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Sam

La violation de domicile est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. Je repense à ça au moment où Lia et moi sortons la tête d'un buisson trempé. On observe les alentours. Après être sorti de la propriété un peu plus tôt, on est remonté dans la Cratère-mobile pour éloigner la voiture – comme si on quitter réellement les lieux. On s'est garé un peu plus loin alors que la pluie commençait à se calmer. On s'est faufilé entre les arbres en silence, et plus on remontait vers le manoir, plus le temps se découvrait.

Lia me fait signe et on sort du buisson en trottinant vers la façade du manoir. Le bruit de nos pas sur le gravier mouillé brise le silence effrayant de la propriété. On se faufile sous la bordure des grandes fenêtres pour ne pas se faire voir. La blonde s'arrête finalement devant un pans de mur, alors qu'une fenêtre est creusée à quelques mètres au dessus de notre tête.

- Aide-moi à grimper, m'ordonne la blonde
- OK, une minute Lara Croft.

On se redresse en s'éloignant un peu du mur pour observer la façade.

- Même si j'arrive à te faire monter, grimaçais-je en regardant la hauteur de l'objectif, je fais comment pour te rejoindre ?
- Tu me fais confiance ?
- Non, absolument pas.

Elle roule des yeux avant de me donner une tape dans le dos. Je soupire lourdement en l'aidant à grimper sur mon dos. Je fais en sorte qu'elle ne me rentre pas ses pieds dans les côtes et je lui tend ma main pour qu'elle l'attrape en continuant à monter. Je suis content d'avoir mis une veste noir quand ses baskets s'enfoncent dans mes épaules. Je lui tient les chevilles en levant la tête alors qu'elle s'appuie contre le mur.

C'est pas la première fois qu'on fait ça, et je me demande encore pourquoi on avait des notes merdiques en acrosport avec ce genre de figure. Lia pose ses avants bras sur le rebord de la fenêtre et baisse un instant ses yeux sur moi.

- Prêt ?
- À trois.

Je fais le décompte et au moment où elle plie ses jambes pour sauter, je l'aide en levant ses chevilles avec toute la force que j'ai. Je me recule en roulant des épaules pour la voir ouvrir la fenêtre coulissante. Quelques secondes plus tard, son corps se glisse dans l'ouverture pour disparaître dans la pièce. Et maintenant, j'ai l'air d'un abruti à attendre sous la fenêtre.
Je croise les bras quand une brise frigorifie ma peau. La tête blonde de Lia finit par repasser par la fenêtre pour se pencher vers moi.

- Pourquoi tu choisis toujours les fenêtres les plus inaccessibles ? chuchotais-je
- Parce que c'est l'entrée la plus dramatique. « O Roméo, Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? ». Et toi, en bas, tu grognes comme un vieux chien.
- Je n'ai pas envie de finir comme Roméo, tu sais, empoisonné et tout ça.

Je la vois lever les yeux au ciel face à mon manque de coopération dans sa pièce de théâtre improvisée.

- « Renie ton père et rejette ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure seulement de m'aimer et je ne serai plus une Capulet. ». Attrape ma main et grimpe.
- Très drôle, Juliette. Tu as une corde ou quelque chose ? Parce que là, je pourrais essayer pendant des heures sans succès.

La blonde quitte l'embrasure de la fenêtre pour regarder dans la pièce et revient vers moi avec une vieille corde à la main.

- Fais-moi confiance, Roméo, reprend la blonde en jetant la corde par dessus la fenêtre. Je ne te laisserai pas tomber... cette fois.

Je me résigne en saisissant la corde pour commencer à grimper.

- Tu te souviens de la dernière fois que tu m'as dit ça ? J'ai encore la cicatrice.

CompliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant