38-Lise

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Quand je rouvre les paupières, je suis presque aussitôt obligée de les refermer. Des vertiges violents m'ont soudainement assailli, et je suis prise d'une forte envie de vomir. J'entends des personnes se mettre en mouvement autour de moi, une alarme sonne.

- Mademoiselle Oketch, vous m'entendez ? Si vous m'entendez, serrez ma main.

Ce simple geste me paraît ridicule, mais quand j'essaie de l'effectuer, je me rends compte que c'est bien plus dur que je ne le pensais. Pourtant, je réussis à exercer une légère pression.

- Bien. Pouvez-vous ouvrir les yeux ?

Je cligne difficilement les paupières, sans arriver à les maintenir ouvertes.

- N'essayez pas de bouger. Vous allez doucement reprendre le contrôle de votre corps, mais pour l'instant cela ne sert à rien de forcer. Vous êtes sortis d'affaire.

J'entrouvre les lèvres pour essayer de parler, mais les mots n'arrivent pas à sortir. J'ai la gorge si sèche, j'ai l'impression de ne pas avoir bu depuis une éternité.

— Eau...

Le son que je produis est horrible. Je sens des mains sur mes épaules, et le lit s'incline, on me redresse légèrement. Nouvelle envie de vomir.

- Essayez de conserver l'eau dans votre bouche avant de l'avaler. Prenez votre temps.

Un verre est posé sur mes lèvres, et le liquide froid coule dans ma bouche. Je n'arrive pas à respecter ce que me dit la voix, et avale aussitôt. J'ai tellement soif.

Pourquoi on ne m'en donne pas plus ? Je grogne à défaut d'arriver à faire d'autres sons.

- Doucement. Il ne faut pas brusquer votre corps. On vous en donnera plus dans quelques minutes.

La porte se referme, je crois que je suis à nouveau seule. Je me concentre sur mes mains, essayant de bouger mes doigts. Au début, c'est un véritable échec, puis à force de m'entêter, j'y arrive de mieux en mieux. Je décide de faire une pause quand j'arrive à soulever mes bras et serrer les poings.

Je reprends avec les pieds, puis les jambes, et quand j'entends de nouveau la porte s'ouvrir, je suis capable de légèrement les faire rouler.

- Lise ! Ma chérie.

Je peux entendre ma mère se ruer à mon chevet. J'ai envie de la serrer dans mes bras, mais je ne peux physiquement pas, et c'est très frustrant. Cette fois-ci, j'arrive à maintenir mes yeux ouverts plusieurs secondes, assez pour voir son visage blême et ses yeux cernés qui me contemplent avec une joie immense.

Sa main me caresse les cheveux.

- Mam..

Je le sens, je pourrai bientôt refaire des phrases complètes.

- Maman. Je...

- Je suis désolée, Lise. Si tu savais le souci que je me suis fait ces deux dernières semaines. Noël a été le pire. J'ai demandé à Christophe d'aller passer quelques jours dans sa famille avec Thomas pour le ménager. Si tu ne t'étais pas réveillée, je ne sais pas comment j'aurais moi-même pu me lever pour le reste de mes jours.

- Deux semaines ?

- Tu as passé trois jours où tu étais très instable, je n'ai pas pu fermer l'œil pendant 72 heures, de peur qu'il ne soit arrivé un drame à mon réveil. Ensuite, tu as commencé à te stabiliser, mais ton état ne s'est vraiment amélioré qu'il y a trois jours. Un miracle d'après le docteur. Il soupçonnait que tu puisses te réveiller cette semaine.

Le marchand de sableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant