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Sam

    J'aurais du répondre correctement à la proposition de repas d'Amalia. Je rêve d'un plat de lasagne, ou d'un burger au poulet frit. Des sushis avec des raviolis de crevette. De la crème brûlée et du gâteau au chocolat. En fait, même un verre d'eau ça me suffit. Tout sera bien meilleur que ce que je suis en train d'avaler. Je me demande vraiment si la personne qui m'a sorti du laboratoire ne veut pas ma mort finalement.

Le coup de fouet que je reçois en avalant cette substance visqueuse qu'on me force à ingurgiter me retourne l'estomac. Je manque de vomir. Mes yeux se révulsent, mes sens s'aiguisent soudainement, et une sensation étrange envahit mes oreilles, comme si un bouchon avait sauté. J'écarquille les yeux, ébloui par une clarté nouvelle, comme si j'avais été aveugle toute ma vie et que, pour la première fois, je découvrais la lumière. Les murs du couloir vacillent autour de moi, mais ils finissent par se stabiliser lorsque ma main trouve un point d'ancrage sur une surface froide et dure.

Je m'agrippe au mur, inspire profondément l'air infect du sous-sol, un mélange de poussière et de moisissure, et m'efforce de tenir debout. Mes jambes sont tremblantes, mais je parviens à rester debout. Quand mes yeux se posent enfin sur la silhouette d'une femme, l'âge de cette dernière m'échappe. Ses traits sont flous, comme si une brume subtile l'enveloppait, mais son regard perçant est indéniable. Elle m'observe avec une intensité troublante, scrutant les moindres de mes mouvements.

Elle jette un regard rapide autour de nous, comme pour s'assurer que personne ne nous observe, puis m'attrape fermement par le bras, m'entraînant en avant sans un mot. 

- Vous êtes qui ? parviens-je enfin à articuler
- Personne d'important.

Nous tournons à l'angle d'un couloir, mais des voix se rapprochent, résonnant contre les murs humides et crasseux. Elle s'arrête brusquement, son visage se durcissant, puis nous force à rebrousser chemin. Nous marchons ainsi, en silence, tournant, rebroussant chemin, changeant de direction à la moindre alerte, tandis que je sens peu à peu mes forces revenir. La douleur sourde dans mes muscles commence à s'estomper, remplacée par une froide lucidité. 

Un souvenir trouble refait surface et je me souviens finalement de ce qui m'a mis dans cet état. Un frisson glacé parcourt ma colonne vertébrale, me laissant un goût amer dans la bouche. 

Je baisse les yeux un instant, examinant mes vêtements déchirés et couverts de poussière. On dirait que j'ai traversé l'enfer : des lambeaux de tissu accrochés à ma peau, des traces de terre mêlées à la sueur, et des égratignures profondes qui ont rouvert d'anciennes blessures. Mes doigts effleurent une cicatrice à peine refermée sur ma pommette, désormais rouge et gonflée. Le sang séché forme une traînée sombre sur ma peau.

- Où est-ce que vous m'emmenez ?

Elle ne me répond pas tout de suite, son regard scrutant le couloir devant nous. Ses doigts se resserrent sur mon bras, comme si elle craignait que je m'échappe. Je ressens sa tension à travers sa poigne, une nervosité palpable qu'elle essaie de dissimuler, mais qui se trahit dans la raideur de ses gestes.

- Vous comprendrez bientôt, murmure-t-elle finalement, presque pour elle-même

Ses paroles, à peine audibles, résonnent dans l'obscurité du couloir. Elles ne font qu'accroître mon angoisse. Cette réponse laisse un goût amer dans ma bouche, mais je n'ai pas le choix. Je la suis, comme un automate, mes pensées tourbillonnant sans pouvoir se fixer sur quoi que ce soit de concret.

Elle me traîne à travers le dédale de couloirs sombres. Le rythme de ses pas s'accélère, tout comme les battements de mon cœur. Chaque tournant, chaque couloir nous enfonce plus profondément dans un endroit qui semble sans fin, comme dans un labyrinthe.

CompliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant