12 . réconfort

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UN MOIS me sépare de la représentation du Lac des Cygnes. Les semaines passent vite et les entraînements deviennent de plus en plus intenses.

  Je ferme le store de ma chambre. Je n'aime pas danser en me sentant observée par les passants de la rue. La plupart ne s'attardent pas mais c'est mon côté paranoïaque qui me souffle de faire cela.

  J'allume mon application de musique et mets la partie du ballet qui me concerne. Il est dix-huit heures quinze, je rentre tout juste de la librairie. Elle tourne beaucoup en ce moment. En même temps, cet endroit est un vrai havre de paix. Tous ces livres qui n'attendent que d'être achetés et toutes ces pages qui n'attendent que d'être lues... Je ne m'en lasserai jamais.

  Je commence à danser. Mais ça ne dure qu'à peine dix minutes étant donné que quelqu'un toque à la porte d'entrée.

  — Je vais ouvrir ! s'exclame Amy.

  Je l'entends descendre les escaliers. J'ouvre discrètement la porte de ma chambre pour écouter.

  — Oh, Trent ! je l'entends saluer.

  Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je referme vite la porte de ma chambre et ouvre mon dressing à la recherche de vêtements qui pourraient faire l'affaire. Je trouve une robe en laine noire. Je l'enfile. J'attrape un collant noir et enfin, j'enfile mes bottines. Je vérifie que mon chignon est toujours en place, et je descends.

Arrivée en bas, je le vois, assis sur le canapé. Amy est debout à côté du canapé, faisant la conversation avec lui en attendant que j'arrive. Amy se retourne en première vers moi. Elle me lance un regard amusé face à mon rapide changement de tenue.

Puis Trent se retourne à son tour, un sourire aux lèvres. Je lui rends son sourire.

— Salut, je commence en m'approchant du canapé pour lui faire la bise.

— Je ne te dérange pas ? me demande-t-il.

Il ne me dérange jamais.

— Non, c'est bon. Ne t'en fais pas.

Je croise encore une fois le regard d'Amy, qui se moque ouvertement de ma façon d'agir avec lui. Je sens déjà l'interrogatoire arriver demain matin.

— Je vais vous laisser ! annonce Amy en montant.

Je m'assois à côté de lui sur le canapé.

— On est mardi, t'as un jour d'avance, je déclare en lui souriant.

— On n'est pas obligé d'attendre le mercredi pour se voir.

  Mon cœur loupe un battement. J'ai peur de rougir. Que penserait-il de moi en me voyant rougir ? Mon cœur bat si fort que je suis effrayée à l'idée qu'il puisse l'entendre de là où il est.

  Il faut que je relativise. J'ai tendance à tout exagérer. Inspire. Expire.

— C'est vrai, je réponds d'une voix peu assurée.

— Bon, c'est dans un mois tout pile ton spectacle. Comment tu te sens ?

  Une chose est sûre, je me sens mieux depuis qu'il a lancé un nouveau sujet. Je vais pouvoir retrouver une couleur normale — si ce n'est pas déjà le cas. Je n'ai pas de miroir à portée de main. Et c'est peut-être aussi bien.

— Trent, c'est un ballet, je rectifie gentiment. Il y a une grosse différence.

Il hausse les épaules.

— Je ne la vois pas ta différence.

Je prends un faux air offensé, le faisant rigoler. Les gens ont tendance à confondre le mot « spectacle » et le mot « ballet ». Or, ce sont des termes biens différents. Je suis exaspérée à chaque fois que j'entends quelqu'un confondre ces deux mots.

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant