𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒

39 . black hawks

TRENT ET moi sommes aux portes du gymnase, nous apprêtant à rentrer. Il y a déjà beaucoup de monde. En effet, il s'agit d'un match important pour l'équipe de Cameron alors beaucoup de personnes ont fait le déplacement.

  J'ai hâte de voir ce match de basket que Cameron m'a décrit comme "inoubliable" et "plein de rebondissements". Il a dit qu'il y avait beaucoup de chance que j'aie le souffle coupé avec toutes les émotions que je traverserai au fil du match.

  Nous entrons dans le gymnase, qui est très grand soit dit en passant. Sur le terrain, il y a quelques adultes qui parlent entre eux. Mais la plupart sont dans le mini-bar installé dans le gymnase exprès pour l'occasion.

  Trent attrape ma main et nous marchons ensemble jusqu'au troisième rang. Heureusement, je suis derrière des gens qui sont plus petits que moi alors j'ai une vue dégagée sur le terrain.

  Depuis notre discussion à cœur ouvert avec Trent, les choses ont changé. On fait tout pour que les choses soient comme avant, mais il y a une fracture bien visible. Parfois, je me demande si je suis la seule à vouloir que cette relation fonctionne. Peut-être que je préfère imaginer que lui aussi y met du sien. Peut-être que ça me réconforte de penser que je ne suis pas la seule à faire des efforts.

  D'ailleurs, une fois que nous sommes assis, nous ne parlons pas comme nous l'aurions fait avant. C'est calme entre nous, comme si nous n'avions plus rien à nous dire. Il a un air fermé qui n'appelle pas forcément à la discussion. J'ai l'impression de passer mon temps à le prendre avec des pincettes pour ne pas le chiffonner. Mais lui, est-ce qu'il me prend vraiment avec des pincettes ? Est-ce qu'il se préoccupe de mes besoins et de mes sentiments ? Parfois, je me pose la question. Et juste après, je me dis que je me complique la vie et que c'est juste sa façon d'être. Parce que c'est ce que j'ai envie d'espérer et c'est ce dont je me convaincs.

  — Tu as hâte de voir ce match ? je demande à Trent.

  Il hoche la tête sans m'adresser un regard. J'ai l'impression d'être inexistante. Soudain, mon cœur se brise dans ma poitrine. J'ai l'impression d'être une idiote. Quelle genre d'imbécile serait encore à ma place aujourd'hui ? Quelle genre d'imbécile resterait avec un garçon qui a si peu d'estime pour elle ?

  Je me lève du gradin et en descends d'un pas rapide. Sans lancer un regard vers Trent, je me dirige vers l'extérieur. Quelle idiote j'ai été de continuer à y croire. Qu'est-ce que j'imaginais ? Que j'arriverais à le changer ? Bon Dieu, que d'espoirs qui m'ont animés pendant des mois.

  Arrivés dehors, je prends une bonne gorgée d'air frais. J'ai l'impression que cette relation est le gros point noir à côté de la pression engendrée par le ballet. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus ces deux points noirs s'agrandissent. Et plus ils s'agrandissent, plus ils prennent de la place dans mon esprit et encombrent mes autres pensées.

  Je déteste aimer Trent. Son enfance ne pardonne pas toute la peine qu'il me cause. Pourquoi je n'arrive pas à le détester ?

  J'entre à nouveau dans la salle et me rassoit à côté de Trent. Je ne sais si je peux encore l'appeler « mon petit-ami ».

  Il est sur son téléphone. Il lève le nez de son téléphone en me voyant arriver. Je dois avoir l'air stupide.

  — Il reste combien de temps avant que le match commence ?

  — Quatre minutes, répond-t-il après avoir jeté un œil sur son téléphone. Tu étais partie où ?

  — Dehors.

  — Pourquoi ?

  — Il fait chaud dans ce gymnase.

  Il ne s'excuse pas. Il ne reconnaît pas son erreur. Il en est incapable.

  Les deux coachs arrivent sur le terrain, des grands sourires aux lèvres. Pas trop tôt. Tous les supporters applaudissent, je les imite.

  Je remarque quelques regards froids envers le nouveau coach de l'équipe adverse. Cameron m'avait expliqué que, par sa faute, son équipe avait chuté dans le championnat. Et ça semble être impardonnable pour eux. Pauvre coach. Pourtant, il a l'air de bien le vivre vu son sourire. Mais finalement, on peut cacher tant de choses derrière un sourire. Le sourire que j'arbore actuellement est un bon exemple à cet argument.

  — Mesdames et messieurs, bienvenue ! s'exclame un des deux coachs. Nous vous souhaitons une très belle après-midi devant la rencontre tant attendue entre les Black Hawks et les Red Bulls !

  Cameron fait parti des Black Hawks. D'ailleurs, les maillots de son équipe sont très beaux. Beaucoup mieux que ceux de nos adversaires du jour.

  Une nouvelle vague d'applaudissement retentit. Finalement, un vrai sourire s'empare de mes lèvres face à l'ambiance qui ne semble qu'accroître.

  Les Red Bulls entrent en premier en trottinant sous un tonnerre d'applaudissements et de cris. Ils se mettent au fond du gymnase afin que l'équipe que je suis venue supporter puisse avoir de la place pour entrer. Evidemment, je m'abstiens d'applaudir, comme la moitié du gymnase. Les supporters des Black Hawks miment des mines de dégoûts, ce que je trouve plutôt amusant.

  Puis, sous un second tonnerre d'applaudissement et de cris, l'équipe de Cameron entre enfin. Etant le capitaine, c'est lui qui entre en premier.

  Une fois que tous les joueurs sont en place, les deux coachs se replacent au centre de gymnase.

  — Que le match commence ! s'exclame le coach des Black Hawks.

⋆ ☆ ⋆

  Le match vient de toucher à sa fin et ce sont les Black Hawks qui sont sortis vainqueurs avec un score de 103 contre 101. Jusqu'au dernier moment, le suspens durait. Ce match était fantastique. Cameron avait raison, je suis passée par toutes les émotions.

  J'ai été contente de voir un sourire sur le visage de Trent tout au long de la rencontre. Il avait l'air très investi et son air fermé semblait s'être envolé.

  Les supporters, toutes équipes confondues, descendent sur le terrain. Trent et moi nous lançons un regard complice avant de descendre à notre tour sur le terrain. Au vol, il attrape ma main pour ne pas me perdre dans la masse de personnes. Nous rejoignons Cameron, des grands sourires aux lèvres.

  Cameron a été un des maillons forts de l'équipe pendant ce match. Il est l'auteur d'une bonne partie des paniers et de plusieurs passes décisives.

  Quand il se retourne et nous aperçoit, il trottine jusqu'à arriver à notre niveau. Trent lui fait une poignée de main avant de le serrer dans ses bras. Je me contente de lui sourire.

  — Tu avais raison, ce match était génial ! je m'exclame.

  — Devinez quelle équipe est montée à la troisième place du championnat ?

  — Non ? Vous avez dépassé les Red Bulls ? demande Trent avec ébahissement.

  Cameron sourit de toutes ses dents.

  — On a dépassé les Red Bulls ! répète-t-il sur un ton jovial.

  — Félicitations ! s'exclame Trent en reprenant son meilleur ami dans ses bras.

  — On va avec l'équipe au bar pour fêter ça, vous venez ? propose Cam.

  — Ca me tente, j'avoue avant de regarder Trent.

  — Pareil !

  Parfois, je regarde Cam et je me demande comment c'est possible qu'un garçon comme lui n'ait toujours pas de petite-amie.

  Trent passe son bras sur mes épaules et embrasse ma tempe. Les choses rentrent peut-être dans l'ordre entre nous. Dans notre relation, il y a un tas d'impasses. Mais il y a aussi un tas de moments joyeux et d'amour.

Publié le 03/06/24