22 . rendez-vous, partie deux

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TRENT A fait fort en m'envoyant au planétarium. C'est vrai qu'Agatha Hamilton est un exemple pour moi dans tous les domaines. Dans le domaine de la mode, notamment. Mais c'est aussi une femme indépendante, qui met en avant la valeur des femmes dans la société d'aujourd'hui. Elle profite de son rang pour essayer de faire bouger les mentalités à son niveau.

  Elle a connu la vie de classe moyenne, elle sait donc à quoi ressemble la vie pour certains. Cela constitue un gros atout pour elle. De plus, ses écrits me passionnent. Elle a une plume qui donne envie d'en savoir plus. J'en ai appris beaucoup sur l'astronomie grâce à elle.

  Trent et moi arrivons à l'entrée du planétarium. Il y a une petite file d'attente.

  Son bonnet tient super chaud à la tête. En plus, il sent très bon.

  — Tu passes une bonne soirée ? me demande-t-il.

  — Oui, je réponds, un sourire sincère aux lèvres.

  Audacieusement, il passe son bras autour de ma nuque. J'apprécie ce geste, cette marque d'affection. J'aime beaucoup le Trent que je découvre ce soir. Cette soirée est si différente de toutes celles qui l'ont précédées. Je l'adore et j'aimerai qu'elle ne finisse pas. Je suis contente qu'elle s'éternise au planétarium. C'est un très bon choix de sa part.

  Je ressens des papillons au creux de mon ventre en pensant à ses petites attentions. Je pense qu'il me faudra encore longtemps pour découvrir toutes les facettes de sa personnalité. Et ça pourra prendre autant de temps que possible, je suis prête à patienter.

⋆ ☆ ⋆

  Une bonne demi-heure plus tard, Trent et moi accédons enfin à la grande pièce qui compose le planétarium. Je le suis. Il se dirige vers des sièges en plein milieu de la salle. Je le suis. Puis nous nous installons sur deux sièges côte à côte. Il fait déjà noir dans la salle. Nous levons la tête. Sur le plafond est projeté Mars. Sa lumière rouge nous éclaire. C'est très beau.

  La salle est à moitié rempli, et elle est très calme. C'est un moment très reposant. Il y a des petites animations autour de nous. Je lance un regard vers Trent, qui est très concentré sur la planète rouge.

  — C'est joli, je lui chuchote.

  Il se tourne vers moi. Il m'adresse un sourire avant d'hocher la tête. Je vois sa paume d'Adam bouger quand il bouge la tête. Ses cheveux sont un peu désordonnés et ses yeux brillent. Il est si beau. Les reflets de la planète Mars lui vont à merveille.

  Je pose ma main à côté de la sienne. J'ai des papillons plein le ventre. J'essaye de cacher le grand sourire que j'ai aux lèvres. J'aime ce moment.

  Je le vois du coin de l'œil baisser son regard sur nos mains, qui ne sont plus qu'à quelques millimètres. Je fais toujours mine de regarder la planète, sans me soucier de la position de nos mains.

  Il ne se passe rien. Nos mains ne se rapprochent pas. Il se concentre à nouveau sur la nouvelle projection, qui représente Saturne et ses anneaux. Les papillons tourbillonnant jusque là dans mon ventre se couchent, laissant la déception les remplacer. A quoi je m'attendais ? Trent n'est pas du genre à faire ça. Il a dû me prendre pour une imbécile à essayer de faire entrer nos mains en collision.

  J'enlève ma main de l'accoudoir qui nous sépare. Je pensais que nous nous étions rapprochés ce soir, j'ai dû me tromper. Pourquoi je me prends la tête avec ça ? Je devrais juste profiter du moment, sans me concentrer sur les choses qui me déplaisent. Je dois plutôt me concentrer sur son geste attentionné de m'avoir emmené ici. Mon geste était peut-être déplacé.

  Mon sourire s'efface. Je me concentre sur les planètes, essayant d'oublier ce moment gênant. La soirée n'a plus le même goût.

  Il ne parle même pas. Je sais que Trent n'est pas le garçon le plus causant mais là, la soirée vire à l'ennui. Vu l'obscurité de la pièce, la baisse d'adrénaline et la fatigue de la journée, je pourrais m'endormir.

  Je détourne le visage vers lui, il me regarde déjà. Je lui adresse un faible sourire.

  — Rapproche-toi, déclare-t-il.

  Je m'exécute. Il remonte l'accoudoir qui nous sépare. Je ne savais même pas qu'on pouvait le faire. Sinon, je l'aurais enlevé bien avant. Il passe son bras sur mes épaules. Un sourire vient directement s'installer sur mon visage. J'ai un peu moins l'impression d'être une imbécile après ma tentative échouée.

  Mon Dieu, qu'il fait chaud dans ses bras. Je sens qu'il enveloppe mes mains dans les siennes pour les réchauffer. Ces dernières sont brûlantes en comparaison aux miennes.

  — Merci, je lui murmure.

  — C'est normal, Mel'.

  Mon pic d'adrénaline est remonté. Je pourrais courir un marathon tant j'ai repris de l'énergie.

  — Combien de temps dure une séance ? il me demande.

  — Il doit rester une demi-heure, je lui réponds.

  Une séance dure en général cinquante minutes.

  — Oh, je pensais que ça durait vingt minutes.

  Je pouffe de rire.

  — Eh, t'as pas le droit de te moquer.

  Je fais mine de ranger mon sourire, ne cachant pas mes yeux rieurs.

  — Enfin, je crois que le temps passe plus vite quand je suis avec toi, déclare-t-il, le regard rivé sur les constellations.

  Je détourne mon regard vers lui, tandis que mon cœur bat à une allure plus rapide.

  — C'est la Grande Ourse ça, non ? demande-t-il, fier d'avoir trouvé le nom de la constellation.

  J'hoche positivement la tête. J'ai lu un article d'Agatha Hamilton quant à la Grande Ourse et ses références dans des poèmes et des romans. C'était très intéressant.

  — Tu connais l'histoire de la constellation Coma Bérénice ? je lui demande en voyant cette dernière être projetée.

  Il secoue négativement la tête.

  — Le mari de Bérénice est parti à la guerre pour venger le meurtrier de sa sœur. Bérénice espérait qu'il reviendrait vite. Puis elle a fait un pacte avec Aphrodite. Si Aphrodite ramenait son mari sain et sauf à la maison, elle couperait sa longue chevelure. Lorsque son mari revint sain et sauf à la maison, elle tint sa promesse. Elle coupa ses cheveux et les plaça dans le temple d'Aphrodite. Le lendemain, les cheveux de Bérénice avait disparu. Et la légende raconte qu'Aphrodite était si heureuse du sacrifice de Bérénice qu'elle a placé ses cheveux dans le ciel. Cette constellation représente donc les cheveux de Bérénice.

  Trent sourit. Il a l'air d'avoir apprécié l'anecdote. J'en ai encore beaucoup à raconter s'il veut m'écouter. La mythologie grecque est un des sujets les plus passionnants.

— Aphrodite est une bonne personne, commente-t-il.

J'acquiesce. Trent est une des personnes qui me rattache ici. Il fait parti de ces gens qui m'empêche d'avoir le mal du pays.

Publié le 24/04/24

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant