- Mademoiselle Oketch, ce comportement est inacceptable ! Sortez !
Je range calmement mes affaires, en essayant de dissimuler mon sourire. Il faut croire que je viens de gagner deux heures de sieste !
Je vois mes camarades me dévisager alors que je quitte la pièce. Quand je ne faisais rien, ils m'observaient, maintenant que je me fais remarquer, ils continuent. Qu'est-ce qu'il faut pour que ça s'arrête ?
Leurs yeux de prédateurs me dérangent au plus haut point. Parfois, je voudrais leur crever.
Dans le couloir, heureusement, je ne croise personne. Il ne manquerait plus que ça.
Une fois dans ma chambre, je m'allonge sur mon lit.
J'ai dû dormir 12 h, ces dernières 24 h. Je compte avoir Will à l'usure.
Dès que j'arrive dans le nuage, je recommence la petite routine que j'ai mise en place.
" Salut Will ! Comment ça va ?
Moi, ça va très bien ! J'ai passé une excellente journée. D'abord, j'ai pris mon petit déj' avec Olie, Lizzie et Christie, on a bien rigolé ! Ensuite j'ai eu deux heures de maths, et c'était assez intéressant, même si ça reste des maths bien sûr. Et ensuite, on a eu une heure de français, là par contre, c'était ennuyeux, alors j'avoue que j'ai pas mal papoté avec mes voisins de table. Ah... et on a un travail de groupe à faire aussi, et je suis avec Damien et Olie. Trop de chance tu trouves pas ? On a décidé de passer le mercredi aprem à la bibliothèque. J'espère qu'on arrivera à se concentrer et qu'on ne passera pas notre temps à rigoler...
Je continue à débiter mes mensonges à voix haute pendant quelques minutes, avec ce ton joyeux et enthousiaste que je trouve si agaçant chez Olivia. Mais je sens au fond de moi que ça fonctionne. À la manière dont l'air devient plus doux, et la lumière plus pure au fur et à mesure que je parle, je sais que Will ne peut pas s'empêcher d'écouter.
Ça fait déjà trois nuits que je fais ça, mais je ne me décourage pas, je sais que ça va fonctionner.
Quand je me réveille, j'ai l'impression qu'il ne s'est écoulé que dix minutes, mais en réalité, comme me l'apprend mon réveil, ça fait deux heures.
Olie est à son bureau, et j'entends du bruit du côté de la salle de bain.
Je me redresse doucement, ayant assez dormi pour cette après-midi. Et puis je suis en weekend depuis une demi-heure, je pourrais faire la grasse mat' demain matin.
- J'essaye, mais je n'arrive pas à comprendre.
Olivia n'a pas levé la tête de son cahier d'exercices, alors je mets un moment à réaliser qu'elle me parle.
- Pourquoi tu agis comme ça ?
- Moi ?
Même si elle ne peut pas me voir, j'ai porté la main à ma poitrine par réflexe.
- Non, le fantôme du bois d'à côté !
- Ah, ça me rassure. L'espace d'un instant, j'ai cru que tu me parlais.
- Et le pire, c'est qu'en un mois, ça doit être la phrase la plus longue que je t'ai entendue prononcer... Bien sûr que je te parle débile !
- Ah...,
Cette fois, Olivia se retourne pour me faire face.
- J'ai été gentille pourtant ! Pas trop invasive, mais là quand même ! Alors pourquoi tu continues à tous nous traiter comme des vers ?
Je ne peux m'empêcher de retrousser le nez, ce qui ne semble pas la calmer.
- Et je devrais faire quoi ?
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Le marchand de sable
FantasyDans le monde réel, Lise se sent seule, menacée, écœurée des humains. Sa vie quotidienne, elle la passe en apnée, s'accrochant à son secret pour supporter et survivre. Car Lise est une rêveuse. Chaque nuit, alors que les autres dorment, elle, a la c...