COUPABLES (L.S)

SEANCE DOUZE - PRESENT

28 Septembre 2023

-« J'ai besoin qu'on annule cette séance ». -« Ca serait idiot, tu es là. Si tu veux annuler une séance tu n'es pas obligé de venir jusqu'au bureau pour me le dire. » -« Non mais comme je sais qu'Evans s'assure de ma présence en séance, je suis venu. J'ai besoin de rentrer chez moi. » -« Qu'est-ce qu'il se passe ? » Un silence passe. Zayn remarque rapidement que Harry ne peut même pas soutenir son regard. Il sait que ça ne va définitivement pas. -« Harry, je ne te laisse pas partir si tu es dans cet état. » Harry lui lance un regard d'enfant apeuré. Zayn reçoit un coup de poing. Le visage de son patient est déformé par la tristesse. Il ressent presque un état d'abattement, et jamais, jamais, Harry n'avait eu cet air sur le front. Même quand il lui avait annoncé sa possible condamnation. -« Harry... ». Et c'est aussi la première fois qu'il supplie presque Harry de lui parler et de s'ouvrir à lui. Il a déjà tenté de négocier mais supplier, jamais. Il n'aime pas forcer quiconque à lui parler, c'est contre-productif. Mais là, il ne pourra jamais laisser partir Harry, pas dans cet état. Il est même à deux doigts de lui dire de rester avec lui pour la soirée et la nuit. Liam pourrait comprendre. -« Harry... c'est Louis ? ». Il demande sans grande conviction car il est à peu près certain que ce n'est pas le sujet. En tout cas, il n'espère pas, parce qu'une rupture avec Louis le briserait définitivement. -« Non. » Harry répond froidement mais Zayn remarque un éclair de joie passer dans ses yeux. Tout va bien de ce côté-là. Il n'est pas surpris. Il sent que ça ira loin, ils ne finiront peut-être pas leurs vies ensemble mais le chemin à deux sera long. -« Si tu ne veux pas me parler, tu préfères peut-être le faire avec Louis ? ». -« Non. Il a autre chose à faire. Je veux juste que vous me laissiez rentrer chez moi. Je suis fatigué. » Zayn hoche la tête, il sait qu'il ne devrait pas mais il préfère baisser les bras pour aujourd'hui. -« Si je te laisse partir, je veux que tu m'envoies un message quand tu arrives chez toi. Je veux une photo de ton repas et un message quand tu vas te coucher et un à ton réveil. » -« Ouais. Tout ce que vous voulez. » Harry se lève tandis que Zayn se mord la lèvre. Il fait une connerie, il ne devrait pas laisser partir Harry. S'il se passe quoique ça soit, ça sera de sa faute. Il se lève brusquement de son fauteuil et fait le tour du bureau. Harry a la main posée sur la poignée. -« Harry! Tu... tu es sûr que tu ne veux pas me parler ? ». La première larme coule sur la joue blanche d'Harry, il l'essuie rapidement. Mais la seconde suit aussitôt comme la troisième puis toutes celles d'après. Harry s'effondre. Zayn l'a déjà vu pleurer plusieurs fois mais cette fois, c'est bien plus profond. Il lui prend délicatement le bras et le tire doucement vers la chaise pour l'inciter à se rasseoir. Le bouclé se laisse faire comme un pantin démembré. -« Harry... qu'est-ce qu'il se passe ? » La voix que prend Zayn est si douce que ça les surprend tous les deux. Harry sourit derrière ses larmes. Tout n'est pas perdu. -« Je vais te raconter une histoire si tu veux bien. Ce matin un patient est venu me voir. Il semblait à fleur de peau. Je lui ai demandé comment ça allait et pourquoi il semblait si tendu. Il cherchait ses lunettes comme un fou, il avait retourné son appartement toute la matinée et était certain qu'il les avait la veille. Il devenait fou et, excédé, il a fini par pleurer pendant la séance. » Harry le dévisage comme s'il était fou. -« Elles étaient perchées sur son crâne. » Harry montre son premier sourire de la séance. -« Je croyais que vous étiez tenu au secret médical ou quelque chose comme ça ?» Zayn chasse de sa main les propos d'Harry. Le patient c'était juste Liam, son Liam. -« Ne t'inquiètes pas, les histoires de lunettes ne sont pas protégées par le secret médical . Tout ça pour te dire que ça fait du bien de craquer de tant à autre et qu'on finira toujours par trouver une solution. » Harry baisse la tête. -« Merci pour ce que vous faites mais je vous promets qu'il n'y a pas de solutions. » -« Je te rappelle que tu pensais que c'était impossible de tenter une relation avec Louis. Et regarde toi, cet air niais que tu abordes dès qu'on parle de lui. » Cette fois-ci Harry pouffe comme un gamin pris en flagrant délit. Zayn ne peut s'empêcher de le trouver adorable. Ce n'est peut-être pas encore de l'amour qu'il voit sur le visage du bouclé, mais c'est une certaine tendresse tout aussi mignonne. -« Des solutions il ne peut pas toujours en avoir. Vous dites quoi à quelqu'un qui perd un être cher par exemple ? Quelle est la solution ? » Zayn secoue la tête avec un air amusé. Il retrouve son Harry, le provocateur. -« Un point pour toi. Il n'y a effectivement pas de solution. Mais il y a des mots, il a la présence. Et dis moi, tu as perdu quelqu'un ? » -« C'est tout comme. » -« Déjà "c'est tout comme", ça veut dire que tu ne l'as pas totalement perdu. Il reste un espoir de faire revenir cette personne dans ta vie. Raconte moi. » Harry prend une grande inspiration et enfin se laisse aller. -« Ian... Vous savez le papy de la maison de retraite ? Il part. Il déménage. Il part à l'opposé de Londres, il a une maison secondaire. Je sais que c'est ridicule. Je le connais depuis 4 mois à tout casser. Mais il est devenu très important pour moi. Et il part. Il me laisse seul. Je suis égoïste car il part pour son bien. Mais je n'arrive pas à me faire une raison. La conclusion elle reste la même : il part lui aussi. C'est injuste, il est mon point de repère, il est ma bouffé d'air frais dans mes journées moroses. Il est la personne avec laquelle je me sens le plus en sécurité, le plus normal, le plus accepté. Il représente tout ce que je n'ai pas eu enfant, la présence, la douceur, l'amour d'un parent. Et maintenant je dois lui dire au revoir. Je suis grand, mais j'ai l'impression d'avoir enfin goûté à une adolescence presque normale. Et ça ne fait que 4 mois. C'est trop tôt pour dire au revoir à tout ça. Je vais couler, je vais pas réussir sans lui. J'étais déjà mal barré quand j'avais un père absent et une mère bancale. Retourner à ça, ça va être la catastrophe. Je vais refaire une connerie et me retrouver en prison. Louis va forcément me quitter lui aussi. Tout le monde le fait, alors pourquoi pas lui ? Et puis un jour nos séances s'arrêteront et je serai seul pour de bon. Alors vous êtes gentil avec vos phrases de merde mais il n'y a pas toujours des solutions. Que des emmerdes, que des emmerdes. » Zayn reste pantois un moment. Il comprend la réaction d'Harry. Son patient a une peur bleue de l'abandon et le départ d'un membre qu'il estime comme sa famille réveille ses plus grosses peurs. Il est fatigué émotionnellement mais dès qu'il aura réussi à prendre du recul, seul, il verra qu'il y a des solutions et pas seulement des problèmes. -« Rentre chez toi Harry, tu es fatigué. On se voit plus tard. Prends le temps qu'il te faut pour revenir. Moi je ne bouge pas. »

Happy friday ! Comment s'est passée votre semaine ? Vous surmontez la pluie et le froid ?

Voici une séance qu'on aurait pu avoir en mode "Pensées d'Harry" finalement puisque c'est une grande moment confession. Le bouclé s'exprime sur le départ de Ian et visiblement ça le touche énormément. Pauvre petit cœur.

De mon côté, j'essaie de vous écrire le chapitre de ce week-end. Ca va être tenduuu pour rien vous cacher. Envoyez-moi vos bonnes ondes.

Bonne soirée,

Léa.