de mon groupe juste avant. Ainsi, ça m'a permis de saluer Mia et Clotilde.

  J'entre dans la salle de danse, retire mes chaussures et les troque contre mes chaussons de danse.

  Je souris à Marcus, qui parle avec un ami à lui. C'est à lui que j'ai parlé en premier quand je suis arrivée dans ce groupe. Il m'a présenté tout le reste de son groupe.

  Je pose mon sac dans un coin de la salle et met mon iPhone en « ne pas déranger ». Puis je m'assois sur le banc, attendant que les autres filles du groupe arrivent.

  Evelyn arrive. Quand on s'est rencontrées, elle m'a dit de l'appeler Evy, parce que c'était plus court et plus joli, d'après elle.

  Je me lève et souris à Evy, qui me rend mon sourire.

  — T'es là depuis longtemps ? me demande-t-elle.

  — Deux minutes. Comment tu vas ?

  Elle hoche la tête.

  — Très bien ! Et toi ?

  — Pareil.

  Elle rejoint le coin de la salle où j'ai mis mon sac et dépose le sien à côté.

  Evy est dans l'autre groupe des dix-sept / vingt ans. C'est pour cela qu'on ne s'était jamais vue. Elle aussi est arrivée cette année, ce qui est très réconfortant. Je ne suis pas la seule à avoir débarqué ici aussi tard.

  Elle s'assoit par terre. Je la rejoins.

  — Encore dix minutes. C'est trop nul de devoir arriver aussi tôt alors que le prof prend tout son temps.

  Mr Dacre, pour le peu que je le connais, n'est pas ponctuel et est très strict. Mme Roberts à côté est un enfant de cœur.

  Mr Dacre est le mari d'une professeure de danse des douze / quatorze ans. J'ai vaguement parlé à cet homme quand je suis arrivée. Il m'a juste indiqué comment nous allions procéder aux répétitions et après, il s'est volatilisé. Ce qui fait que je le connais très peu.

  Dix minutes plus tard, il arrive enfin. Comme Mme Roberts, il a toujours des dizaines de papiers dans les mains. Il a un air condescendant. Il sait se faire respecter, sans aucun doute. Mais ça ne lui donne pas du tout une bonne image. Peut-être qu'il est adorable, mais ce n'est pas avec cette image qu'il va nous convaincre.

— Bonjour à tous ! commence-t-il en posant ses feuilles par terre.

Mr Dacre est très organisé. Ses feuilles sont toujours rangé en paquet et en haut de sa pile, il a le programme de toutes les tâches à effectuer dans sa journée.

Evy et moi nous levons, en même temps que toutes les autres personnes présentes.

— Je vais vous distribuer des feuilles qui vous indique tout ce que vous devez faire aujourd'hui. Je passerai vous voir chacun à votre tour et si vous avez des questions, vous n'hésitez pas.

Il attrape un paquet de feuilles et distribue un exemplaire nominatif à chacun. J'ai toujours le même sentiment de fierté quand je vois mon prénom à côté de mon rôle. C'est le rôle principal du ballet, ce n'est pas rien.

— Je vous laisse vous éparpiller dans la salle. Au boulot ! termine-t-il.

Je me dirige vers le coin où j'ai laissé mon sac. J'aime bien l'avoir en vu, je suis un peu parano sur le fait de me le faire dérober.

Evy se place à côté de moi.

— Les filles, nous interpelle le professeur. Ne vous mettez pas ensemble, vous allez davantage rigoler que travailler.

— Oui, mais c'est plus entraînant de travailler à deux, réplique Evelyn.

Je ne sais pas où elle trouve son courage de répondre à Mr Dacre. Il me fait trop peur.

Il reprend son air condescendant qui le définit si bien.

— Je ne vous ai pas demandé votre avis, jeune fille.

Evy soupire et pars à l'autre bout de la pièce. Mr Dacre reste planté devant moi.

— Je vais commencer par vous. Montrez-moi comment vous vous débrouillez sur les pas que je vous ai notés.

Je ressens une pointe de stress. J'ai toujours l'impression de rater mes mouvements quand il me regarde. Pourtant, quand je suis seule, tout va bien mais dès qu'il est là, j'ai l'impression qu'il juge négativement chacun de mes mouvements. Je comprends qu'il veuille la perfection, mais c'est juste démotivant.

J'attrape la feuille et analyse les trois premiers mouvements. Je la repose au sol et commence l'enchaînement, sous l'œil attentif de Mr Dacre. Une fois l'enchaînement terminé, je le regarde et attends qu'il me donne son verdict.

— Vous pouvez encore vous améliorer.

De là s'en suit une liste de conseils, que j'imprime dans ma tête. Je les recopierai une fois qu'il sera parti.

— Réessayez maintenant, avec toutes les pistes que je viens de vous donner.

Je recommence alors l'enchaînement. Il s'agit des premiers mouvements de l'acte un. C'est tellement excitant dit comme ça.

Je sens que mes mouvements étaient mieux que la première fois.

— C'est déjà mieux, me félicite-t-il. Continuez vos enchaînement et je reviens voir tout à l'heure.

Mr Dacre s'en va rejoindre un autre élève. Ce n'était pas si horrible que ça. Je m'asseois rapidement et note les conseils qu'il m'a donné. Puis, en me relevant, je croise le regard de Marcus, qui est juste à côté de moi.

— Tu t'habitueras à Dacre, m'assure-t-il.

Je commence mon quatrième mouvement. Un levé de jambe. Je suis très souple ce qui est un gros point positif pour cette figure. C'est une des figures que je maitrise le mieux. Avec ma prof de danse du collège, j'étais toujours l'exemple pour les mouvements qui nécessitaient beaucoup de souplesse.

— Pas le choix, je réplique.

— Quand il est de bonne humeur, il peut être cool.

— Il est de quelle humeur là ?

— Il est normal. Il a son humeur de tous les jours.

— Et ça lui arrive de sourire ? Je veux dire, pas pour se payer la tête d'un élève.

Marcus hausse les épaules.

— Une fois tous les six mois. Et sans doute aux ballets de fin d'année aussi.

Marcus a ce professeur depuis deux ans maintenant, d'après ce qu'il m'a dit le jour de notre rencontre.

— Marcus, Melissa, ce n'est pas l'heure de se déconcentrer ! s'exclame Mr Dacre depuis l'autre bout de la salle. Sinon, je change de place à l'un de vous.

Marcus lève les yeux au ciel une fois que le professeur à tourné sa tête.

— Tellement ennuyant, chuchote-t-il.

Je le regarde d'un air amusé.

— Et pourtant, je tiens à ma complicité naissante avec lui alors chut, ne me déconcentre pas, Marcus.

— C'est pas parce que vous ne vous entendez pas qu'il va t'enlever ton rôle. Il est sympa de ce côté-là.

— Je ne veux pas tester. On reparle à la pause.

— T'es juste à côté et on est obligé d'attendre la pause pour se parler, c'est si triste la vie.

Je rigole. Je me penche et attrape ma feuille. Puis je regarde Evy, qui a l'air imperturbable. Je devrais faire comme elle.

Publié le 29/03/24

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant