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Sam

    J'ai vu un reportage sur les meurtres impulsifs. Ce type de meurtre se caractérise par une réaction violente et spontanée à un stimulus immédiat, sans préméditation. Et je me rend compte que mes nuits blanches me font vraiment regarder n'importe quoi. Ceci étant, le meurtre impulsif peut découler de n'importe quelle situation où l'auteur se sent provoqué, irrité ou menacé, sans lien particulier avec la victime. En clair, exactement comme dans cette situation.

    Je m'imagine tuer Fitzgerald de plusieurs manières, toutes plus jouissive que la précédente. En fait, je serais déjà passé à l'acte si les deux bouledogues ne me tenaient pas comme je tiens à ma vie.

    Leurs grosses mains fortes me broient les biceps et j'essaie de garder mon calme. Non pas que la panique soit le sentiment qui me domine, non. J'ai envie de tous les buter. Je commence à en avoir ma claque de me faire balader partout sans avoir voix au chapitre. Si je croise Gautier, je me ferais un plaisir de lui exposer le fond de ma pensée. Avec un poing dans la gueule de préférence, pour bien faire passer le message.

    On traverse un couloir pour rejoindre un espace dégagé du sous-sol. Les hommes et femmes présents autour d'une grande table tournent leurs regards curieux sur nous quand on passe à côté d'eux. Ils me font traverser l'endroit et nos pas sur le sol terreux laisse des empreintes derrière nous. On tourne dans un long couloir interminable. Au bout du corridor, deux portes se font face et Fitzgerald ouvre la porte métallique de droite. On me pousse pour que j'avance et je manque de me ramasser sur le sol.

    Je relève ma tête et cligne des yeux pour m'adapter à la faible luminosité. Mon regard se dépose sur une chambre relativement charmante en comparaison au reste du sous-sol. Un grand lit aux draps soyeux, un tapis coloré, des meubles en bois poli.

    - J'espère que le room service est à la hauteur de vos talents en torture, ajoutais-je. Ce serait dommage de décevoir un client fidèle.

    Un sourire amusé se dessine sur les lèvres de Fitzgerald et l'un des hommes se retient de m'assommer. Le pervers fait un signe de main vers le lit à baldaquin et je suis poussé sur ce dernier. Malgré la situation catastrophique, ce lit est putain de confortable. Le matelas moelleux et les draps frais me donnent envie de m'écrouler pour dormir des jours entiers. Mais je n'ai pas le temps d'en profiter qu'on m'attache le poignet gauche à un montant du lit. Super, encore des menottes.

    Les hommes repartent sans dire un mot en refermant derrière eux. Fitzgerald s'installe dans un fauteuil en face de moi. Je reste à moitié assis sur le lit en testant discrètement la solidité de mon entrave. J'essaie d'adoucir les battements affolés de mon cœur face au regard lubrique de l'homme avec moi.

    - J'aurais dû demander une chambre avec vue sur la cour de torture, repris-je, histoire de ne pas perdre le fil. Mais bon, il faut dire que vous savez vraiment comment rendre un séjour inoubliable. À quand la visite guidée des oubliettes ?

    Fitzgerald croise ses mains sur ses genoux en me souriant. J'ai déjà dit que je voulais le tuer ?

    - Tu ne te tais jamais ? me demande-t-il
    - C'est mon charme naturel, répondis-je avec un faux sourire. Les silences gênants, très peu pour moi.

    Il me dévisage un instant, son sourire toujours figé sur son visage. C'est le genre de sourire qui ne promet rien de bon. Mon cœur s'emballe encore un peu plus, mais je m'efforce de garder un air détaché.

    - Tu te crois malin, hein ? reprend-il d'une voix doucereuse. Tu sais, l'humour est souvent le refuge des faibles.

    Va te faire foutre, connard ! Je hausse un sourcil, feignant l'indifférence, même si ses mots piquent un peu plus que je ne le voudrais.

CompliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant