Complice

39

Sam

Je suis projeté au sol et glisse sur quelques mètres. La respiration difficile et les muscles douloureux, j'essaie de me relever. Mais on m'envoie un coup dans le ventre et je siffle de douleur.

- Je ne te pensais pas aussi coriace, avoue l'homme au-dessus de moi
- Et vous n'avez encore rien vu.

J'envoie mon pied entre les jambes de l'homme qui cri de douleur malgré lui. Il se recule en titubant. Je retourne mes mains sur le sol, proche de mes oreilles et lance mes jambes en l'air. Je bondis et me retrouve sur ses appuis, les poings fermés.
L'homme sert les dents et perd son sourire. Il m'a sûrement trop sous-estimer. J'examine rigoureusement mon adversaire. Nous ne sommes plus que deux dans la grande salle, les deux autres hommes étant parti à la suite de Lia. J'espère qu'elle va réussir à retrouver son chemin.

Il n'est plus armé – nos épées gisant sur le sol à quelques mètres – mais ça ne veux pas forcément dire qu'il est vulnérable. Il reste des épées, des lances et des arbalètes suspendu aux chevaliers, mais j'espère n'avoir aucun besoin de les utiliser eux aussi.
Je fais signe à l'homme de se rapprocher et il me fonce dessus. J'esquive ses coups avec la lenteur de la fatigue. Je lui décoche un crochet dans la mâchoire, il enfonce sa main dans mon épaule. Je fauche ses jambes, il s'écroule. Je me jette sur lui pour enrouler mes mains autour de son cou.

- Où est Gautier ? demandais-je en refermant ma prise. Vous lui avez fait quoi, putain !

Je n'attendais pas vraiment de réponse, mais je suis encore plus dégoûté par sa réaction. Il commence à rire, de plus en plus fort. Pris dans sa crise de rire avec sa voix grasse, je suis déstabilisé. Mon souffle est subitement coupé et on m'envoie une main dans la tempe. Je m'écroule à côté de l'homme qui reprend le dessus. En échangeant les rôles, je sens ses doigts autour de ma gorge et les larmes perler aux coins de mes yeux. Je n'arrive plus à respirer.

- Tu veux savoir où est ce morveux ? me souffle l'homme à quelques centimètres de mon visage. Et si tu le rejoignais ?

Mes jambes sont bloquées sous les siennes, le poids lourd de son corps m'empêche de me dégager. Ses mains serrent encore plus mon cou et je lutte pour trouver de l'air. Mes mains cherchent quelques choses à attraper. Je griffe ses bras, j'essaie de crier.

C'est comme si je me noyais. Encore.

Je ne veux pas mourir, pas comme ça. Je n'ai pas le temps de voir ma vie défiler devant mes yeux comme dans les films, qu'un carreau vient perforer l'épaule de l'homme. Il hurle de douleur en relâchant sa prise sur mon cou. Je prend la plus grande bouffée d'air que je puisse et roule sur le côté en toussant. Je passe mes doigts sur ma gorge, le souffle court.

Je me tourne vers l'homme qui arrache le carreau de son épaule avec sa main en grinçant des dents. Je suis son regard pour trouver le tireur qui vient de me sauver la vie. Je cligne des yeux quand mon regard se pose sur Oli, arbalète à la main, debout sur ses talons avec sa longue robe bordeaux. Ses cheveux sont relevés en une queue de cheval rapide et son masque cache toujours son visage. Avec ses tatouages un peu partout sur le corps, on dirait une héroïne de fantaisie.

- Toi, commence l'homme – la menace dans la voix
- Estime toi heureux que ce ne soit pas quelqu'un d'autre, sourit Oli. Avec moi, ta mort sera courte.

La brune lève son arbalète vers l'homme dans la seconde. On ne l'a pas vu recharger de carreau, mais ce dernier fend l'air à toute vitesse. Je détourne les yeux quand ce dernier vient se planter entre les deux yeux de mon adversaire. Je l'entends s'écrouler et je me redresse difficilement.