38

530 30 71
                                    

Lia

On court dans le couloir alors que deux hommes de la sécurité nous ordonne de nous arrêter.   
Pas de risque, pas d'histoire.
C'est ce que je me répète alors qu'on grimpe les escaliers en bois à toute vitesse. Mes talons hauts réduisent grandement mes moyens mais heureusement, la main forte de Sam refermée sur la mienne, me tire vers l'avant.

- Pourquoi tu l'as assommé ! me hurle Sam
- Parce qu'il m'a fait peur !
- Mais on assomme pas les gens parce qu'on a peur !
- Arrête de me crier dessus !
- Mais t'as assommé un gars !
- Estime-toi heureux que ce soit pas toi que j'ai assommé !
- Je m'estimerais heureux quand on ne sera plus poursuivit par la sécurité !

Ça fait beaucoup à assimiler, je le conçois.

Pour la faire très courte : on s'est perdu dans le manoir. J'étais persuadée d'avoir récolter assez d'informations de la part des invités pour trouver le bureau de Natalia. Je me suis trompée.  Lourdement. On a finit par arriver dans une pièce vide et sombre, et quand on a entendu des pas se rapprocher de nous, on a paniqué. Enfin, j'ai paniquée. Avant même de consulter mon meilleur ami, j'ai attrapé la lampe à côté de moi et je l'ai explosé sur la personne qui est entré dans la pièce. C'était un membre de la sécurité et le bruit de son cri étouffé et de sa chute à alerter deux autres hommes.

Je pense que toute la sécurité est au courant que deux personnes masqués de la cérémonie courent dans tous le manoir, mais je doute que les invités et Natalia le sachent. Je me dis que ce n'est pas plus mal. Je n'ai pas envie de me faire passer un savon par Simon dans l'immédiat. Même s'il avait encore raison.

Après avoir distancé les mecs de la sécurité, Sam ouvre une porte au hasard et nous tire dans la pièce. On se plaque contre le bois, passant outre la pièce sombre dans laquelle on se trouve. Quelques longues minutes après, on entend des pas rapides dans le couloir et des respirations épuisées. À moins que ce soit notre propre souffle saccadé que j'entend.

On attend encore un moment, les mains sur les genoux et la respiration désordonnée avant de nous calmer enfin. J'entend Sam tâtonner le mur à côté de la porte à la recherche d'un interrupteur mais il râle. J'attends qu'il sorte son portable – le mien étant dans ma pochette sur la table dans le hall – et il finit par allumer sa lampe torche.

- Eh merde.

Je me penche vers mon meilleur ami en lui attrapant le bras pour m'appuyer contre lui. Je vois les nombreux messages et appels manqués de nos trois gardiens. Dont beaucoup – vraiment beaucoup – de menaces.

- Finalement, je suis pas sûre d'avoir envie de redescendre, soupirais-je
- On va se faire tuer, se lamente Sam, et tout ça par ta faute.
- C'est pas le moment de décider quelle est ma part de responsabilité.
- Mais c'est tout décidé : c'est entièrement de ta faute ! Avec ton opération chaotique. Pourquoi j'ai accepté...

Je le laisse marmonner alors que je regarde autour de nous. Avec du recul, je me dis que mon idée n'était peut-être pas la meilleure. Mais je ne supporte plus de rester sans rien faire à juste attendre que des maudites personnes daignent bien nous donner des dossiers. Gautier est quelque part, sûrement effrayé et blessé, peut-être même...

Je n'arrive plus à attendre. On doit mettre un terme à tout ça, le plus rapidement possible. On doit retrouver Gautier, ses recherches et faire tomber le Jardin. Et si personne ne veut m'aider, alors je le ferais toute seule.

- Il faut croire que la chance commence à nous sourire, chuchote Sam

Je me concentre sur la pièce spacieuse dans laquelle on s'est réfugié. De grandes fenêtres arquées nous offrent une vue sur les vastes jardins alors que la pleine lune éclaire l'endroit. Le bureau au centre est un mélange élégant de verre et de métal. Sur ce dernier, j'aperçois une lampe aux formes géométriques alors qu'un fauteuil en cuir noir est placé derrière le bureau.
À côté du bureau, une bibliothèque intégrée dans le mur en bois sombre abrite des rangées de livres reliés en cuir et des objets d'art modernes. Des œuvres d'art contemporain, encadrées de manière minimaliste, décorent les murs. Une table basse en marbre, assortie de quelques fauteuils confortables, crée un coin de détente.

CompliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant