11 . des bonbons ou un sort

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MIA TENTE désespérément de me convaincre d'aller toquer aux portes pour avoir des bonbons. Depuis cinq minutes, je tente de la convaincre que nous sommes trop grandes pour faire ça.

Finalement, elle a délaissé l'idée de faire une grande fête chez elle et a privilégié la piste d'une soirée film d'horreur. Du coup, elle nous a invité, Clotilde et moi.

Clotilde n'entre pas dans le débat, déclarant que « tout lui va ».

— L'esprit d'Halloween, c'est d'aller chercher des bonbons chez les gens, reprend-t-elle.

— Elle a raison, intervient Clotilde.

Je lève les yeux au ciel. Une contre deux. Je regarde le déguisement de pirate que je porte. Je suis bien apprêtée pour sortir alors, ça créera de nouveaux souvenirs entre nous trois. Finalement, ça peut le faire.

— OK, on va y aller, je cède.

Je me lève du lit et me place en face du miroir. Mon costume est parfait.

— On prend un sac chacune ? demande Clotilde.

Mia acquiesce.

— Ma sœur a des petits sacs qui feront l'affaire.

La maîtresse de maison quitte sa chambre et se rend dans celle de sa petite sœur. Ses parents et sa petite sœur sont partis voir un film d'animation au cinéma pour nous laisser la maison vide quelques heures.

Deux minutes plus tard, Mia revient avec trois sacs en forme de citrouilles. J'en attrape un.

Mia s'est déguisée en vampire et Clotilde a opté pour un déguisement de Onze, dans la série Stranger Things. Elle a la tenue que portait Onze quand Mike lui a passé les vêtements de sa sœur et qu'elle a mis une perruque blonde avec.

Nous descendons toutes les trois jusqu'au rez-de-chaussée, enfilons des chaussures et quittons la maison, après avoir éteint la lumière du hall.

Il fait froid dehors et je dois dire que je ne m'y attendais pas. Il faisait si chaud à l'intérieur. Mais si je mets une veste, ça va gâcher ma tenue alors, comme on dit, il faut souffrir pour être belle. Il fait déjà totalement nuit et la rue est éclairée par des lampadaires. Plusieurs enfants sont là avec leurs parents, parmi plusieurs groupes d'ados aux déguisement tous aussi farfelus les uns que les autres.

Mia nous conduit jusqu'à la maison de ses voisins. Je sonne. Quelques secondes plus tard, un vieil homme vient nous ouvrir.

  — Des bonbons ou un sort, nous affirmons en même temps, essayant en vain de prendre des airs effrayants.

  — Je vais prendre l'option bonbons, rigole-t-il en attrapant un paquet sur le meuble du hall d'entrée.

  Il pioche des Arlequins dans son sachet et les glisse dans nos sacs.

Mia habite à Notting Hill. J'adore ce quartier depuis que j'ai vu le film avec Julia Roberts. J'adore cette actrice.

  Nous faisons le tour des maisons pendant au moins quarante minutes encore. En rentrant, nos sacs sont pleins à craquer.

  Une fois la chambre de Mia retrouvée, on vide tous les bonbons dans deux grands saladiers. On ne risque pas de mourir de faim. On risque surtout de devenir diabétique. Elles risquent de le devenir. Je ne mangerai pas de bonbon, pas même pour Halloween. Je ne peux pas me permettre. C'est ainsi. Il faut faire des concessions pour garder la ligne.

  — On se raconte des histoires d'horreurs ? propose Clotilde, assise en tailleur sur le tapis.

  — Ouais ! je réponds à l'unisson avec Mia.

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant