37 . fragilisation

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LE BALLET approche de plus en plus. Les entraînements sont de plus en plus intense. Je dois penser à mille et une chose à la fois. C'est très éprouvant.

Je me divertis comme je peux en profitant avec Mia et Clo, et aussi avec le développement de la relation entre mon petit frère et ma colocataire. Voilà une trope qui me plaît beaucoup.

Et il y a Trent. Depuis qu'on a vu Cameron, il est différent. Quand on parle, j'ai l'impression d'avoir un glaçon en face de moi. Très honnêtement, j'en ai marre de dépendre de ses états d'esprits. Je sais que ce n'est pas de sa faute mais, un jour il est super heureux et, brutalement, le lendemain il est froid comme la glace. Je fais de mon mieux pour que le soleil reste au-dessus de sa tête en permanence mais, s'il ne fait pas d'effort pour qu'il en soit ainsi, tant pis pour lui.

  Je suis devant la porte de Trent, prête à toquer. Il est dix-neuf heures. Nous avons tous les deux terminés nos journées de cours. Et, comme nous sommes vendredi, nous avons tout le week-end pour faire nos devoirs.

  Je ne l'ai pas consulté avant de venir. Mais, d'après ce que j'ai pu en déduire au vu de ses messages, il est chez lui. D'habitude, nous essayons de nous voir le plus possible, d'autant plus que nous sommes voisins. 

  Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Qu'est-ce qui cloche dans notre relation ?

  Je donne trois coups sur la porte. Je pourrais sonner, mais je préfère d'abord toquer. J'entends des bruits de pas derrière cette dernière, m'indiquant que mes tocs ont été entendu.

  Manuel ouvre la porte et m'adresse un grand sourire en me voyant.

  — Melissa ! Entre !

  Il a l'air d'être de très bonne humeur, c'est très agréable. Il porte une chemise hawaïenne rouge claire, qui change de ses chemises roses saumon ou bien bleue ciel.

  — Trent ! s'exclame-t-il. Il est encore en train de dessiner, ajoute-t-il à mon égard.

  — En tout cas, je constate que t'as déjà sorti les vêtements d'été.

  — Dès que les beaux jours pointent leurs nez, je ne peux pas m'empêcher de partager mes bonnes ondes avec une jolie chemise hawaïenne, un beau sourire, et un verre de vin blanc.

  — Les vacances avec toi, ça doit être une sacré expérience.

  — Tu adorerais.

  Trent dévale les escaliers. Il s'arrête à mon niveau. Il hésite une fraction de seconde avant de m'embrasser. Manuel semble surpris par le manque de détermination de son frère. Mais il ne dit rien.

  — Montons, suggère Trent, un tout petit sourire aux lèvres. A plus, Manu.

  — A plus, Trissa.

  — Ne refais plus jamais ça, j'affirme d'un ton amusé.

  — Non, c'est clair, renchérit mon petit-ami avant de soupirer d'exaspération.

  Je pouffe de rire devant sa réaction. Je trouve que la blague de Manu était amusante mais Trent a l'air de l'avoir vue sous un autre angle.

  Quand je dis qu'il est différent, voilà de quoi je parle. Il n'a plus aucun sens de l'humour et il ne me fait plus sourire comme avant.

  D'habitude, quand on monte les escaliers, il me tient la main. Aujourd'hui, il n'a même pas essayé de l'attraper. Il marche simplement devant moi, sans un mot. Il tourne dans sa fabrique à dessin. Je le suis.

  — Qu'est-ce qui cloche ? je demande sans détour en m'appuyant sur le mur.

  Il hausse les épaules après s'être assis sur sa chaise. Je ferme la porte de la pièce.

— Est-ce que tu m'aimes ? je continue.

Un silence pesant s'installe dans la pièce. Trent fait tout pour que nos regards ne se croisent pas.

Quelques secondes passent avant que je ne reprenne la parole.

— Trent Bennett, est-ce que tu m'aimes ? je répète un peu plus fort, afin qu'il comprenne que j'ai vraiment besoin de le savoir.

— Écoute... marmonne-t-il sans faire l'effort d'articuler.

— Si tu ne m'aimes pas, je partirai. Et tu n'auras plus besoin de me voir. Mais je veux m'assurer que mes soupçons sont vrais. Est-ce que tu m'aimes ? Est-ce que tu m'as déjà aimé ? Qu'est-ce que tu attends de moi ?

Il attrape un crayon sur son bureau et joue avec. Il relève un peu la tête et prend une légère inspiration.

— Je ne t'aime pas comme tu m'aimes. Je ne t'ai jamais aimé comme tu m'aimes.

Je sens mon cœur se briser dans ma poitrine. Les larmes me montent au bord des yeux. J'ai l'impression de me prendre un couteau dans le dos. J'ai l'impression d'avoir été prise pour une idiote pendant de longs mois. Je l'ai présenté à ma famille, j'ai parlé de lui à tous mes proches comme l'homme idéal pour, au final, entendre ces mots dévalorisants.

— Je ne t'aime pas pour qui tu es. Je t'aime pour ce que tu me fais. 

  Je le regarde, désarçonnée et en colère. Ai-je vraiment mérité cela ? J'ai toujours été sincère avec lui. Je lui ai toujours dit ce que j'avais sur le cœur en espérant qu'il fasse la même chose.

  — Mais je crois que veux que notre couple continue, termine-t-il dans un murmure.

— Tu crois ? C'est tout ? Putain, Trent, j'en ai marre de dépendre de toi !

— Je ferai des efforts ! s'emporte-t-il en se levant de sa chaise.

— Quand tu me disais que tu m'aimais, c'était juste du mensonge.

Il lève la tête et regarde son plafond, comme s'il allait lui donner des réponses à ses questions.

— Je pensais que je le pensais ! se défend-t-il. Mais tout ce que je t'ai dit, je le pense sincèrement. Tu es géniale et, je veux qu'on essaye de faire durer notre relation. On ne sait pas de quoi l'avenir est fait.

Il croise enfin mon regard. Je suis agacée par son comportement. Mais je n'arrive pas à lui en vouloir. Je suis tant aveuglée par l'amour que j'ai pour lui que je veux juste poser un joker sur la situation. J'ai déjà tant de poids sur mes épaules, je ne veux pas en rajouter un. 

  Je me résous à penser que s'il m'aime pour l'effet que j'ai sur lui, c'est qu'il a tout de même de l'estime pour moi. En fait, je n'en sais rien. Je suis complétement perdu. J'ai tellement de choses en tête en ce moment que je n'ai pas la force de réfléchir à notre relation. Et en même temps, quand j'ai besoin de soutien, je pense d'abord à Trent. Quand je sens que je vais tout lâcher, je pense à Trent. Il est mon ange-gardien.

— On a tous des problèmes, Trent. Tu n'es pas le seul à en avoir. Et ne pas t'avoir dans ma vie constituerait un problème de plus. Alors, on n'a qu'à essayer. On n'a qu'à rester ensemble et voir ce que ça donne. Mais c'est la dernière fois que j'essaierai. Après, si ça continue sur cette voix, nous romprons définitivement. C'est clair ?

Il hoche doucement la tête.

— Merci, chuchote-t-il.

Il s'approche de moi et me demande par le regard s'il est autorisé à m'embrasser. Je lui fait comprendre que sa requête est acceptée. Il pose alors ses deux mains sur mes hanches et m'embrasse. 

Je ne sais pas à quoi notre relation est destinée à ressembler, mais je n'ai pas peur d'un avenir avec lui. Je sais que nous finirons par trouver nos marques.

  Je suis amoureuse de l'amour. J'ai besoin d'aimer et d'être aimé pour être heureuse. C'est mon essentiel.

Publié le 01/06/24

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant