COUPABLES (L.S)

Chapitre 10

18 Juin 2023


Depuis jeudi matin, Harry est d'humeur maussade. Non, c'est pire que ça. Il est bouillant de colère, d'incompréhension. Quand il est redescendu de la chambre de Ian, Louis avait disparu. Évaporé comme s'il n'avait jamais été présent de la matinée. Harry a guetté toute la journée un possible retour. Mais Louis et son courage à deux balles ne se sont jamais repointés. Ni jeudi, ni vendredi. Un putain de lâche... Il avait espéré confronter Louis, il voulait comprendre. Mais Louis l'a laissé seul avec une multitude de questions. Alors, il a pu ruminer à l'infini et cultiver sa colère envers le mécheux. Dire qu'il est sur les dents est un euphémisme. Il sait à sa prochaine rencontre avec Louis, il lui tordra le cou et peut-être qu'il lui collera enfin son poing dans la figure. Personne ne joue avec lui, bordel.

Samedi, Niall a débarqué comme une furie. Cela lui a permis de se changer les idées et d'oublier un peu Louis. Mais sa mauvaise humeur a repris possession de son corps aujourd'hui. Parce que c'est dimanche, le jour maudit. Une nouvelle fois, Harry se retrouve en présence de sa mère, de sa demi-sœur Julia et de son beau-père. Le seul point positif qu'il trouve à la situation est l'absence de Marty et Amélia. Heureusement car il ne les supporterait pas tous les dimanches. Ils ne viennent qu'au brunch mensuel, et c'est bien suffisant.

D'autant plus que la situation actuelle est tout sauf agréable. Joanne, sa mère, est en train de lui apprendre qu'il doit venir demain à la soirée de l'association caritative de Richard alias Bouboule. Evidemment, le premier réflexe d'Harry a été de dire non. Mais sa mère ne lâche pas l'affaire, donc le ton monte. Harry perd patience.

- «Et pourquoi je viendrais ? Je suis un repris de justice misérable après tout.

-Ne discute pas Harold. Richard a besoin que nous soyons tous présents.

-Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?!

-Il te paie ton appartement, je pense que c'est suffisant comme raison».

Harry la toise d'un regard rempli de dédain et de haine. Si ce n'était pas sa mère, il ne se gênerait pas pour, copieusement, l'insulter. C'est toujours son argument final.

-«Je peux lui rendre cet appart.

-Et dormir dehors comme un sans-abri ?!»

Harry pouffe mais pas d'amusement. Il est cynique. Son poing se serre, si ce n'était pas sa mère en face de lui, il pourrait porter un coup.

- «Comme si ça pouvait te déranger. Je te rappelle que c'est tout qui m'a foutu à la porte. Et t'avais pas l'air éprouver une seule once de remords. Pourquoi je viendrais ?

-Arrête de ramener cette histoire sur la table», réplique sa mère en serrant sa mâchoire.

- «Pourquoi ? Ça te dérange que je te mette face à tes erreurs de mère ?

-Non, pas du tout. Au contraire, je regrette que Richard te soit venu en aide aussi facilement. Tu aurais dû rester à la rue un peu plus longtemps. Ca t'aurait fait les pieds et tu serais peut-être pas en travaux d'intérêt généraux».

Harry ne réplique pas. Il sait déjà que sa mère n'éprouve pas beaucoup de remords mais jusqu'à présent elle ne lui avait jamais dit en face. Il sent son cœur dégringoler dans ses entrailles. Mais pourquoi est-il étonné ? Il n'a fait que la supplier depuis son enfance, supplier pour un peu d'amour, de soutien, de compréhension, d'acceptation. Toujours en vain, toujours déçu.

- «Et bien, je suis ravi de t'apprendre que je ne serai pas là demain soir. Et si ça veut dire que je dois me retrouver à la rue, alors tant pis.

-Du calme». C'est Bouboule qui vient d'arriver dans le salon. «Il n'est pas question que quiconque quitte son appartement. Harry, j'ai besoin que tu sois là. Tu pourras sauter notre prochain dimanche en famille. Cela te convient-il ?»