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Sam

    Simon nous conduit prudemment sur les routes désertes alors que la nuit englobe complètement la ville. On passe par des petites rues uniquement éclairées de vieux lampadaires vacillants et un fond de musique brise le silence installé depuis notre départ. J'ai envoyé un message à Lia en lui expliquant la situation – qu'elle verra sûrement demain matin – mais j'ai aussi prévenu mon frère que je devais récupérer quelque chose chez un ami et que Simon me raccompagnerai. J'imagine que James doit être bien bourré à l'heure qu'il est, mais il m'a quand même répondu d'être prudent et de ne pas rentrer trop tard.

    Je lance un coup d'œil sur le côté pour observer Simon conduire en silence. Sa main droite est posée négligemment sur le levier de vitesse, l'autre sur le volant. Je ne peux pas m'empêcher de ressentir une vague de désir en le regardant. Les muscles de ses bras puissants se tendent légèrement à chaque changement de vitesse, et je me surprend à suivre le tracé des tatouages sur ses avant-bras. Il a retroussé sa chemise sur ses coudes et les veines qui ressortent sous sa peau accélèrent les battements de mon cœur.

    Son visage est partiellement illuminé par la lueur douce des lampadaires qui croisent notre route, accentuant ses pommettes saillantes et sa mâchoire carrée. C'est dingue comme chaque détail de Simon semble conçu pour séduire : la courbe de ses lèvres, la lueur dans ses yeux gris perçants, la façon dont sa chemise légèrement déboutonnée révèle juste assez de peau pour être terriblement provocante.

    Un frisson parcourt ma colonne vertébrale au souvenir de notre baiser et je dois me contenir pour ne pas lui sauter dessus. Ce qui c'est passé est aussi inattendu qu'espéré. Je ne sais pas depuis combien de temps je rêve d'avoir ses lèvres sur les miennes.

    - À propos de ce qu'il s'est passé plus tôt dans la soirée...

    Oh non. Je reconnais son ton incertain alors qu'il tapote le volant de ses doigts, mal à l'aise. L'angoisse me monte à la tête alors que mon cœur s'accélère et que je me sens paniquer.

    - Oh, ça, paniquais-je en me tournant vers lui, c'est... c'est-

    Je lui dis quoi exactement ? « C'est quelque chose que j'attendais depuis des années et je pourrais mourir pour recommencer même une seule fois ? » Non. Il va juste paniquer et ça va me faire paniquer et on va juste... paniquer.

    - C'est sans importance, lâchais-je en secouant mes mains

    Il se tourne quelques secondes vers moi en relevant un sourcil avant d'hocher la tête lentement. Simon arrête de jouer avec le volant pour refermer ses deux mains sur ce dernier.

    - Sans importance ? demande-t-il
    - Eh bien, sauf si tu penses qu-
    - Non. Non, c'est... t'as raison. Ça voulait rien dire, c'était juste l'ambiance de la soirée.
    - Oui, voilà. C'était l'alcool et puis ça faisait longtemps.
    - Oui c'est ça.

    On hoche la tête en même rythme alors qu'un long silence s'installe dans la voiture.

    - Cool, murmurais-je
    - Cool.

    Cool. Vraiment par-fait. Ah, super, bravo, champion ! Franchement, comment j'ai pu sortir un truc pareil ? Bien joué, cerveau, tu as encore fait des merveilles aujourd'hui.

    Alors récapitulons. J'avais enfin une chance de faire avancer les choses et qu'est-ce que je fais ? Je dis une connerie. Une vraie pépite d'idiotie. Bravo. La prochaine fois, je devrais peut-être essayer de me taire. Juste hocher la tête et sourire. Comme un mime. Oui, voilà, devenir un mime. Ça éviterait les catastrophes verbales.

CompliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant