MME CLEAVER m'a chargée de ranger les livres en rayon pendant qu'elle s'occupe des clients. Alors je déambule dans la librairie, regardant par-ci par-là les couvertures des livres.
En ce moment, tout se passe à merveille dans ma vie. Trent est présent. Amy, Mia et Clotilde aussi. Tout est parfait.
Mme Cleaver a encore mis le chauffage au maximum dans la librairie. J'ai l'impression d'être dans un désert aride. Il doit être dix-sept heures. Les clients ne se bousculent pas ce soir. Ce n'est pas le jour le plus fréquenté de la semaine.
— Melissa, m'interpelle mon employeuse.
Je me retourne vers elle. Elle est au bout du rayon.
— Un client vous attend. Je vais prendre le relai.
J'avance vers elle afin de quitter le rayon.
— Il m'a demandé si vous travailliez ici, confie-t-elle à voix basse une fois que je suis à son niveau.
Mon cœur s'emballe. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il s'agisse de Trent. Ce garçon est plein de bonnes intentions et je commence doucement à tomber amoureuse de ses nombreuses qualités et de ses minimes défauts.
Trent et moi passons nos journées à nous envoyer des messages. Nous avons toujours des choses à nous raconter. Un vrai feeling s'est installé entre nous.
— Merci, je reviens vite, je préviens Mme Cleaver avant de m'échapper à l'entrée de la librairie où mon bel anglais doit se trouver.
Je rejoins d'un pas rapide l'entrée, la tête baissée et le sourire aux lèvres. J'espère ne pas trop rougir en face de lui.
Je relève la tête. Mon corps se fige devant la personne que j'ai en face de moi. Mes pieds restent cloués au sol et c'est à peine si je peux bouger un petit doigt. Que se passe-t-il devant mes yeux ? Suis-je en train de rêver ? Mon regard ne peut se détacher de sa grande et mince silhouette.
Devant cette entrée se trouve Adonis James. Adonis est mon premier amour, le garçon avec qui j'imaginais mon avenir. Le garçon avec qui j'ai eu ma première relation amoureuse, avec qui j'ai échange mon premier baiser, ma première St-Valentin. J'aime à l'appeler le « garçon de mes premières fois ».
Notre relation amoureuse a pris fin il y a quatre ans, après deux ans de relation. Nous avons vécu une romance inoubliable, parsemée de bienveillance et d'écoute. Le lycée nous a séparé. Je suppose que comme nous n'étions que des collégiens à cette époque, la rupture a été moins douloureuse. Il est parti étudier à Londres, sa ville de naissance, tandis que je suis restée dans le Connecticut.
Adonis a toujours été d'une beauté à couper le souffle. Et plus il grandissait, plus il s'embellissait. Le théorème d'Adonis James. Au collège, il avait beaucoup de succès. J'en avais aussi. On représentait le couple far du collège, celui que tout le monde admirait.
Il était le petit-ami parfait ; toujours à l'écoute, souriant et attentionné. J'aimais être sa petite-amie. Je ne me prenais jamais la tête. Je n'avais jamais peur qu'il me juge. Il rigolait à toutes mes blagues et faisait passer mes intérêts avant les siens.
Adonis s'entendait parfaitement avec mes parents et Andy. Tout était parfait dans notre relation. C'est pourquoi les premiers mois suivant notre rupture avaient été compliqué à vivre. J'avais pleuré et pleuré sans en voir le bout. J'imaginais que je ne m'en remettrais jamais.
Puis un jour, je me suis rendu à l'évidence et j'ai arrêté de pleurer. J'ai arrêté de penser à lui, à contre-coeur. Si bien que le voir ici me chamboule d'une manière inexplicable. Tant d'émotions enfouies au fond de mon être ressortent.
Comment sait-il que je suis là ? Nous ne nous sommes pas parlés depuis si longtemps.
— Salut, Melissa, commence-t-il.
Sa voix est la première chose qui me surprend. Il a beaucoup mué. Il a toujours ce visage qui le rendait si beau à l'époque. Il a le même sourire et la même façon de se tenir debout. En le regardant, j'ai l'impression de faire un bond dans le passé.
C'est dans ces moments-là que nous nous rendons compte que le temps passe très vite.
— A- Adonis ? je parviens maladroitement à articuler, sur un ton interrogé.
Je suis si stupéfaite que parler sans bégayer est une étape insurmontable. Il est encore plus intimidant qu'avant.
— Tu- Tu fais quoi ici ?
— J'ai appris par Arthur que tu étais venue étudier à Londres.
Arthur était son meilleur ami au collège, il semble l'être toujours. J'ai gardé de bon rapport avec Arthur, même après le départ d'Adonis. Au lycée, dès que nous nous croisions, nous prenions des nouvelles l'un de l'autre. Et je l'avais informé de mon départ et de mon petit travail à la librairie. Tous les morceaux du puzzle se reconstituent doucement dans ma tête.
Au début, je demandais des nouvelles d'Adonis à Arthur, mais au bout de quelques mois, j'ai abandonné. Maintenant que nos vies n'avaient plus rien à voir ensemble, je n'avais plus qu'à passer à autre chose.
— Ouais, j'ai été acceptée à l'école du ballet royal, je réponds timidement.
Mes traits commencent à se détendre, comme si mon être était en train d'accepter la situation. Je retrouve mes esprits et l'usage presque total de mes cordes vocales.
— Félicitations ! déclare-t-il sur un ton enjoué. Au collège tu me parlais déjà de cette école, affirme-t-il, affichant un sourire aux lèvres.
Je le remercie. Un mélange de sentiments se réunissent dans mon estomac. La nostalgie, la joie, la surprise... Tout en un.
Son sourire et son entrain m'aident à faire disparaître la gêne que je ressentais au début. Il sait mettre à l'aise les personnes en face de lui. C'est écrit sur sa tête qu'il est adorable et bienveillant.
— Je vis mon rêve anglais, je déclare, faisant allusion au rêve américain.
— Tu as l'air d'être épanouie.
J'acquiesce sans une once d'une hésitation. Adonis était la chose la plus précieuse que j'avais dans ma vie à l'époque. D'ailleurs, j'imaginais que ce serait le cas toute ma vie.J'étais jeune et naïve. Rien ne dure éternellement.
— Est-ce que ça te plairait que nous allions boire un café ensemble un de ces jours, histoire de rattraper le temps perdu ? suggère-t-il.
— Oui ! je m'exclame illico-presto. J'en serais ravie.
— On n'a qu'à dire samedi, quinze heures au Costa Coffee à New Charlton.
— C'est parfait pour moi.
— Cool.
— Cool.
On s'adresse un timide sourire. Tous mes souvenirs avec lui me reviennent comme des flashbacks. Les trois quarts de nos souvenirs ensemble sont heureux.
La mélancolie s'installe sur mon univers quand je repense à tous ces moments uniques passés avec lui et désormais révolus.
— Je vais te laisser travailler alors, annonce-t-il.
— Merci.
— A samedi, Melissa.
— A samedi, Adonis.
Puis il part, laissant derrière lui ma personne, complément désarçonnée et chamboulée.
Publié le 25/04/24
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𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒
Roman d'amourMelissa Stone s'apprête à réaliser son plus grand rêve : intégrer l'Ecole du Ballet Royal. Depuis son enfance, la danse fait partie de sa vie. Du plus tôt qu'elle s'en souvienne, aller à cette école a toujours été dans ses projets. Londres, qu...