32 . pause méritée

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MES HEURES journalières de travail à la librairie touchent à leur fin. Il est dix-sept heures cinquante-cinq. Mais, ce soir, je vais demander à ma patronne si elle peut au moins réduire mes heures de travail, si ce n'est me mettre en arrêt, quitte à perdre du salaire.

La situation devient déjà ingérable, alors si je pouvais me libérer un peu de temps, ce serait le top du top. J'ai déjà prévenu Mme Cleaver que je souhaiterais la voir après le boulot.

Je range les derniers livres dans leur bons rayons. Il n'y a plus de client dans la librairie, et je doute que nous en revoyions un avant demain.

— Mademoiselle Stone, m'interpelle Mme Cleaver.

Je sors du rayon où je suis. Elle est à la caisse, effectuant les comptes de la journée, comme à son habitude.

— Vous vouliez me parler de quelque chose ? demande-t-elle.

J'hoche la tête puis me rapproche d'un pas rapide du bureau. C'est un peu délicat de demander ça. Je déteste devoir faire ça. Je n'ai pas envie que ça la dérange, ou que ça la mette dans une situation délicate elle-aussi. Mais, en même temps, c'est pour mon bien.

Je prends une discrète inspiration afin de me donner du courage. Maman m'a conseillé d'être claire, de bien articuler et de ne pas être stressée. Elle m'a dit que Cleaver était très compréhensive et qu'elle ne m'en voudrait pas.

— Mon ballet de fin d'année avec l'école a lieu dans quelques semaines. Les ballets de fin d'années sont ceux que nous travaillons le plus. Dans le ballet qui m'a été attribué, j'ai le rôle principal. Le ballet est intitulé Paquita, peut-être que vous connaissez.

— Bien-sûr, c'est un ballet très connu. Et très beau. Je viendrai sans doute vous voir danser, alors. Je devine qu'avec vous, je ne serai pas déçue.

J'acquiesce. Son timbre de voix doux me rassure. Je ne l'imagine pas me râler dessus si l'information que je m'apprête à lui dire ne lui plaît pas.

— Vous êtes la bienvenue, je réplique en lui souriant sincèrement. Et donc, je dois beaucoup travailler sur la prestation que je donnerai le jour J. Surtout que le rôle principal et le personnage de Paquita sont complexes. Il y a tout un tas de mouvements à retenir. Et parfois, c'est dur de trouver du temps pour s'entraîner. Il y a, certes, les heures de classe, mais c'est impossible de se limiter à cela. Je dois aussi m'entraîner les week-ends, les soirs de semaine... Et justement, là est la raison pour laquelle je suis devant vous en ce moment-même.

Mme Cleaver hoche la tête de temps à autre. Je pense qu'elle a compris où je voulais en venir. En même temps, après toutes mes explications, ça paraît logique.

— Je me demandais s'il serait possible de diminuer mes heures de travail. Après, je ne veux pas que cela vous dérange, évidemment. Il faut que ce soit dans la mesure du possible, j'ajoute, oubliant presque d'articuler sur ces dernières phrases. En tout cas, ce serait génial, et ça me laisserait un avantage de temps considérable pour réviser mes chorégraphies avec les autres danseurs après les cours.

— Melissa... Est-ce qu'au lieu de venir cinq jours par semaine, tu préférerais ne venir que deux jours par semaine ? Le mercredi et le vendredi sont les jours où il y a le plus de monde. Mais les autres jours de la semaine, je peux me débrouiller seule. Et, je devine qu'après votre ballet, vous reviendrez travailler.

Cette proposition me convient à merveille. Mme Cleaver n'a pas l'air embêté, ou alors elle ne le montre pas. Je lui revaudrai ça.

— Oh, ce serait parfait, je réponds, ne cachant pas ma joie.

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant