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Sam

Je passe les portes du Fight Park, Jerem à mes côtés, une pile de livres dans les bras. La majorité des jeunes le saluent et je me retiens de rouler des yeux. Jerem est le président du bureau des élèves de notre lycée, il est très proche de pas mal d'élève de la Fac de la ville et il est toujours invité aux meilleures fêtes. Mais malgré les apparences, il reste le geek que j'ai toujours connu, incapable de recevoir des compliments et qui doute constamment de lui. C'est juste le mec le plus gentil et attentionné que je connaisse.

    Ça n'empêche que tout le monde a envie d'être dans ses petits papiers. Entre les filles qui le draguent ouvertement à longueur de journée et les mecs qui essaient de faire ami-ami avec lui, je me demande comment il supporte autant d'attention. Il suffit qu'un inconnu me dise bonjour pour que je me braque.
    On s'arrête à quelques mètres de l'arrêt de bus et j'aide mon ami à ranger quelques uns de ses livres dans son sac à dos.

- Ça va aller pour rentrer ? lui demandais-je en tenant son sac. J'aimerais pas que tu te prennes un autre poteau.
- Je n'aurais jamais dû te raconter cette histoire, se lamente-t-il

Je ricane en repensant à la marque rouge sur son front qu'il a gardé pendant une semaine.

- Mais ne t'inquiète pas pour moi, je suis un grand garçon.

Je lui rend son sac quand il termine de rentrer quatre de ses bouquins. Il lui en reste trois dans les mains et je l'observe en penchant la tête.

    - Tu vas vraiment lire tout ça ? m'étonnais-je en croisant les bras
    - La vraie question c'est combien de temps ça va m'occuper ?
    - Je t'ai déjà dit que tu me terrifiais ? Comment est-ce que tu peux avoir le temps de lire autant avec tous les trucs que t'as à gérer.
    - T'as bien le temps de donner des cours de soutien en maths à quelques élèves.
    - Oui mais c'est tout, ricanais-je. T'es président du BDE, tu es un des champions du club et tu dois t'occuper de tes sœurs quand ta mère peut pas rentrer. T'es sur-humain, Jerem.
    - C'est pas grand-chose.

    Il se gratte la nuque alors que ses joues commencent à se colorer de rouge. Son humilité me fait sourire, cet homme est vraiment un ange.

    - Et puis, on m'aide...

    Mon sourcil se relève alors que ma curiosité est toute de suite piquée.

    - C'est-à-dire ?

    Jerem relève brusquement ses yeux sur moi quand il se rend compte qu'il vient de parler à voix haute. Je ne pensais pas qu'il pouvait rougir encore plus, mais c'est pourtant ce qui est en train de se passer.

    - Quoi – de quoi ? Hein ?
    - T'as dis qu'on t'aidait, insistais-je. De qui tu parles ?

    Jerem n'accepte même pas que je lui porte ses livres dans les couloirs alors qu'il discute avec des membres du BDE – et je suis son meilleur ami. Alors qu'il laisse quelqu'un lui filer un coup de main dans sa vie, ça relève du miracle.

    - Jerem, commençais-je en faisant traîner son nom. Tu fréquentes quelqu'un en ce moment ou je rêves ?
    - Quoi ! Non ! Non, non, c'est – non. Je – Oh, tiens ! Mon bus !

    Il se faufile dans mon dos pour courir vers le bus comme un voleur.

    - Jerem ! hurlais-je en le voyant s'éloigner. T'es sérieux là !
    - On se voit demain ! me sourit-il. Bon courage pour ce soir !
    - J'hallucine...

    Je le regarde grimper dans son bus en me faisant un clin d'œil et je me promet de lui tirer les vers du nez quand j'aurais le temps. Je remonte la lanière de mon sac de sport sur mon épaule en me tournant vers le parking du club. Je m'approche de James qui est appuyé contre sa voiture, ses lunettes de soleil sur le front et les yeux sur son portable. Il est concentré sur ce qu'il fait et ne remarque pas les regards insistants de deux filles qui passent devant lui.
   
    Je vois qu'il a récupérer sa bagnole au garage, la dernière fois que je l'ai vue elle avait une belle rayure sur une des portières arrières. Quelle idée de m'apprendre à conduire dans sa sportive rouge. Je le siffle et il relève les yeux de son téléphone pour me sourire. Il range son portable et ouvre grand les bras comme s'il s'attendait à ce que je l'enlace. Même pas dans ses rêves les plus fous.

CompliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant