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Sam

- Pourquoi on sait aller sur la lune, mais pas faire des parapluies qui ne se retournent pas ?

Je lève les yeux de mon écran en entendant Maxi refermer la porte d'entrée derrière lui. Je l'imagine en train de se battre avec son parapluie arc-en-ciel avant de lancer son manteau sur le banc. Au bruit qu'il fait, je sais qu'il est en train de jeter ses baskets dans un coin du couloir. Fais comme chez toi, je t'en prie.

Il apparaît devant moi en sortant du couloir d'entrée. Son grand sourire plaqué sur son visage montre ses dents blanches. À cause de le pluie, ses cheveux bouclés s'écrasent sur sa tête, le faisant ressembler à un mouton noir dopé au café. Il se secoue dans tout les sens pour se débarrasser du surplus d'eau sur ses vêtements colorés. Plutôt un chien du coup.
Son tee-shirt rose bonbon contraste tellement avec le noir de sa peau, que je ne remarque pas tout de suite, qu'il est en short. Cet abruti.

- Je savais que j'avais un corps d'Apollon, sourit-il, mais tu vas me faire rougir à me regarder comme ça, Samy.
- Arrête de m'appeler comme ça, putain.

Je grogne en me reconcentrant sur mon écran d'ordinateur où mon exercice de maths me donne mal à la tête. Je ne sais pas depuis combien de temps je travaille mais d'après le nombre d'emballages de barre chocolatée sur la table, j'estime que c'est déjà trop.
Maxi balance son sac de cours sans ménagement sur le canapé du salon alors que je l'observe du coin de l'œil, installé sur la table à manger.

- Il est où ton frangin ? me demande son meilleur ami en s'arrêtant de l'autre côté de la table
- Je ne sais pas.
- Comment ça tu sais pas ? L'entraînement est terminé depuis une demi-heure, il devrait être rentré.

Je soupire en le fusillant du regard. J'ai une tête à être le baby-sitter de mon frère ? Ou j'ai peut-être la gueule à en avoir quelque chose à foutre de ce qu'il fabrique ? C'est pas parce qu'il piste mes mouvements, que je fais pareil.

- Il est peut-être en train de se taper une énième mec, marmonnais-je. Tu le connais, il a besoin de sa dose de sexe, cet addict du cul.
- Pas à cette heure.
- Il n'y a pas d'heure pour ça selon lui.

La porte d'entrée claque et on se tourne vers le couloir. Alors qu'on s'attend à voir arriver mon frère, c'est une autre tête blonde qui débarque en furie. Lia traverse le salon en courant, laissant s'échouer ses affaires sur le sol et une traînée d'eau de pluie sur son passage. La porte des toilettes calque si fort que les murs tremblent.

- Vous savez que cette maison n'est pas un hôtel ? râlais-je
- Bien sûr, on paye pas.

Maxi éclate de rire à sa propre réponse et s'effondre dans le canapé en allumant la télévision. La porte des cabinets s'ouvre dans mon dos et j'entend la chasse d'eau tourner en fond. Lia grogne en s'étirant et vient ramasser son manteau de fourrure blanche et son sac à main.
Elle s'installe en face de moi en croisant ses bras sur la table. Je l'ignore royalement en terminant mon exercice dans le silence.

- Samychouuuu, commence-t-elle
- Putain mais c'est quoi votre problème.
- Oh allez, je sais que t'adore ça.

Je lui lance un regard noir et elle me sourit de toutes ses dents. Je referme mon ordinateur quand elle attache ses longs cheveux blonds dans un chignon catastrophique. On se lève de la table, et Lia me laisse le temps d'aller chercher mon sac de sport. Je le jette sur mon épaule, attrape une pomme et enfile mes baskets.

- Tu vas où ? me demande Maxi quand je m'approche de la porte d'entrée
- Occupe toi de tes affaires.
- Sa-

Je referme la porte d'entrée et plisse les yeux en sentant le vent glacial se mélanger à la pluie violente. Lia et moi longeons l'allée de mon jardin et je délaisse les maisons richement construites pour rejoindre le centre ville. On marche de longues minutes avant d'atteindre la salle. Le soleil commence à se coucher et quand je referme la porte, je soupire en secouant ma tête.

CompliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant